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27/05/2012

Courir après la finance avec les armes des cocus...

libre.jpgParfois, on tombe sur des pépites en se réveillant trop tôt. Rien d'intéressant sur le fil classique, alors on fouille les sites de contenus, un TED talk ou autre et en arrivant sur le site de France Culture, une énième émission sur les banques. Ras le bol. Sauf que. Sauf que l'émission en question, c'est "le secret des sources" et le décentrage me paraît intéressant. Cesser d'arriver avec une vision manichéenne et au bélier de la finance où l'on cherche à envisager s'ils sont gentils ou méchants, ces banquiers, s'ils le font exprès ou pas. On peut la réécouter là et c'est franchement bien http://www.franceculture.fr/emission-le-secret-des-source....

L'excellence de l'émission tient d'abord au casting : une journaliste des Echos qui ne manie pas la langue de bois et la star des journalistes financier, Marc Roche, dont les papiers hebdomadaires dans le Monde sur la City sont systématiquement un modèle du genre et les livres sur Goldman Sachs (paru en Points Seuil) montre très bien le fonctionnement tentaculaire de la banque pour s'accaparer les bonnes grâces des politiques jusqu'à placer 3 de ses anciens collaborateurs à la tête de la BCE, l'Italie et la Grèce... 

La sève de l'émission réside dans ce que nous apprend cette star du milieu sur sa façon de bosser. Il ne s'y prend pas de façon classique, avec des interlocuteurs officiels. Pas non plus avec des mouchards faciles à trouver, pas de backchich ou d'espions, de geek stars qui pirateraient des fichiers. Non, pour nourrir ses articles, Marc Roche a recours aux anciens traders déchus, aux déçus du système et aux concurrents prêts à tout. En clair, les rebuts. Les cocus, les déçus du système qui n'acceptent de s'exprimer qu'une fois la bataille perdue. Peut-on décemment se fier aux seuls dire des repentis ? C'est ainsi que procède la police et on sait bien que les voleurs ont toujours un temps d'avance... Tant pis, l'émission est un régal de finesse malgré le caractère accablant de la domination de la finance. 

"Sur 100 personnes, 102 détestent les banquiers" nous apprend un documentaire réalisé sur Lehman Brothers. Une haine connaissant peu d'équivalent dans l'économie mondiale, la mafia peut être, et encore. Pourtant, il leur faut garder leur calme. Attaqués, voir harcelés dans les médias, les banques n'ont pas intérêt au procès. D'un autre côté les journaux n'aiment pas les droits de réponse. Tout réside donc dans le subtil rapport de force opposant les uns aux autres. Les banques jouent à cache-cahce, on se souvient qu'aucun PDG n'avait accepté de venir débattre avec Jean-Luc Mélenchon. Ils avancent non masqués, mais peu fréquemment, avec interlocuteur choisi et thèmes de prédilection variant selon les pays. A savoir que si en France, la banque Postale comme le Crédit Agricole seront ravis d'aller vanter leur utilité sociale, impossible de faire parler les communicants de Goldman Sachs sur les mêmes questions, pourtant très prisées en ce moment. Impossible de leur faire dire ce que l'on veut car en réalité les banquiers se défendent avec les armes des journalistes : l'information. Ils la produisent eux mêmes et la diffusent avec une célérité telle que les journalistes sont obligés de leur courir après sans pouvoir tout vérifier. L'irruption des réseaux sociaux n'a rien arrangé, au contraire. Les journalistes suivent les traders sur twitter et en sont réduits à une analyse des tweets pour construire leurs analyses ; les haruspices se fondant sur les entrailles de sardines ne sont pas tellement plus folkloriques...

A courir après la finance avec les armes des cocus, on risque fort de voir les cornes continuer de croitre. Ce qui ressort de cette émission, c'est qu'en l'état actuel des règles du jeu, les gendarmes ne peuvent pas battre les voleurs. Il faudra donc et évidement sans concertation, changer lesdites règles...

Demain, nous chercherons à voir si on peut trouver une version piratée du "Serment de Tobrouk", d'après les premiers échos que j'en ai eu, c'est la plus grande comédie involontaire de l'année...

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