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09/09/2012

A la recherche du bonheur perdu

images.jpegEntre deux piles de romans de la rentrée qui me font toujours de l'oeil (et en plus je dois aller acheter le premier roman de François Cusset dont les essais m'ont bluffé), Daniel Cohen est venu occuper mon samedi après midi ensoleillé avec une légèreté inhabituelle pour un livre d'économie.

Lire Daniel Cohen relève d'un plaisir coupable. Un peu comme dire qu'on aime le style et ne pas dédaigner la lecture d'un petit Douglas Kennedy. Car Cohen a suffisamment de casseroles pour être actionnaire majoritaire chez Teffal: soutien actif d'Hollande, conseiller de la banque Lazard (de l'immense Matthieu Pigasse) il a conseillé Papandréou pour le rachat de la dette grecque. Son CV a donc tout pour l'inciter à jouer profil bas vis vis à de la crie actuelle et pourtant il ne cesse de dénoncer les abus du capitalisme financier dans ses livres... Sauf que contrairement à un Jacques Attali, Cohen n'en fait pas une histoire personnelle : il n'est pas donneur de leçons et n'avance pas des énormités telles que "j'ai dans mon bureau un catalogue de 316 mesures pour relancer la croissance" comme l'a osé récemment Jacquot Attali. Non, Cohen démonte avec gourmandise les travers de l'économie et renvoi prudemment pour la partie solutions vers la lecture d'Amartya Sen et ses capabilités. Cette modestie, même si affectée, rend la lecture de ces livres très agréable. Il poursuit ici les réflexions amorcées dans la prospérité du vice sur les 1000 facettes déformées du capitalisme actuelle. Il nous dresse un portrait de la nouvelle économie mondiale façon Otto Dix avec des gueules cabossées.

Autre mérite de ce livre, de même que Paul Valéry semble avoir écrit pour livrer des sujets de dissertations aux lycéens (ce qui ne m'empêche pas d'adorer Monsieur Teste), Daniel Cohen est une bénédiction pour les profs qui manipulent l'actualité dans leurs cours. Ses textes regorgent toujours de bons mots, d'anecdotes savoureuses, d'exemples parlants. J'espère que ma mémoire ne me trahira par de trop lorsque je me retrouverais dans mes étudiants et que ceux ci voudront débattre de la crise. Des conseils pour maximiser le bonheur, des statistiques surprenantes sur les médaillés de bronze aux jeux olympiques plus heureux que ceux d'argent. Les bronzistes se disent qu'ils auraient pu ne rien avoir quand les argentés regrettent toujours leurs médailles d'or envolées...

Du coup, les 200 pages s'avalent comme une douceur de boulangerie (un financier ?) et on le referme un peu plus convaincu que l'homo economicus, shooté à la compétition plus qu'à la coopération est un taré et que ce n'est pas demain l'auberge même plus espagnole, fermée pour cause de crise. Ca ne va pas changer le monde comme disait Joe Dassin, mais ça aide à mieux le comprendre et en deux heures en plus. Demain, nous remettrons le nez à la fenêtre du monde sur ce blog parce qu'avec celle-ci, ça fait 6 notes de suite consacrées à des livres ici 

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