14/03/2012
Anti-Bref, j'ai lu les Misérables...
Ceci n'est pas une chronique littéraire. Encore moins une critique, pas même une recension. Evidemment. Résumer les Misérables alors qu'on célèbre les 150 ans de sa publication serait soit d'une stupidité insigne soit d'une prétention BHLesque. En réalité, ce qui m'anime ce matin, c'est simplement de retraduire le bonheur à nul autre pareil que j'ai éprouvé ces deux dernières semaines à lire les Misérables. En 2012, alors que j'ai 32 ans.
Ca me trottait en tête depuis un bail. L'envie de prendre du champ, de lire une oeuvre avec du souffle. Mon amoureuse m'en avait dressé un tel panégyrique que mes souvenirs de classe de 5ème, avec une lecture tronquée, me laissait frustré. Jean-Luc Mélenchon en ayant lu une page en meeting, je n'y tenais plus. Problème, 1800 pages, même si elles n'ont pas la densité des cours de Bourdieu, ne peuvent s'avaler dans le métro à moins de bosser sur la ligne 14 à la RATP. Alors que quelques jours dans le Sud s'offraient à moi, je mettais les deux tomes dans mon baluchon.
Dès les premières pages, j'étais plongé dans le XIXème. On y croise nombre de noms de villes de banlieues où la pour le coup, les choses ont beaucoup changé. Les égouts de Paris aussi, ont pas mal évolué. En revanche, le rapport au bagnard est resté assez constant comme le souligne un bouquin de Serge Portelli sortant prochainement.
Dès les premières pages, on voit bien que les dernières arriveront trop vite. Même avec 1800. L'abondance de dialogue, certaines descriptions que l'on prend gaiement à saute-mouton (le passage sur Waterloo) et hop la fin nous prend par surprise. Une très belle surprise cela dit. En refermant une somme aussi riche, aussi pleine d'humanité avec des personnages si vrais qu'ils habitent nos pensées une fois le livre fermée, on se dit que le prochain livre sur la pile aura un goût fade. J'ai dans mon sac une histoire de père et fils qui traversent la Californie à moto, mais pas certain que cela m'emballe... Et je crois qu'un peu bêtement, cela me ravit.
Depuis que je l'ai refermé, je me sens plus riche. D'avoir cette fresque, ces réflexions si fines, ces descriptions parfaites et surtout ce regard sur le peuple à nul autre pareil alors qu'il était pair de France... Oui, d'avoir tout cela dans un coin de ma tête me redonne confiance en l'humanité quand la lecture des journaux me fait douter, parfois. Quand, grâce à un agenda en laissant la possibilité et un goût très prononcé pour ça, on lit comme moi 15 bouquins par mois et que l'on est parfois incapable de répondre à la question rituelle "toi qui lis, qu'est-ce que tu as lu de bien ces derniers temps? ", je pourrais dire désormais: les Misérables. J'aurais sans doute beaucoup de mines dubitatives puisqu'en France, on ne fait que relire et l'on s'étonnera que je n'ai pas lu ce livre à 13 ans, mais si 2 ou 3 interlocuteurs qui ne l'ont pas encore lu mettent leur orgueil de côté pour se jeter dans la geste hugolienne, je me réjouis pour eux.
07:35 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Commencé à le lire à Romane in utero (comme dirait Kurt), mais arrêté - je l'avoue sans honte - peu après la naissance de la môme.
Plus difficile maintenant qu'elle est là, mais les premiers chapitres nous ont procuré le ravissement dont tu parles si bien.
Avec un petit complément à ton appréciation que je partage, c'est souvent cynique, acide et amusant non?
En tout cas le style est pur, fluide et la prose percutante.
Hâte de le finir...
Écrit par : Miky | 15/03/2012
Je viens de lire "Le père Goriot". Y-a qeqchose !
Écrit par : Jardidi | 16/03/2012
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