Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/08/2011

Portrait de la capitulation financière en nouveau Munich

munichnew.jpgPour ceux qui ont profité de l'été pour lire "le XXème siècle pour les nuls" et pour tous ceux qui n'en ont évidemment pas besoin, vous aurez tous reconnus sur la photo ci-contre nos champions souriants naturellement pour deux, plus crispés pour deux autres.

Vous vous souvenez, l'allemand nerveux et l'italien faussement rigolard, qui avaient forcé Daladier et Chamberlain à de peu glorieux accords. On avait alors parlé de "lâche soulagement". Depuis la fin de la guerre froide et l'impossibilité de traiter son adversaire de "pourriture impérialiste" ou de "vipère stalinienne", le munichois occupe une place de choix dans l'injure.

Libération en raffole et en colle un ou deux par numéro "cet accord munichois grave dans le marbre le sort des salariés précaires, qui finiront victimes des délocalisations" ; "Aubry et les choix munichois des courants". Avec tout ça, on s'éloigne un peu du sens originel qui consiste en des concessions très larges (les Sudettes) à un détraqué en lui demandant de ne pas agresser les gentils démocrates. On connaît la suite. Dans un monde apaisé entre les pays développés (les autres s'entre-tuent, mais se souvenir de la règle de Manille : 10 00 sur cette île valent moins qu'un seul dans le XVIIIème à Paris...) nos grandes batailles et espérances sont financières et la situation actuelle ressemble à un nouveau Munich

Triste destin pour les plus hargneux des hommes nés après 1945, ne pouvoir être eux aussi des spadassins adulés, des héros de guerre. La paix aura duré une grosse génération, mais dès les années 1980 , les plus excités d'entre eux ont refusé l'armistice, se sont armés de leur école de commerce ou d'ingénieur et ont rejoint les rangs des "nouveaux conquérants" comme était sous-titré le magazine Challenges en référence aux hommes d'affaires... Ils sont allés sur les bourbiers des salles de marchés et ont triomphé dans une guerre aveugle. Les généraux de droite privilégiaient historiquement cette théorie, mais, fait nouveau ils étaient rejoint par l'écrasante majorité de l'Etat-major socialiste. Aux grenades immobilières, ils répliquèrent par des tirs de mortiers de produits dérivés. Voyant que l'ennemi social bougeait encore, ils ont frénétiquement déversé des monceaux d'armes chimiques qu'ils ne maîtrisaient plus ; des subprimes, de la spéculation sur les matières premières, le climat, les nouvelles technologies, l'éducation des enfants... Mais les gazs chimiques de leurs propres armes se retournèrent contre eux et ils étouffèrent et tombèrent inanimés en 2008. 

Les arbitres étatiques vinrent siffler la fin de la partie. Ils agitèrent le drapeau blanc de non agression et prodiguèrent les premiers soins. Les troupes étaient salement amochées. Mais les arbitres les sauvèrent avec une générosité inouïe en leur donnant leur propre sang. En retour à cette incroyable bonté, ils demandèrent une seule chose : une fois rétablis, les nervis devaient ne pas réattaquer, eux mêmes n'y survivrait pas d'ailleurs.

Les arbitres avaient pourtant d'autre choix que de sauver ces bêtes. L'un, sadique : abattre ces tigres fous et inéducables de la finance. Mais on ne fait pas cela chez les démocrates. Alors, les désarmer, leur couper les griffes en quelque sorte. Mais, en bon rousseauistes, ils firent confiance... A Munich aussi, ils firent confiance avec la même absurde crédulité dans la bonté des fauves. Demandez à un tigre de ne pas planter ses crocs dans un gnou ? Mais non, il le lacère, c'est dans sa nature. Comme le scorpion qui pique la grenouille au milieu du point d'eau. Alors les spadassins se sont relevés, groggy quelques mois ils tirèrent encore plus à l'aveugle en vidant leurs chargeurs sans trop savoir ce qu'ils contiennent : de la spéculation sur les dettes publiques, des bombes à fragmentation sur les finances publiques. Tout est question de manipulation et de bluff dans les deux camps, mais les snipers n'en ont plus pour longtemps à vivre. A ce rythme, ils arrêteront de tirer quand toute la planète sera à terre. Car leurs balles, cette fois, touche les arbitres qui vont avoir plus de mal à les empêcher de perpétuer le massacre tant ils sont anémiés par leur sauvetage récent.

Heureusement, comme les super-héros, les arbitres sont animés par un pouvoir magique: la volonté humaine. Avec ce super pouvoir, ils peuvent se relever le corps criblé de dettes et tordre les armes des tigres des marchés. Déjà, certains alliés objectifs des tigres donnent des trucs aux arbitres:

http://www.liberation.fr/c/01012354331-c 

Buffet est chaud (pardon...) mais il n'est pas le seul. Qu'un seul vienne et les autres suivront et les encore autres, il ne faudra pas leur laisser le choix en allant récupérer le grisbi là où il est. Panser ses plaies qui affecte des centaines de millions d'innocents et les protéger en piétinant les quelques milliers de salopards qui tirent à l'aveugle. Déjà, au XIXème siècle, Pétrus Borel désignait la bourse par cette expression "le casino des fous". Quand on voit ce ques ces établissements font aux sains d'esprit, la méfiance aurait dû être de mise.

Alors, quitte à piocher dans l'histoire, on aimerait pouvoir réécrire la fable des Etats et des marchés en nouveau Yalta. Ouaip, comme disent ceux qu'il faut s'y mettre Yalta faut qu'on...

 

 

Les commentaires sont fermés.