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12/09/2012

Privilège, de lecture.

jonathan-dee-les-privilc3a8ges.jpgJe m'étais dit que la prochaine note de blog ne serait pas un compte rendu de livre, mais je ne savais pas dimanche en débutant un roman de près de 400 pages que je l'aurais fini le soir même, littéralement happé par la fresque familiale courant sur plus de 30 ans, de Johnatan Dee. 

A propos de l'auteur, j'ai appris il y a peu qu'il était l'un des "événements" de cette rentrée littéraire et après avoir été emballé par celui ci qui date de 2010 (en poche 10/18) j'irais forcément musarder du côté du nouveau. C'est d'ailleurs en musardant que j'avais débusqué celui-là et ô honte avoué, en regardant la jaquette : prix Fitzgerald. J'ignorais l'existence de ce prix, mais l'auteur m'a toujours emballé tant je l'ai trouvé brillant dans sa description mordante de l'élite déliquescente américaine. La 4ème de couv' m'indiquait que le titre n'était pas une antiphrase : nous serions à nouveau parmi les yuppies, version 2000. Enfin je dis ça, jamais une date dans le roman. Mais entre les téléphones portables, internet, les noms d'actions par dérivés et autres activités spéculatives on voit bien que nous sommes plongés dans une contemporéanité mais l'auteur se garde bien de nous accabler de détails, préservant son punch pour le style.

Dee écrit comme boxe les poids welters, toujours sur la pointe, en sautillant toujours. Il esquive tous les coups trop lourds assénés par les descriptions, les dates, et autres digressions politiques ("la politique dans un roman c'est un coup de pistolet au milieu d'un concert" écrivait Stendhal) pour nous entraîner, nous aspirer et in fine nous imposer son rythme. Nous nous étions habitués à voir les enfants du couple bien installés dans l'enfance et les voilà jeunes ados. Dans le même temps, les parents ont déménagé, rajoutant une piscine intérieure et un jet privé sans que jamais nous ne sortions du domaine du plausible, c'est l'autre force de Dee. Il parle de ceux qui possèdent l'infiniment grand (une fortune qui dépasse les ordres de grandeur financier mais l'on voit juste que la famille n'y pense plus) en rentrant dans des détails innocents, des soirées dans des bars, des discussions avec leurs enfants pour qu'on les sente vivre. La mère qui a arrêté de bosser pour élever ses enfants à en devenir hystérique à l'idée de rater la seule cause dans laquelle elle s'est investie et le père qui s'est assigné un objectif : mettre sa famille à l'abri au point que jamais ses enfants n'aient à travailler au risque que cela se retourne contre lui. Tout cela est admirablement ourlé, magnifiquement agencé, parfaitement maîtrisé et entièrement dégraissé; on évite le piège classique des 100 ou 200 pages superfétatoires.

Je n'en jette plus, renfilez le en librairie, si Fitzgerald et Jay Mc Inerney (première période) vous emmerde, passez votre chemin, sinon offrez-vous un privilège de lecture.

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