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03/03/2012

Portrait de l'expert en hamster de laboratoire

images.jpegL'analogie animalière a mauvaise presse. Fasciste. Alors un hamster, quelle virulence, quelle manque de lucidité dans la critique. Simplement, je ne vois pas de meilleure illustration. Un hamster, en laboratoire (en milieu naturel la comparaison tombe à l'eau) passe sa vie enfermé dans une cage et court, court, court. Il y a évidemment une vacuité interpellante dans l'attitude du hamster ; difficile, pour autant, de lui en vouloir. Il ne connaît d'autres existences fors la cage et donc toutes ses attitudes, réactions et autres sont régies par cela. Surtout, il continue. Comme nous le prouve notre sémillant copain à gauche, lorsqu'il court, on lui donne des cacahuètes.

Or, qui sont les experts ? Des mâles blancs quinquas hyper favorisés qui ne sortent plus de leurs milieux, passent d'un plateau à un autre salon. Toujours bunkerisé, à l'abri de ce fameux "peuple" dont ils parlent. Formés aux mêmes lieux, fréquentant les mêmes cercles, lisant les mêmes propos, ils sont d'une uniformité rare. Du coup, ils ont une batterie d'indicateurs communs qu'ils psalmodient avec une bigoterie rare. La crise, littéralement le passage d'un état à un autre, ne passe pas chez eux. C'est une variable d'ajustement mais en aucun cas une vraie crise. Au plus, quelques nouveaux paramètres dont il faut tenir compte. Rien, en revanche, qui puisse faire bouger leurs croyances sur l'économie de marché.

L'exemple de la proposition d'Hollande sur les 75% est de ce point de vue extrêmement éclairante. Hollande a enfreint les règles de la doxa, c'est assez courageux puisque ce sont ses règles propres. L'an dernier, devant Piketty (l'UMP s'est même servi de la vidéo) il répétait le prêche officiel: la proposition Piketty est imbécile, c'est confiscatoire, nous sommes en économie ouverte, et puis "ça ne rapportera pas de quoi réduire les inégalités". Dogme féroce, chiffres stupides à l'appui car centré sur une réalité figée. Evidemment, les sommes restituées à l'Etat par cette nouvelle tranche d'imposition ne ramèneront pas l'égalité en France: 1,2 milliards, c'est une demie TVA sur la restauration. Là, encore pensée doxique, pensée toxique. Car en réalité, les hyper rémunérations entraînent des décisions néfastes pour des raisons aisées à comprendre. Elles sous-tendent une hyper individualisation quand à l'évidence, le PDG d'une entreprise de 50 000 salariés, n'est pas 2000 fois plus responsables que ses ouvriers des résultats. Un peu plus, certes, mais pas dans ces proportions. Donner ces rémunérations à 20 types les déconnectent du reste de l'entreprise, et donc fait pâtir le résultat de l'entreprise. Si les entreprises de l'économie sociale ont des meilleures performances vis à vis de l'emploi ce n'est évidemment pas qu'une échelle de 1 à 10 sur les salaires permettent d'économiser suffisamment pour embaucher c'est juste qu'elles poussent les dirigeants à se poser les bonnes questions en matière de direction.

Or, depuis 2008, la crise patente du libéralisme est analysée sans cesse par... des libéraux. Ils suent, ils transpirent et se contorsionnent pour trouver des excuses. Parlent de faute du système. Le plus courageux d'entre eux n'est pas un expert, c'est la Baron Seillière. Lui, au moins, est carré: bien sûr il y eut des conneries, mais c'est la faute aux politiques qui n'ont pas régulé."Oui nous volons, c'est dans notre nature, le gendarme public est là pour nous en empêcher". Comme ça au moins, c'est clair. Les autres font dans le plus subtil, ils avancent grimés en experts, universitaires quand ils sont à la solde de banques comme le souligne le très bon article du Monde Diplo de ce mois "économistes à gages". Après avoir lu cet article, on comprend les tentatives de réadaptation maoïstes des sociaux traîtres. Imaginez ces canailles de Minc, Pastré et de Boissieu planter des choux dont ils ne connaissent que les oscillations sur les cours des matières premières, cela me ravit par avance...

Il y a 40 ans, la figure centrale de la Cité était le philosophe qui pensait la marche du monde. Affiché dans tous les journaux, il n'avait sans doute pas l'influence qu'on leur a prêté, mais ils apportaient des éclairages intéressants. Remplacés par les experts et les coachs, ces deux engeances nous ont appliqués leur vision du monde, leur cadre étroit, fait de mots-valises, de croyances toutes faites et de slogans faiblards. L'église de l'expertise libérale compte quelques milliers de pratiquants pour des millions de croyants. Un ratio incroyable qui rend la démolition possible : le colosse a des pieds d'argile.

Demain, nous continuerons à maugréer, tempêter et autre, mais bon y aura France/Irlande et ça, ça se respecte...

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