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11/11/2012

Sous les banqueroutes, les jacqueries ?

Jacquerie 1358 peasant revolt.jpgEn ce frais dimanche matin, j'ai fait un crochet joggant pour aller saluer mon pote Stéphane Gatignon. Le maire de Sevran avec qui j'ai bossé de très près sur un beau projet, dans une vie antérieure, a entamé une grève de la faim pour alerter l'opinion sur l'iniquité folle des finances locales. Alors que l'Ile de France est la région la plus riche d'Europe, certaines communes - dont Sevran, mais aussi Stains, Grigny et autres - sont littéralement au bord de la banqueroute. Si Sevran La crise des dettes souveraines nous a fait perdre la mesure concrète de ce que signifie ce terme: à force de renflouer des comptes à coups de milliards d'euros surgit de nulle part, l'opinion publique finit par croire que ces histoires de dettes relèvent de la fable comme le tonneau des Danaïdes et qu'il se trouvera toujours quelque bon chevalier pour remplir.

Là, non. 5 millions d'euros manquent à Sevran et ses 53 000 habitants. Avec la disparition (ou quasi) de Dexia embourbé dans ses emprunts toxiques, les prêts aux collectivités locales reposent de façon écrasante sur les épaules et les comptes de la Caisse des Dépôts. Or, cette dernière estime d'un point de vue comptable que la ville de Sevran n'est pas solvable. Le fait est que la ville de Sevran cumule les handicaps : peu d'entreprises présentes sur le territoire, bien moins de rentrées d'impôts locaux (la part de personnes pauvres étant plus grande qu'ailleurs et le taux de chômage continue à enfler de façon dramatique). Stéphane, maire et élu régional n'a jamais pu faire passer des idées de régulation sociale auprès de cette figure de la troisième gauche (Rocard...) qu'est Jean-Paul Huchon... Au niveau national, les villes sont baladées d'une instance à l'autre, d'où ce happening. Dieu sait que Steph n'est pas le candidat idéal à la grève de la faim : déjà filiforme, ne tenant pas en place, ce matin après 2 jours à s'époumoner et à dormir dans sa tente, il a les traits tirés, mais est déterminé à aller jusqu'au bout. Et pour cause, François Lamy, ministre de la ville a annoncé hier un déblocage des fonds imminents.

Bien obligé le ministre -et par ailleurs bras droit de Martine Aubry- après que Manuel Valls a, une nouvelle fois, justifié son rôle de Sarko de gauche en rendant visite à Gatignon au nom "de l'amitié et de la solidarité des élus de banlieue". Passons sur la tartufferie de la formule; Valls est un petit baron qui utilise la banlieue pour construire son image sécuritaire nationale et se redonner une virginité de gauche sur des thèses solidaristes tout en vivant à Bastille et en prônant concrètement des thèses libérales (quand Stéphane vit vraiment à Sevran, lui, je ne donnerai pas l'adresse mais voilà). Ce matin, le téléphone du petit maire crépitait : AFP, France 2, des radios... Peu importe qu'il ait fallu en passer par cet exercice, les faits seront têtus : mardi à l'Assemblée, nous verrons bien si les députés s'engagent en faveur de la solidarité territoriale ou si nous faisons le choix de reléguer des villes dans une autre France comme jadis on reléguait les paysans dans une altercitoyenneté. Au XIVème siècle, cela s'est toujours finit en jacqueries. Espérons que nos gouvernants, à défaut d'élan solidaire, aient le sens de l'histoire...

Commentaires

Et si les gouvernants n'ont pas le sens de l'histoire, peut-être que dans le 93 on aura encore le sens de la jacquerie!

Écrit par : Yola | 18/11/2012

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