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07/12/2011

Peine de mort: et si aujourd'hui Sardou battait Dabadie & Julien Clerc ?

'Oléans_appuyé_à_la_guillotine_et_brandissant_la_tête_de_Louis_XVI_-_gravure_anglaise.JPGLa génération Y, les 18-35 ans, est parée de toutes les vertus possibles, à écouter le MEDEF. Cela mérite suspicion.

J'imagine que la peu philanthrope au-delà du raisonnable Laurence Parisot clame son amour des jeunes d'aujourd'hui car ils sont "souples" "adaptables" et "connectés". Comprenez par là, résignés à la perspective de devoir être précarisés et opposés les uns aux autres, dans une déferlante plus violente que celle dépeinte par Marx dans sa parabole de l'armée de réserve qui relève tristement de la prétérition...

Hormis l'ardeur à la tâche, on prête à cette nouvelle génération des idées éclairées sur les préférences sexuelles, les mélanges culturels et autres avancées que les crétins rubricards ou trendsetters rangent dans la case "question sociétales"... Et bien chers docteurs sondagiers grimés en sociologue, je puis vous l'affirmer sans bouger les sourcils, vous vous gourez au-delà du raisonnable...

Gageons que, sur les questions de sexualité, les opinions pourront évoluer avec le temps quand ils comprendront que Gérald, ce mec si cool mais, dont la nana n'était jamais dispo pour sortir et qu'il partait rejoindre avant la fin de la soirée, en fait... Difficile de se déjuger pour eux, et ne blâmons pas Gérald, difficile de s'affirmer et de sortir de la norme. Idem pour nombre de thèmes clivants où le groupe rassure. Qui peut sincèrement s'affirmer communiste à 18 ans aujourd'hui ? Ca n'existe plus si on veut la paix...

En revanche, il est un thème pour lequel l'évolution est moins évidente ; la peine de mort. Car l'expérience ne vaut pas jugement. On peut se prononcer hors connaissance de cause. "Cela sert-il à quelque chose ou pas ?". Voilà le seul débat qui vaille et je croyais la réponse évidente... Pour tester les capacités rhétoriques de mes étudiants, je leur ai demandé de se prêter au jeu, en espérant que l'un d'entre eux aurait le courage ou la malice de jouer l'avocat du pour. Malheur à moi, ils étaient une légion et pas vraiment étrangère... Si le vote avait eut lieu dans cette salle de classe rassemblant de jeunes électeurs, assemblée complètement mixte, il n'est pas dit que la loi Badinter serait toujours en vigueur. C'était avant hier et j'en suis toujours K.O..

On s'habitue à tout, à la détestation de l'autre, à la peur panique, à ceux qui érigent des lignes Maginot, des murs de Gaza et autres clôtures contre l'Autre. Triste mélopée de l'ultra moderne solitude où l'on n'est triste seul mais toujours moins mal accompagné que si c'est par l'autre... Ca, je m'y suis acclimaté à défaut de comprendre. Mais que l'on trouve bénéfique, logique, légitime, de reprendre la vie de quelqu'un ? Ca, les bras m'en tombent...

Pourtant, tout a été dit là, avec l'immense talent de Jean-Loup Dabadie.

http://www.youtube.com/watch?v=QANmYI9N3kY 

"C'est du sang d'homme, c'en est encore. C'en est encore". Cela me semblait être la plus grande évidence. Celle pour laquelle, avec nos pouces opposables et nos cortex frémissants nous avions dépassé le stade guttural, le stade de foot, le stade barbare et obscur. A quoi ça sert ? Seule question qui vaille encore... Comment croire que l'extermination de celui a causé l'impardonnable ramène qui que ce soit ? Je ne connais qu'un imbécile pour avoir bramé qu'il était pour http://www.youtube.com/watch?v=9FJUpNf215A 

Comment en est-on arrivé à ce qui ne résiste pas à la raison ; Sardou mettant Dabadie K.O. ? 

J'hasarde, ce qui a changé depuis 1981, c'est l'hyper empathie et la volonté exacerbée de diffuser du compassionnel, l'idéologie du fait divers... La place occupée par les chiens écrasés ne cesse de croître.  Pradel et Hondelatte, journalistes au fond assez médiocres (avec circonstances aggravantes pour Hondelatte qui s'essaye à la chronique culturelle avec une pauvreté d'esprit que l'on ne trouve guère que chez les experts consultants engagés par Canal pour justifier les millions d'euros investis sur la Ligue 1) ne devraient pas avoir le dixième de l'audience dont ils jouissent pour nous infliger les poubelles de l'âme humaine et pourtant ils sont starifiés comme jamais...

Au lieu d'une société adulte qui se pose la question des désaxés, des fous, de l'injustifiable et de ce que l'on peut envisager pour faire résilience, on préfère revenir en arrière, à la loi du Talion. Certains jeunes m'ont dit que Saddam Hussein condamné à mort nous avançait, c'était un minimum eu égard à l'ardoise hémoglobinique du bonhomme et si on avait pu attraper Hitler, hein... J'en suis resté coi. Oui ? Si on avait attrapé Hitler, quoi ? La face du peuple juif en eut été changé ? Cela aurait ramené tous les tziganes, les homos, les russes, les communistes, les pas comme il faut et tous les résistants ? Ca aurait soulagé quiquonque ? Est-ce un progrès de voir cette scène folle où les manifestants lapident et piétinent Mussolini avec la fureur d'un rottweiller devant un steak ? Ne sont-ils pas plus souillés et moins insérables ceux qui s'abaissent à assassiner l'assassin ?

Ce matin, au cours d'un séminaire passionnant sur les pièges des discriminations nichés dans les CV et les alternatives existantes, un docteur en psychologie sociale m'a confié après mon récit catastrophé que seuls 10% des Français étaient résolument pour et 10% résolument contre. Le reste bouge au gré des questions, et surtout des éventuels événements. M'est alors revenu en mémoire une discussion avec mon ami l'Albatros où nous nous disions que l'actuel locataire de l'Elysée était foutu de rétablir la peine de mort après une mort de policier violé ou quelque chose d'approchant... Elle qui est tant vilipendée (et à raison !) remercions pour une fois l'Europe de nous protéger de cette avanie. C'est bien le seul truc à sauver du traité de Lisbonne...

Demain, nous verrons bien, mais en attendant pour oublier restent les précieux conseils de l'ami Thiéfaine http://www.youtube.com/watch?v=YbvVTE2FNEs 

Commentaires

Castor, on voit bien que tu étais trop petit en 1981, sinon tu saurais que rien n'a changé en France. La population était POUR la peine de mort lorsque le Parlement a voté CONTRE. En 2011, la population est toujours POUR.
Et j'affirme que bien qu'ayant été plus qu'assidue devant l'émission d'Hondelatte, "Faites entrer le psychopathe" ; je n'ai jamais changé d'opinion. Je suis CONTRE.

Écrit par : Cecile | 07/12/2011

Ma Cécile, je sais lire des livres d'histoires, je sais qu'ils ont pris la décision contre l'opinion dominante, évidemment ! Je pensais seulement que 30 ans après, l'idée avait son chemin, bah que dalle...

Écrit par : Castor Junior | 07/12/2011

S'il y avait eu un référendum en 1981, je ne suis pas sûre que la peine de mort aurait été abolie. S'il y en avait un aujourd'hui, je ne suis pas certaine qu'elle ne serait pas rétablie. Il y a en effet pas mal de gens qui en principe sont contre sauf en cas de…, et de… Je pense que le combat n'est pas définitivement gagné, il faut rester vigilant, essayer de mobiliser, et ce n'est jamais évident: l'exécution de Troy Davis n' pas ému plus que ça. Je suis membre d'ECPM, alors bon je m'emballe un peu sur le sujet!

Écrit par : Yola | 07/12/2011

Il y a des emballements sains ! Je suis cerné par des adultes responsables, il est vrai que sur la question un référendum laisserait craindre le pire...

Écrit par : Castor Junior | 07/12/2011

Professeur de français en 3°, j'essaie chaque année d'amener ce sujet quand je travaille l'argumentation. Les faits sont les mêmes auprès des tout-jeunes et je vous remercie de m'avoir fait comprendre qu'effectivement ils sont dans une hyper empathie. Je pense de plus qu'il y a encore et toujours un travail à opérer sur la compréhension de ce qu'est la justice, de sa différence avec la vengeance, de ce qu'est une victime, de sa différence avec quelqu'un qui souffre. Autant d'idées de nos jours (et peut-être de tous temps) englobées dans des concepts nébuleux.

Écrit par : Christophe | 07/12/2011

Tout à fait d'accord avec le dernier commentaire, je suppose que l'idée de l'abolition est encore et toujours une longue bataille d'arguments à développer, alors que, "naturellement", l'idée d'une vengeance aurait simplement tendance à venir toute seule.
J'ai souvenir du collège 5eme ou 3me, je ne sais plus, et ma prof de lettres qui nous avait posé la question. le gros des élèves ne savaient pas trop, mais plus nombreux étaient ceux qui étaient carrément POUR, aveuglément, parce que c'était comme ça, que ça suffisait, que ces salauds gnagnagna, etc...
Peut-être avais-je été le seul à me renseigner un peu et j'étais tombé sur un livre d'Emil Polak, avocat, qui expliquait pourquoi lui était contre, et ramenait sur le domaine de la réflexion tout un tas d'arguments (en plus d'être simplement civilisé).
J'avais pu émettre en classe, contrairement au gros de mes camarades, une voix différente et des éléments peut-être de sagesse et d'intelligence.
je pense que c'est toute cette réflexion, ce travail d'argumentation et d'approfondissement du propos qui peut faire pencher la balance. mais les profs, aujourd'hui, ont-ils vraiment le TEMPS, de faire un travail de fond ?

Écrit par : MHPA | 08/12/2011

@ Christophe & MHPA : merci pour le soutien ! Par ailleurs, le temps devient une ressource rare, mais il faut le prendre...

Écrit par : Castor Junior | 08/12/2011

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