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13/05/2012

Corruption au dernier étage seulement

9782738127860.jpgC'est un livre déprimant, mais de salubrité publique. Un livre qui ne se cache pas, ne se vante pas de tout savoir, ne se paie pas de mots ou de formules ronflantes, mais décortique minutieusement l'irresponsabilité généralisée au sommet de nos sociétés, qui s'accompagne d'un rapt de démocratie patent. Le titre et le sous-titre ne sont pas usurpés: la corruption des élites, expertise, lobbying, conflits d'intérêts. On doit au même auteur cols blancs, mains sales, c'est dire que notre homme est une espèce de descendant de Don Quichotte qui ne se résout pas à tout voir partir en lambeaux dans ce qu'il observe de la circulation de l'argent.

Dans sa conclusion, il donne d'ailleurs une piste d'espoir de bon sens: le ras le bol généralisé des populations par rapports aux agissements des élites stipendiés appellera nécessairement une poursuite de la lutte. Mais avant d'arriver à cette conclusion, il a longuement décortiqué l'état actuel et la soyons honnêtes, la révolte n'est pas pour tout de suite.

L'irresponsabilité est notamment analysée au travers de la crise des subprimes, crise qui a vu cette aberration, moralement abjecte qui veut que l'on est individualisé les profits et socialisé les pertes, ce qui débouche aujourd'hui sur une nouvelle crise, celle des dettes souveraines, que subissent précisément ceux qui n'y sont pour rien. On peut le dire avec les mots choisi de Noël Pons et l'acuité de l'analyste, où avec le bon sens populaire de Coluche et sa prétérition pas si comique des années 80 : "les enfoirés se rejetant la faute les uns sur les autres, qui c'est qui l'a dans le cul ? C'est nous, c'est ceux qu'ont un cul". 

L'auteur, Noël Pons a été inspecteur des impôts, fonctionnaire au Service Central de prévention de la corruption sait de quoi il parle. Du coup, il faut souvent relire. Comme disait Alan Greenspan, l'ancien directeur de la FED si quelqu'un a compris ce que je viens de dire, c'est que je me suis mal exprimé. Ainsi commence le rapt démocratique, on a tant technicisé l'économie que le bon peuple n'y comprend plus rien et doit s'en remettre à des haruspices financiers qui, eux mêmes, ne sont plus certain de ce qu'ils avancent. 

Autre problème, comme le montre très bien la série américaine de HBO the wire, dans laquelle on voit que les brigands, qu'il dealent dans la rue où escroquent dans le hall municipal, ont toujours un temps d'avance. Problème, les truands et les décideurs politiques ou économiques sont liés contre les flics, ils installent entre eux et les autres des hommes de paille on institutions fantoches comme les agences de notation qui vont sciemment regarder ailleurs. Comme dit Galbraith, "on ne cherche pas parce qu'on sait où trouver" et Accenture faisait semblant de regarder ailleurs quand il contrôlait Enron ou Goldman Sachs les comptes de la Grèce...

A la fin, Pons rappelle que la prime à la casserole n'a rien d'une nouveauté : en 190 après JC, l'affranchi Calixte crée une banque des Thermes dont il dilapide les valeurs et finit quand même pape. Va promouvoir la morale après ça...Longue est la route, donc, mais le bout de celle-ci vaut sans doute la peine que l'on s'épuise.

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