25/12/2011
Sciences-Po, ennemi public n°1, est-ce bien raisonnable ?
En cette fin d'année, ce n'est pas l'esprit de noël qui anime une curieuse coalition hétéroclite qui tente de nous faire croire que sciences-po est la pire des saloperies qui gangrène le modèle social français.
Ca a commencé par une attaque en règle sur Mediapart de Jade Lindgaard, puis a enflé par un piratage du mail de Descoings où le faussaire faisait dire à tous les étudiants qu'il démissionnait et le 24 décembre un haut conseiller du gouvernement, courageusement anonyme s'est fendu de cette ridicule tribune sur Atlantico : http://www.atlantico.fr/decryptage/sciences-po-paris-elit...
Je ne suis pas certain d'être un thuriféraire de la direction de la rue St Guillaume, notamment pour le côté comm' à outrance, mais tout de même, peut-on être sérieux deux secondes ? Le début de l'article est charmant: "alors que des révélations sur les rémunérations de ses dirigeants ont fait apparaître un système extravagant de super bonus dignes des traders". Voilà voilà... Pour mémoire, il y est dit que Richard Descoings gagne 23 000 euros par mois et que les membres du conseil d'administration touche 12 000 à 15 000 euros par an. Des traders de la banque de Fangy en Bresse alors... D'accord, Descoings pourrait s'aligner sur un salaire de ministre à 15 000 euros par mois, mais cela ne changerait rien au fait qu'il a, tout en triplant son nombre d'étudiants, réussi à tripler le % (c'est à dire numériquement multiplié par neuf ou quelque chose d'approchants) d'étudiants d'origine modeste. Dans le même temps, toutes les ESC ont stagné ou limite baissé, alors bon... Le directeur de l'ESC Marseille, bonne école mais pas HEC, touche 20 000 euros par mois, donc bon, pourquoi mégoter sur ce salaire là ? Parce que sciences-po reçoit de l'argent public ? Là, ça se défend un peu plus, mais toutes les attaques ont porté au contraire sur une mesure de justice sociale, sciences-po faisant payer les frais d'admission en fonction des moyens des parents. Ces connards de l'UNI sont allés s'étrangler qu'on les taxaient pour payer les parties fines de Descoings. Bonjour le niveau... Que Bernard Ramanantsoa (HEC) rende public son salaire, bonus compris ce doit pas être loin du million et on en recause.
L'autre attaque est bien plus pernicieuse et infiniment plus grave. A la fin de l'article on trouve ceci: "SciencesPo doit s’affranchir de l’illusion qu’il suffit de diversifier les origines sociales d’une élite pour en garantir la pluralité et la représentativité". "Il suffit" ? J'espère que notre ami le corbeau ne dispense pas ce genre de conseil au gouvernement car le mal, le vrai et absolu se trouve là : plutôt que de faire de l'affirmative action comme nous le propose le président depuis cinq ans en organisant une loterie de la misère où il sauve une black (Yade) une beur (Dati) une prolo (Morano) pour la plupart du temps les laisser retomber, l'enjeu ne peut être que de réinstaurer du brassage là où l'endogamie confine au clonisme...
Le modèle proposé par sciences-po n'est pas la solution idéal assurément, mais pour l'heure nous n'avons rien de mieux. Aussi, ceux qui tirent avec une jubilation évidente sur Richard Descoings plus que sur l'école elle même ferait mieux de demander audience au directeur pour régler ça en privé...
Demain, nous reviendrons à des considérations plus nobles comme un calcul du nombre de calories ingurgitées cette semaine quand comme le castor, on a réveillonné 3 fois...
16:19 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
SciencesPo ennemi public n°1 sûrement pas. Mais Richard Descoings, Tartuffe n°1, ça se discute.
1) Le Richard Descoings qui touche 300 000 euros par an est le même qui donne des leçons de morale "sociale" aux dirigeants des autres institutions d'enseignement. Alors que les présidents des meilleures universités de France sont payés quatre fois moins que lui.
2) Vous écrivez que "les membres du conseil d'administration touche (sic) 12 000 à 15 000 euros par an". Vous confondez la rémuneration annuelle avec la prime de fin d'année. Vous confondez le Conseil d'administration avec le Comité de Direction, c'est à dire avec les adjoints de Richard Descoings, parmi lesquels figure son épouse.
3) Richard Descoings n'a pas triplé, mais doublé les effectifs, en passant la scolarité de 3 à 5 ans. Le flux des étudiants d'origine modeste est donc loin d'avoir été multiplié par 9. Et l'accroissement des étudiants d'origine modeste est-il le critère de performance unique d'un chef d'établissement ? En même temps SciencesPo figure dans les tréfonds des classements internationaux et apparaît au même niveau que les écoles ce commerce moyennes en France.
4) Quelle sont vos sources quand vous affirmez que le directeur de l'ESC Marseille, qui s'appelle Euromed, touche 20000 euros par mois et celui d'HEC touche 1 million par an ? Ce dernier chiffre étant particulièrement douteux.
5) Le vrai problème est que SciencesPo est un établissement public suventionné à 56% par l'Etat, ce que ne sont ni Euromed, ni HEC qui ne touchent pas un euros de l'Etat.
6) Ce n'est pas SciencesPo qui est en cause. C'est Richard Descoings, qui veut avoir le beurre et l'argent du beurre. L'argent public et les salaires du privé. Tout en n'étant pas soumis à l'obligation de résultat liée au régime privé.
Écrit par : Jean-Philippe | 31/12/2011
Jean-Philippe, enchanté. Tartuffe sans doute.
Pour le comité de direction, mes doigts ont ripé... Certes, il y a sa femme, mais cela ne préjuge en rien du travail fourni, quand aux émoluments des présidents d'université, c'est elle qui est trop faible, indisuctablement....
Je vous accorde que le seul problème, concerne les 56% de fonds publics. Quand au salaire d'Euromed, ils sont publics, Challenges et l'AEF les publie souvent, pour HEC, si vous me lisez, j'hasarde l'hypothèse que cela pourrait être dans ces eaux mais n'en sais rien... Bonne fin d'année quoi qu'il en soit !
Écrit par : Castor Junior | 31/12/2011
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