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25/07/2012

Une époque in girum imus nocte et consumimur igni

pt27227.jpgC'est un de ces longs articles déprimants. D'autant plus déprimants qu'ils sont longs, instruits et documentés. Implacables. Le titre, déjà : "l'évasion fiscale dans le monde pèse plus que le PIB de la France". Soupir, immense. Face à cela, on est pris d'effroi tant on sent les vaines marges de manoeuvres de nos politiques nationaux.

L'article peut se retrouver ici : http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/07/23/l-evasion-fiscale-mondiale-dix-fois-le-pib-de-la-france_1736985_3234.html

Il évoque au mieux le cynisme de quelques uns, au pire l'espèce d'éternelle folie qui s'empare de ceux qui veulent faire de la possession leur unique destinée. Cela m'a évoqué une lecture d'il y a quelques années, couplée au visionnage du film du même auteur : Guy Debord. Le titre est tout un programme et le plus long palindrome (qui se lit dans les deux sens) que je connaisse: in girum imus nocte et consumimur igni. Nous tournons en rond dans la nuit et nous nous consummons.

L'époque évoque cela, une éternelle course confuse en milieu liquide. En bas, des masses de plus en plus nombreuses qui payent pour les conneries de ceux du haut en assumant collectivement les sinistres. En haut, une élite qui elle aussi enfle - dans des proportions moindres, mais tout de même - sans savoir quoi faire de ces milliards et même quand elle se fait très peur (en 2008) elle trouve le moyen de se renflouer via les dettes souveraines des états. Les chiffres avancés par Piketty sur la croissance de Bill Gates ou Bettencourt donne envie de vomir en ces matins où PSA confirme qu'il va vraiment fermer PSA. Et tout cela, il le font sur fond de gentillesses publiques. 

Le mythe de l'Etat-Nation, un des plus brefs de l'histoire de l'humanité puisqu'il n'aura même pas tenu trois siècles, s'effondrent dans tous ces états confettis qui les accueillent. Les propos d'Antoine Peillon (le frère du ministre) déroutent, achèvent et poussent à lire son livre : 600 milliards qui manquent à la France. De façon très impressionnante, il montre comment chaque année, 1/6 du budget de la France prend la fuite. Les 600 milliards sont répartis sur plusieurs années, pour faire un titre impressionnant. Mais tout de même, chaque année, pour moitié les entreprises et pour moitié nos ultra riches grugent la France qui lui donne tant en termes d'avantages fiscaux. Juste sous son nez, puisqu'1/3 du total se barre en Suisse...  

IL faut écouter Peillon (quelle famille !) dans l'article on retrouve un lien vers une interview de lui sur France Info. Les sources pour arriver à cette enquête sont également fort instructives. A l'évidence, ce ne sont pas les Bettencourt, Arnault, Pinault ou Margerie qui se sont précipités pour révéler les zones opaques de leurs RIB. Non, si aujourd'hui la vérité commence à sortir sur ces chiffres rocambolesques c'est que les juges, les pandores spécialisés et de plus en plus de banquiers honteux, passent aux aveux. On sent un système se fendiller, mais pas prêt de vaciller pour autant. Re-soupir...

Edit 9h50 : de retour de jogging, couru une heure avec un des tout chefs de la BNP m'expliquer des horreurs sur les scandales actuels; Appolonia qui enfoncent des gens de peu en abusant de leurs étiquettes de banques mutualistes (Crédit Mutuel) ou le Libor de Barcalay's où mon ami m'explique à demis mots que nous n'en sommes qu'au début car, pour que de tels abus aient pu avoir lieu c'est qu'il y eut association de malfaiteurs, peu ou prou... Et c'est reparti pour un tour de manège désenchanté.

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