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07/08/2011

Laissons les fichiers à Excel

Bertillon_fichier.jpgOublions quelques instants les tracas financiers et les périls mondiaux sur les AAA. Après tout, cela reste 2 A de moins que les andouillettes, pas de quoi pavoiser. Conseillons simplement à tous ces prestidigitateurs de dettes publiques de (re)lire Pascal et ses pensées sur l'infiniment grand et l'infiniment petit. Ces démences extrêmes lui avaient tourné la tête au point qu'il fit le fameux pari que l'on sait à la veille de sa mort. Tourneboulé par l'infiniment grand des dettes publiques qu'ils ont crée et de l'infiniment petit de ce qu'ils sont prêts à faire payer aux coupables, espérons qu'eux aussi seront pris de vertige et qu'il y aura une file d'attente comparable à celle du péage de St Arnoult ce soir devant les monastères...  

En attendant, pendant que tout le monde a les yeux rivés sur les écrans de Dow Jones, CAC 40 et autres indicateurs, mes chouchous de la droite populaire continuent de faire oeuvre utile avec leurs propositions pour 2012. Dernière en date, issue du cerveau du groupe, Thierry "the brain" Mariani: créer un fichier des allocataires sociaux. Si si. C'est du premier degré. Il développe même tout ça ici :

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/08/07/thierr...

J'aime beaucoup cette idée, "rien que" le RSA, c'est 2 millions de foyers et 4,26 millions de personnes, chiffres allant crescendo la crise passant par là. Et on nous assure, la main sur le coeur, qu'on va payer des types à temps plein - pour un coût non chiffré d'ailleurs - pour aller vérifier sur leurs tableurs Excel que 3 margoulins ne demandent pas le RSA dans 2 départements en même temps. Avec, évidemment, la possibilité de sanctionner le brave couple qui déménage pour tenter d'aller chercher du boulot dans un autre département en oubliant -ça arrive- de se désinscrire du RSA dans un département tout en pensant évidemment à s'inscrire à l'arrivée...

Depuis le XIXème et Bertillon, pas le marchand de glaces, celui qui a fiché tous les délinquants de France, http://www.criminocorpus.cnrs.fr/bertillon/classic/... la France est bouffée par cette défiance extraordinaire. On suscpecte plus que dans d'autres pays. Nous sommes les champions du monde de la peur de la corruption, de la triche, de la fraude, de la gruge. Or, la sociologie des gouvernants fait que à toute guerre contre la fraude, on choisit la plus facile et la plus vaine, celle contre les humbles. Bien que la Cour des Comptes relève qu'à tout prendre, une lutte contre la fraude fiscale rapporterait 6 fois plus (et qu'au niveau individuel, sans compter les entreprises...) on continue de ne pas écouter la rue Cambon. 

Pourtant, cette défiance à un coût très très élevé pour la communauté comme le montrent très bien Algan et Cahuc dans La Société de défiance, un livre détesté par Rosenvallon et la 2ème gauche qui me le rend d'autant plus sympathique, mais faites-vous une idée, l'un des deux bonhommes en parle très bien là : http://www.les-ernest.fr/yann_algan  

Alors, évidemment, Mariani ne lira pas Algan pendant ses vacances qu'il passera avec Lionel Luca qui lui expliquera qu'il faut interdire la grève le jour des départs en vacances; le même Luca lui expliquera comme il l'a fait sur France Inter qu'il est fier d'être immigré roumain et que ce n'est pas comme les roms. Les premiers sont assimilables par la France, les seconds non, évidemment. "Mais comment faire la différence entre les voleurs de poules et ceux qui apportent des poules ?" demandera The Brain. "Bah, faisons un fichier" répondra Luca. CQFD...

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