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19/09/2011

Sexe (forcé), mensonges (concertés) et vidéo (sur TF1)

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Ha ! La magie de la télévision. A l'heure du direct je regardais nos bleus se prendre une dérouillée par les espagnols. En rentrant, triste comme un menhir, je me suis rappelé que par obligation professionnelle, je devais me coltiner le mea culpa calculé du priape de washington. Si vous avez 23 minutes à perdre, vous pouvez la voir là: 

http://videos.tf1.fr/jt-we/l-interview-de-dsk-au-20h-l-integrale-6712566.html 

C'est au-delà de mes espérances. Un monument de malhonnêteté intellectuelle, l'empyrée de la persuasion clandestine. Passons sur ce qui est dénoncé par tous et clair comme de l'eau de roche, le dimanche ronronnant, TF1, Claire Chazal copine de Sainclair. Bon. Regardons les tics de l'homo erectus erectus erectus...

- D'abord les silences. Ca fait chic. Plus aucun politique ne se permet ce luxe, puisqu'à l'heure des interviews de 6 minutes, chaque silence est un message à faire passer en moins. Doumé a négocié 23 minutes de temps de parole. Ces silences sont autant d'aveux d'innocence.                  

- Ensuite l'ordre: Sofitel, Banon puis la primaire enfin la Grèce. Une sorte de montée en puissance : on te fait expier, on botte en touche on t'amène à rien dire mais rappeler que t'es important et on te fait briller... Si avec ça c'est pas lui qu'a concocté le plan. Il impose l'agenda de l'interview comme d'autres imposent l'agenda médiatique : parler d'abord de la délinquance, puis de l'insécurité, puis du danger de l'islam et quand personne n'est plus devant la télé, des derniers chiffres du chômage...

- La gestuelle : mine renfrognée, pognes serrées, costard sombre. Il brandit le rapport du procureur à plusieurs reprises comme pour matérialiser des évidences inconnues de tous. Chazal opine gravement devant un rapport que personne n'a lu, mais à voir leurs mines contrites à tous les deux, on imagine que le document papier contient les preuves de l'innocence de DSK. C'est beau comme à l'époque de l'ORTF...

- Mais surtout, la grande force de cette interview c'est l'absolue absence de relance de la part de Chazal: DSK lui dit bien qu'il a sauté une femme de chambre pendant son service à l'hôtel, sans la payer et ça n'étonne personne, on passe à la question suivante... Chaque fois que DSK avance des arguments peu fiables, Chazal sourit et passe à autre chose. Dont acte. Il dit qu'il a honte, qu'il sait qu'il a fait étalage d'un fric indécent et qu'il a employé la moitié du PIB du Congo pour chercher des poux dans la tête d'une femme de chambre, mais surtout ne pas le relancer sur l'extravagance des moyens pour un mec qui est sûr de son innocence.

- Pour les questions plus gênantes, DSK a appris de Sarko à manier la "cornerisation", comprendre par là mettre l'intervieweur dans un coin dont il ne peut s'extraire par une rhétorique par aporie proche du ridicule mais avec un journaliste servile, ça passe. Là, l'exemple grotesque est l'histoire du logement : "je n'avais pas le choix. On avait pris un 20 m2 (mais bien sûr...) mais comme on ne voulait pas de nous, nous avons dû nous rabattre sur ce 600 m2, pour des raisons de sécurité, nous n'avions pas le choix: c'était ça ou Riker's Island". Grotesque, ubuesque, mais ça passe. Pourquoi se priver ? 

Au final, le parallèle est troublant : DSK, comme Sarkozy aime l'argent, les médias et manie une mauvaise foi teintée de stratégie de joueur de bonneteau. Tous deux ont une si haute opinion d'eux mêmes qu'ils arrivent toujours à s'inventer des complots contre eux pour penser qu'on veut les abattre sans jamais reconnaître vraiment leurs torts: dire "c'est une faute morale" tout le monde le fait devant un curé... Nous l'avons franchement, franchement, échappé belle. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Dimanche soir, je suis allée voir un film de Nani Moretti ;-)
Merci pour le compte-rendu.

Écrit par : Cecile | 19/09/2011

J'aurais préféré 23 minutes d'interview de Piccoli, pour sûr...

Écrit par : Castor Junior | 19/09/2011

Si tu le permets, ce que tu dis me semble être le plus juste et judicieux décorticage d'une interview que j'ai lu depuis hier soir.
Merci de ton éclairage (après, on peut toujours soupeser, discuter, échanger, et onfronter nos avis sur le degré d'honnêteté de la personne où non ).
Merci Castor.

Écrit par : MHPA | 19/09/2011

Bah, écoute, dis comme ça, je ne peux qu'acquiescer (et rougir)

Écrit par : Castor Junior | 19/09/2011

Je n'ai pas 23 mn à perdre pour voir cette moligasse de Chazal caresser dans le sens du poil cet énergumène pédant de suffisance scéno-obscène... quand je vivais en France, ma télé ne captais pas TF1. Par contre j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ton analyse.

Écrit par : LaMorueBlogueuse | 19/09/2011

@ Blogeuse: bienvenue ! Sinon, c'est par obligation professionnelle que j'ai regardé, je m'en serai bien dispensé et d'ailleurs je vis en France sans télé (vive Internet !)

Écrit par : Castor Junior | 19/09/2011

DSK c'est le Spaggiari du cul, sans armes sans haine sans violence...
Son plus grand casse mériterait aussi de rester dans les égouts

Écrit par : sdr | 19/09/2011

1. Indépendamment des faits qui ont fait chuter l'homme, l'unanimité des commentaires est également confondant. J'aimerais prendre sa défense, maintenant que je sais qu'on ne l'aura pas en 2012. Vous vouliez qu'il dise quoi au juste ? ?????????????????????????????????????????????????????????
Il s'est fait pincer la main dans le sac ????

2. la dissection (pardon, le décryptage), juste ou fausse, ne valide pas la critique en filigrane qui parcourt le document.

3. Dans l'article, rien ne traite des mots qu'il a prononcés, mais uniquement de la mise en scène.
Les silences. Argument rhétorique. Ok.
L'ordre: il ne pouvait pas faire la Grèce, l'euro et les faits divers à la fin. ça c'est l'ordre d'un homme politique établi. Ce qu'il n'est plus.
la gestuelle: Euh, comment dire, on s'en fout. ya rien à lire.
Chazal : on s'en fout, ce n'est plus DSK. Le journaliste complice, on a passé l'âge.
Cornerisation sur un exemple un peu bancal.

A aucun moment tu ne relèves ses propos... Peut-être parce qu'il n'a pas trop mal répondu, et c'est ça qui te fait chier, en avouant quasi cash... qu'il y a eu faute morale et qu'il y a eu mouillette.

Après cet aveu...

Il ne reste plus que l'affaire de Sofitel et il laisse la piste ouverte. Il dit qu'il n'a pas d'élément... t'en as d'autres...

Il a dit qu'il y avait eu mouillette et faute morale. L'affaire est close. Et en plus, il a même mentionné l'aide, l'attention, l'amour, le maternalisme de madame.
Spaggiari du cul ou Priape de Rikers, il a avoué et sans forme. Tu dis que c'est théâtralisé. Faut quand même pas déconner. Il n'est pas venu avec des marionnettes.
En prolongeant l'argument, tu vas finir par dire qu'en parlant français, il a voulu se faire comprendre, et donc créer de l'empathie avec l'auditeur. Faut arrêter ces débilités de la fausse analyse.
Prends 100 mecs devant un 20h en train de parler de leur "rédemption" chacun utilisera des silences. Il contrôlait ses mots. Et c'était bien un minimum. Il faut pas toujours voir le diable derrière une queue !

Écrit par : atlas | 19/09/2011

@ SDR: Spagiari, comparaison n'est pas raison, et pourtant tu as raison !

@ Atlas : "Mouillette" ? 36 15 frustré, phallocrate misogyne puceau ? "Mouillette", c'est confondant... Et manier les silences et vomir 3 malheureux EDL (éléments de langage) ce n'est pas bien parler... Avec un ou une journaliste en face, il ne tenait pas 3 secondes...

Écrit par : Castor Junior | 19/09/2011

"DSK lui dit bien qu'il a sauté une femme de chambre pendant son service à l'hôtel, sans la payer et ça n'étonne personne"
euh ? pudibonderie de votre part ?

Écrit par : ema | 20/09/2011

Bah non, pas pudibonderie. Le "personne" renvoi en réalité à Claire Chazal... Une sorte de synonyme, en somme.

Écrit par : Castor Junior | 20/09/2011

Les commentaires sont fermés.