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18/06/2012

Combien de temps faut-il pour vraiment déconnecter ?

deconnecte.pngLes conférences organisées par Ted sont pleines d'étrangetés, en tout cas souvent des conférenciers empruntant des chemins de traverse. Là, j'ai un peu scotché sur le fond d'une vidéo où un baba cool vient nous exposer sa conception du temps libre. 

La forme laisse un peu à désirer. L'homme n'est pas un grand orateur, il fait un peu dans le chamallow et les 17 minutes de sa prestation s'étirent assez mollement, poncutées parfois de quelques rires bon public. Néanmoins le fond interpelle : arrêter de bosser une année tous les sept ans pour prendre du champ et mieux réinvestir sa vie professionnelle.

Dans un graph' inutile (pléonasme ?), il inscrit le temps de l'éducation jusqu'à 25 ans (ce qui est déjà une conception un peu nombriliste yuppie de l'existence, mais la suite n'est pas inintéressante) le temps du travail jusqu'à 65 et la mort à 80. Il propose donc de substituer 5 années de la retraite et de parsemer la période de travail d'années de coupures à raison d'une tous les sept ans. La vidéo en entier est visible là:

http://www.ted.com/talks/lang/fr/stefan_sagmeister_the_po...

Evidemment, il y a des limites à sa théorie : l'écrasante majorité des habitants de cette planète ne peut se permettre d'essayer cette méthode. Pour des raisons financières, évidemment, et pour des motifs de concurrence également. Que la clientèle du baba revienne plus nombreuse chaque fois un an après, ou celle du restaurant El Bulli, tant mieux pour eux. M'enfin, on imagine pas un pharmacien ou un serrurier revenir un an après et que ce soit la guinguette. Tout cela ne peut fonctionner que si votre activité est donc financièrement très sereine  (tous les salariés de l'agence du design du monsieur s'arrêtent aussi pendant un an) et que tout chez vous se fonde sur la valeur ajoutée créative. Après, les exemples montrés dans la vidéo nous interpellent dans la mesure où effectivement, il semblerait que ces longs breaks dans des pays étrangers fonctionnent. Le fait d'aller s'aérer en Inde, de sortir de ses codes quotidiens, lui inspire de nouvelles collections, de nouveaux objets, nouveaux courants. Puisque son chiffre d'affaires s'envole, difficile de contester l'efficience particulière. Tant mieux pour lui. 

Là où cela me happe particulièrement, c'est quand j'imagine l'application de ces théories à la politique et à l'économie. Le problème insoluble de nos économies actuelles relève de la paralysie. Guère étonnant attendu que ceux qui prennent les décisions monétaires aujourd'hui, sont ceux qui n'ont rien vu (ou voulu voir) des éclatements successifs de bulles depuis 2000 avec une accélération très forte depuis 2008. Pas grand chose à attendre des élections, donc, en termes de changement de système (même si j'ai voté pour le changementounet dans mon XIVème redécoupé avec le VIè mais qui n'a pas rompu pour autant), le grand soir ne pourra passer que par ceux qui n'étaient pas là à la surboum de l'après midi... Or, nos dirigeants nous pressant toujours de prendre en compte la gravité extrême de la situation, ils nous enkystent plus encore dans une conception catastrophiste au temps ultra court. Guère conciliable avec le fait de nous relancer, mais bon.

Si l'on redescend d'un cran, à l'échelle individuelle, l'idée de la coupure s'impose avec plus d'évidence. En effet, dans le cercle restreint des gagnants de la présidentielle, ils sont plusieurs à avoir pris une année sabbatique, même si contre leur gré le plus souvent. De Gaulle, Mitterrand ou encore Sarkozy et Hollande... Après des revers électoraux importants, ils ont toujours su rebondir par la suite. Après les revers législatifs d'hier soir, quelques personnalités vont connaître cette déconnexion inattendue. Là, on comprend mieux les déclarations du conférencier sur le fait de le faire tout au long de sa vie pour repousser l'âge de la retraite sur des données plus cohérentes avec la nouvelle espérance de vie. Pour ceux qui n'ont jamais cessé de truster des places et des honneurs en politique, plus dure sera la chute : à plus de 65, voire 70 ans, quel avenir pour Jack Lang, Claude Guéant ou Michèle-Alliot Marie ? Sans doute plus grand chose à espérer, les médias n'aiment pas les perdants et ne vous rappelle que rarement pour amuser la galerie (exception faite de Roland Dumas).

Mais pour ceux qui prennent des vacances prolongées plus jeunes en n'ayant que la politique dans leur vie ? Quid de Nadine Morano ou Valérie Rosso Debord ? Que font des quadras sans mandats ? Elles ne vont pas attendre cinq ans sans revenus pour retenter leurs chances ? Même les européennes sont dans deux ans. Obligées, donc, de retrouver le chemin de la fameuse "société civile". Deux solutions : couper, réfléchir et faire autre chose (Rama Yade fait du conseil en recrutement, cette femme a vraiment le sens de la dérision...) ou sauter sur l'occasion procurée par sa petite notoriété et mener des missions de conseils, jamais bien définies... Eu égard au caractère des deux, il est à fort à redouter que ce soit la seconde solution retenue. Idem, voir pire pour Guillaume Peltier, le monsieur sondage de l'Elysée, transfuge de chez Villiers, qui s'est pris une rouste hier et continuera donc fort logiquement à faire fructifier ses conseils aux officines. Plus dure encore sera la remise en route pour François Bayrou. Refaire des bios historiques ? Napoléon III après Henri IV ? Pour lui qu'une carrière riches en mandats et l'approche de la soixantaine ont mis à l'abri du besoin, je prendrais vraiment le temps de la coupure. Je note d'ailleurs que sa première déclaration du soir allait en ce sens... Chacun déconnecte en une durée variable, mais à l'évidence, plus de 48h s'imposent... 

Demain, quand même, je m'attarderais quelques instants pour réfléchir au sens des stats puisque celles qui s'affichent quand je veux écrire une note sur ce blog m'indiquent que la présente est déjà la 500ème. Il y en aura une 501ème à l'évidence, et je ne la dédierai pas aux Jeans, laissant la persuasion clandestine s'exercer par ailleurs sur la toile...

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