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26/07/2012

"Guérir les homos" ? Difficile d'en gay rire...

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Le progrès est vraiment, vraiment, une longue marche. Je sais bien que le passage de Jean-Louis Bory en direct sur Antenne 2 pour parler de son homosexualité, en insistant bien sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une maladie, avait déclenché un véritable tollé auprès de la chaîne. Toutes ces lettres indignées, ces appels exaspérés aux dirigeants "évidemment que c'est une maladie". C'était il y moins de 40 ans, peu après qu'il a révélé son homosexualité dans "ma moitié d'orange" et qu'il prit part à tous les combats du FHAR. Depuis, les choses ont tant évolué en la matière que mes étudiants de 2012 peinent à me croire quand je parle de Jean-Louis Bory. Je les aide à relativiser en rappelant que dans 90 pays l'homosexualité demeure un délit passible de la peine de mort. Parfois, "juste" de prison. Je ne veux surtout pas enjoliver, dire que tout va bien, on parle d'étudiants, donc après le bas et à Paris.

Des zones noires, il en restent. Géographiques - tous les quartiers difficiles, j'imagine que la mentalité montagnarde n'est pas toujours propice...- professionnelles (sportif, l'armée, les chasseurs et autres) et plus globalement, toute la population est concernée par certaines dérives langagières ; "fais pas ton pédé" peut ainsi aisément signifier au choix "ne rentre pas déjà te coucher" ou "finis ton verre", renvoyant chaque fois au manque de courage supposé des homosexuels. Bien sûr que cela persiste. Mais quand même. Mon neveu de 10 ans me disait récemmetn, "non mais en fait je crois pas que je sois homosexuel, je peux me tromper, mais vraiment, je crois pas". 10 ans, et déjà il pressent bien que ce n'est ni une maladie, ni un choix, mais une évidence. Comme disait Karl Lagarfeld dans le film qui lui avait été consacré (oui, je sais, mais bon, chacun son truc) "je ne me suis jamais posé la question, un matin je me suis rendu compte que j'étais attiré par les garçons, voilà". Certains suivent clairement leurs inclinations d'autres refoulent plus ou moins à cause de critères sociaux, de familles et autres. Je sais cela. Mais je pensais qu'en même, en France, en 2012, au pire, on se cachait un peu pour aimer. Naïf que je suis...

Donc, en cette France de 2012 où la question semble de moins en moins clivante, puisqu'aujourd'hui les débats portent sur le mariage et l'adoption,  on tombe sur ce genre d'article: http://www.lepoint.fr/societe/un-stage-pour-guerir-les-ho...

Pour ceux qui ne l'ont pas lu, une association protestante sobrement baptisée "Torrents de vie" propose moyennant 400 euros de vous guérir de votre homosexualité. Pour les couples, il vous en coûtera 700 euros pour aller "vers une sexualité réconciliée". Cette saloperie prospère en Australie, en Suisse et évidemment aux Etats-Unis. Des pays très libéraux où il est fort délicat d'interdire. Chez nous, en revanche, où l'on sait si bien affirmer une rigidité à l'égard de tout ce qui ne rentre pas dans notre boîte républicaine, on a donc laissé faire ça avec nos amis catholiques pour louer les locaux où se tinrent ces joyeuses réunions. Non, mais on se pince... On opposera que la tenue de ce stage n'est que marginale, que l'ordre moral ne peut être partout et surtout que le fond du projet de stage est d'essence spirituelle... Il n'empêche : on a bloqué tout le pays, lancer un grand débat avec barnum itinérant et surchargé l'assemblée de décrets pour 400 femmes voilées, eu égard à cela on pourrait peut être prendre 10 minutes pour trouver le texte idoine afin de punir sévèrement ceux qui proposent ce genre de distractions à leurs ouailles. Par exemple interdire leur existence associative, les poursuivre au pénal pour objet illicite de formation ou autre. 

Devant tant de médiocrité, je m'en vais retourner lire un Jean-Louis Bory, pourquoi pas "voir les passants ou les miettes célibataires". Un style si aérien que cela me réconciliera avec cette époque encore souvent mal embouchée.

 

 

Commentaires

Ce qui serait intéressant serait de savoir ce qui gêne les gens que l'homosexualité gêne (mais peut-être y a-t-il plein d'études à ce sujet). Est-ce la remise en question du schéma social mariage-enfant-transmission du patrimoine, ce que régleraient le mariage et l'adoption pour les couples gays. Mais ce doit être plus compliqué que ça, interroger sur l'image qu'ils se font (que l'on se fait) de ce qu'est un homme ou une femme, sur la féminité, la virilité, et donc l'image que l'on a de soi, et toutes ces sortes de choses.

(Bien le titre!) :)

Écrit par : Yola | 26/07/2012

Merci pour le titre ! Sinon, tu sais je crois qu'encore très souvent, la gêne liée aux homosexuels renvoient aux propres gênes des hétéros avec leur propre sexualité...

Écrit par : Castor Junior | 26/07/2012

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