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14/04/2011

Comment peut-on encore être libéral aujourd'hui ?

Leviathan.jpgRentré de New-York ébloui par la ville, je m'offre le luxe de quelques jours de transition semi-laborantine à Nice. L'air méditerrannéen m'inspire des réflexions perplexes sur l'avenir du libéralisme (la lecture de Jacques Généreux aussi...) alors que je reprends la lecture des journaux français, délaissée pendant 15 jours.

J'insiste bien sur "libéral", pas "de droite". Je comprends tout à fait qu'on soit de droite, comme je comprends que l'on aime Enrico Macias ou Jean-Marie Rouart, Alexandre Arcady ou Jeff Koons; c'est une affaire de goût, quoi. En revanche je ne comprends pas qu'il se trouve encore une majorité écrasante de notre classe politique pour être libérale. En France, j'y range évidemment toute la droite donc, mais également leurs alter égo dit "progressistes", en premier lieu desquels, leur deus ex machina priapique, DSK, mais également une large majorité du PS, de Moscovici à Valls; once social-traître, always social-traître...

Comment peut-on être encore libéral et s'exatsier sur la politique de la vitre brisée de NYC qui a mis fin à la délinquance quand on sait qu'elle a surtout consisté à décupler les moyens investis dans les forces de police et repousser tous les délinquants à Newark, transformant cette ville en un dortoir meurtrier ?

Comment peut-on être encore libéral en regardant Fukushima où un argentier grimé en entreprise énergétique, TEPCO, a soigneusement ignoré les mises en garde des instances de surveillance au motif spécieux que la sécurité coûte ? Nous n'irons plus au Sushi bar...

Comment peut-on être encore libéral en constatant avec une chaleur de calculette chromée notre courbe de chômage s'élever invariablement alors que les salaires des dirigeants suivent la même indécente montée pour les faire premier d'Europe ?

Comment peut-on, surtout, être encore libéral, en lisant le reste des journaux: Renault, Médiator de Servier, Carrefour, drame de Villepinte, pas une affaire où, de près ou de loin, messieurs Rawls, Hobbes, Friedman et Hayek ne soient pas coupables...

Alors, comment ? Avançons deux hypothèses.

La première, la plus Mainstream. Par souci de sécurité. Je développe à peine, tant les thèses sur la gouvernance par les peurs et l'ignorance profèrent avec une insistance et un unanimisme quasi suspect. Bon, oui, pourquoi pas, mais j'en ai un peu soupé de celle-là... Je la trouve un peu simpliste. Cela n'explique pas la permanence du libéralisme. Car, certes, les new-yorkais vivent à l'abris comme les neuilléens et les accidents de centrale ne sont pas quotidiens. Mais le vote rationnel de ceux qui sont protégés par le libéralisme ne constituerait pas 10% du corps électoral. Alors ? Alors Madelin et Jean-Marc Sylvestre vous répondront que c'est là la beauté et la puissance du système: donner à chacun envie de s'élever et d'intégrer les 10%, ce qui se transforme en 52% ou 53% dans les urnes... Mouaif...

La seconde, moins exposée mais brillamment défendue par Thomas Philippon dans le capitalisme d'héritier: par intérêt. L'intérêt de la caste dirigeante de défendre ses propres intérêts. Intérêts court termistes peu compatibles avec l'écologie, intérêt de bonus et d'argent facile peu compatible avec la justice sociale et etc ad nauseam... Là, pour le coup, les thèses d'entrisme fonctionnent: les élites sociales se reproduisent de plus en plus et les marginaux bien nés non libéraux sont quantités négligeables (dont le castor, mais mes fréquentations scolaires m'ont rapidement inculquer le sens de la minorité...) et les quelques mal nés réussissant à pénétrer le cercle fermé de l'élite adoptent bien vite les us et coutumes et mode de pensée des libéraux de peur de se déclasser... Et voilà comment le libéralisme s'est constitué une carapace quasi indestructible....

Pour preuve de la résistance des systèmes: toutes les business schools se sont dotés de fillière entrepreunariat responsable, mais elles ne rassemblent à chaque fois que 5% des effectifs. Hier, la première promotion "diversité" de l'ENA, rendait son verdict: 15 candidats modestes présentés, 15 recalés... Rien à ajouter.

Demain, nous reprendrons du dessert puisqu'on est foutus, mangeons trop...

Commentaires

Explication 2bis : le libéralisme par lâcheté.
Pour les élites politiques, j'entends.
En gros : depuis tant d'années de dogme libéral et de "tout-pour-la-croissance-du-pib", tous les instruments de pilotage sont prêts ; et en plus, le manuel est simple. Alors plutôt que de changer de modèle, on prend celui-la.
(exemple : quand dans les années 90 une majorité de gouvernements socialistes sont élus en Europe, quelle politique européenne adoptent-ils ? La même qu'avant. Pas seulement par social-traîtrise ; peut-être aussi parce qu'ils étaient dépassés par l'enjeu, et se sont laissés dicter leur politique par les héritiers de Philippon)
Du côté des citoyens lambda, on appellera ça le libéralisme par lassitude : après tout, ils ont bien fini par faire comprendre qu'il n'y avait que ça de possible.
C'est ce 2e point qui pourrait bien basculer. (mais on n'y est pas encore, hein)
Libéralement,

Écrit par : secondflore | 14/04/2011

Chèr Bisseur, tout cela appelle quelques dix de der et fuir la pression en l'absorbant, sans faux cols !

Écrit par : Castor Junior | 14/04/2011

A part les 10% du corps électoral qui ont intérêt à ce que le libéralisme perdure, les autres, à chaque élection, se tirent une balle dans le pied… Résignation, endoctrinement, parce que ça fait du bien d'avoir mal? T'aurais pas du chocolat, il paraît que c'est bon contre la déprime…

Écrit par : Yola | 17/04/2011

J'en aurais bien ramené mais ça fond dans les valises, j'ai ctivement lutté...

Écrit par : Castor Junior | 17/04/2011

Rawls ne peut en aucun cas être coupable. Rawls n'est en aucune façon un pur libéral. Il l'est en ce sens qu'il est américain. Il est strictement pour la régulation et l'interventionnisme.

Quant à Hobbes, c'est pour le moins discutable. Mais sa façon de concevoir l'Etat comme d'un morceau qui s'imposerait à l'homme plus que l'homme ne le choisirait me laisse plutôt croire qu'il admettrait plutôt l'intervention dans l'économie du souverain ou de n'importe quel organisme. L'Etat est un choix négatif chez Hobbes, c'est un choix par contrainte. Par suite, il n'est aucunement libéral au sens des JS Mill, Friedman et consorts.

Écrit par : Atlas | 20/04/2011

Je te suis sur Hobbes... Mais je relance sur Rawls, trop de types de gauche se sont contentés de la lecture idiosyncrasique, "c'est un ricain; mais dans le fond, il n'est pas libéral" sans voir qu'il défend un Etat facilitant les forts et laissant les faibles se demerder... Chomsky aussi est ricain et pas libéral pour autant. Les amateurs de casinos qui prônent la régulation c'est comme les alcoolos qui te disent qu'un verre d'eau tous les 5 verres c'est bon, je me méfie !

Écrit par : Castor Junior | 20/04/2011

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