25/02/2012
1 pas vers la gauche, 3 pas vers la droite: Hollande en miroir inversé de Sarkozy
Mon ami Laurent H. est un type fin. Alors que nous devisions de la campagne, il m'alertait sur un truc non relevé par les médias : Hollande fait exactement comme Sarkozy. Stratégiquement s'entend. Sinon, pour le programme, on pourrait inciter France Inter a copier Mickey Parade et à lancer un jeu: programme des candidats, le jeu des 7 différences. 7, j'y vais peut être un peu fort...
Pour qui perd du temps à lire les programmes des candidats (ça prend moins de temps qu'une soirée à regarder les Césars) il est évident que les mesures d'ampleurs ont été abandonnées pour les 2 candidats Mainstream. Sarko ne peut plus se permettre, au moins en promesses, de repartir avec des cadeaux au SBF 120 et autres grandes fortunes. Même quand il parle compétitivité, coût du travail ou encore charges et prélèvements obligatoires, Sarkozy fait preuve d'une humilité toute nouvelle pour lui. Fini les accents tatchérien de 2007. Ce n'est pas parce que le champ est lilbre à gauche qu'Hollande veut pour autant l'occuper. Mais il feint très bien la possibilité d'y aller.
Il crie très fort à gauche pour alerter le chaland, avant de partir à toutes enjambées à droite toute. Stratégiquement, il croit sans doute que cela sera payant. Politiquement, ça risque d'accentuer la fracture entre élites et peuple, mais il s'en fout, il sera bien temps de la colmater au lendemain du 6 mai. Et stratégiquement, à voir le tassement d'Hollande, on peut penser que ça fait pschiiiiit.
Sarkozy a compris cela : il lâche des horreurs sur les étrangers, les immigrés, les roms, les assistés, les profiteurs, et ensuite, il prend une mesure moins extrémiste. Les électeurs FN sont satisfaits par l'effet d'annonce et l'UMP rassuré de voir que tout cela n'est pas complètement parti en quenouille... On promet les retraites à 65 ans pour faire passer l'allongement à 62 ou 63 ans comme un progrès social. Blague. La stratégie tant réitérée a fini par lasser.
A gauche elle est neuve et sans doute est-ce pour cela qu'Hollande en abuse... La foule boudait cet homme du consensus mou. Après Napoléon le petit, voilà déjà François le petit qui se proposait d'être moins à gauche que Mitterrand (c'est dire...), il patinait, s'époumonait quand vint le Bourget, lieu idéal pour redécoller. Quand on a ni pétrole, ni idées de gauche, on peut avoir des formules "mon ennemi ne se présente pas aux élections, il avance masqué, c'est la finance !". Hourra cri le "peuple de gauche" (que le connard plumitif qui emploit cette expression grotesque soit lâché en Sibérie avec une Autolib comme seul moyen de déplacement) bravo François ! Au passage, on rassure la City, on enterre la proposition de Cahuzac de taxer les français à la nationalité comme les font les ricains y compris quand nos français s'exilent pour leur rappeler le sens de l'identité nationale, on rabote la fusion CSG/IR... Bref, on repart à droite toute. Tricard Francesco, tu danses moins bien le pas de deux que l'homme aux talonnettes.
Pour pouvoir continuer son petit mambo, il faudrait pour Hollande que son partenaire l'emmène à droite et pour l'heure, Sarko le malin ne fait pas ça... La stratégie du miroir inversé atteint là sa limite et va obliger Hollande, s'il veut l'emporter, à faire deux pas à gauche et à s'y tenir. Pas gagné... Une fuite en avant d'autant plus dommageable que la grande consultation de l'an dernier, plus de 3 millions de personnes, avait souligné un fléchissement bien plus à gauche que d'habitude parmi les sympathisants socialistes. Ou sont les inflexions vues dans la campagne ? Quelle diversité programmatique ? Rien, tout est verrouillé par deux impatients, progressistes et libéraux, Valls et Moscovici. Deux blairistes qui nous prennent franchement pour des blaireaux...
10:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
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