19/12/2012
Ecolos : la double impasse tifoso et zigoto
Dimanche soir j'ai regardé PSG/Lyon. Devant ce match à l'intérêt footballistique incertain, j'ai fini un roman très moyen ("Avancer" de Maria Pourchet (Gallimard), envoyé quelques SMS, passé un coup de fil à un ami qui m'avait recommandé ledit roman et beaucoup baillé. A la fin de cette purge, j'ai poussé mon petit cri guttural et fermé le site, ravi. Paris a gagné, le reste n'est que littérature, qui, dans le football, n'est-ce pas...
Peu importe que la rencontre soit entachée d'erreurs d'arbitrages, de cafouillages ou de bourdes énormes dans le camp adverse, voire de chance; si les adversaires frappent plusieurs fois les montants. Seul le résultat compte dans le sport. Alors, le tifoso de base jubile. Or, je ne sais si cela nous vient des Etats-Unis où le bipartisme régnant promeut la pensée partisane, mais il devient parfois complexe d'aborder certains sujets autrement que par le truchement tifosesque...
Mes amis socialistes, par exemple, semblent de plus en plus incapables d'auto-critiques. Exit l'époque de la véritable synthèse jospinienne où tous, de Mélenchon/Emmanuelli à DSK avaient droit de cité et étaient vraiment écouté. Aujourd'hui, le parangon de la synthèse tranche en réalité absolument seul sans souci des équilibres internes. Aussi, les socialistes de gauche ont du apprendre à avaler plus de couleuvres qu'un fakir expérimenté en peu de temps. Gavés, ils ne se formalisent même plus qu'entre Hamon à Valls, l'arbitrage soit systématiquement rendu en faveur du second. Sur le mariage pour tous, on ne les entend même plus quand Hollande parle de "liberté des consciences des maires" ou de rejet de la PMA (ou si peu). Sur les reniements d'impôts, le crédit compétitivité et autres expulsions de Roms, idem... Seule la victoire est belle et elle n'était plus venue depuis Mitterrand donc youpi de rigueur (pas d'austérité). Tristement, nos amis écolos semblent de plus en plus atteints du même mal. Pourtant, ils avaient lancé leurs mouvements justement sur des idéaux non négociables. Fin 2011, ils ont négocié un accord avec Aubry pour des places, des honneurs, des ronds de serviette. Mais le programme faisait largement partie, en théorie, de concessions mutuelles. Quelques mois après c'est Waterloo... Que l'EPR avance, c'est logique. Fermer un établissement où l'on a englouti des milliards serait débile. Mais on voit dans les discussions avec Areva et EDF une volonté très mesurée de fermer des centrales. Notre Dame des Landes se fera, la fiscalité écologique est aux oubliettes, le développement des transports en commun ne semble pas plus prioritaire que par le passé. N'importe quel écologiste digne de ce nom agiterai le contrat de mariage sous le nez d'Hollande en lui disant, "tu ne respectes pas les clauses 1, 99" pas 1 et 99, celles allant de 1 A 99... Hélas, Canfin, Duflot mais bien d'autres plus toniques comme de Rugy sont rentrés dans le rang. Comble de l'étrange, il a fallu attendre ce fourbe de JV Placé (qui y voit sans doute un intérêt personnel) pour entendre une contestation écologiste autre que celle de Cohn Bendit. La pensée tifoso se réjouit de mélanger du vert et du rose sans savoir que le seul à avoir fait cela bien est Stendhal. Mais en politique, ça ne donne que du rose et très pâle encore.
Il y a quelques jours, j'étais au dîner de lancement d'un think tank dans une mouvance écolo résistante. L'ambiance, malheureusement, était trop proche du lieu de réunion ; un bistrot. Un ponte présent avançait quelques pistes de bon sens, et de la foule fusaient des rires goguenards "c'est le problème de X, il adore gagner". Le zigoto, à l'inverse du tifoso, moque la victoire. Il a des idéaux absolus, mais parmi ceux-ci, l'esprit potache. Surtout, ne rien prendre au sérieux. Un esprit libertaire complet, en mode Siné Hebdo régnait dans le lieu. Une vraie utopie lénifiante, un nivellement par le bas. Un économiste lumineux prenait la parole et avançait une méthode, un plan de bataille. Déjà les soupirs couvraient ses paroles. Un thésard avide de reconnaissance lui coupait le sifflet pour proposer un "toast à l'Europe" et autres platitudes sans que ça ne choque personne. Il y avait dans cette salle de 70 convives pour 40 places assises (beau symbole de l'absence de volonté d'organiser sérieusement quoi que ce soit) une déperdition d'intelligence supérieure à tous les gâchis énergétiques qu'ils dénoncent au quotidien. Aussi, lorsque l'ordre du jour atteignit la composition du bureau, je m'éclipsais, dépité. En retournant vers le métro, je pensais aux deux absences de choix qui se profilent. Pas question de parlementer avec les tenants d'une victoire sans beau jeu, façon tifoso, mais impensable de rejoindre ceux qui ne veulent pas faire gagner leurs idéaux. Si j'étais encarté écolo, je rejoindrais le seul parti qui prenne l'écologie au sérieux; le Front de Gauche.
12:02 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Cher monsieur, je ne vous félicite pas pour votre article raciste et injuste. J'ose même vous dire qu'étant moi-même un zigoto tout à fait sérieux, père de deux tifosi sans le moindre esprit, je m'insurge avec véhémence contre vos propos outrageants. Si vous n'aviez une épouse aussi charmante, je vous jetterais mon gant.
Veuillez croire, monsieur, en l'expression de mes sentiments les plus amers,
JD
Écrit par : Judas Duchene | 23/12/2012
Cher Judas, comme dirait Ponce Pilate, vos insultes je m'en lave les mains. Etant moi même d'une rare munificence d'âme, je vous pardonne. Et vous demande quand même de laisser ma femme tranquille
Écrit par : Castor Junior | 23/12/2012
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