11/02/2013
Regarder des idées neuves avec de vieilles bésicles
Heureusement j'avais la bouche vide. Tout ce qui aurait été contenu, solide ou liquide, je l'aurais expulsé de stupeur et de colère froide. J'écoutais l'économie en questions sur France Culture, (réécoutable ici) et après de soporifiques débats sur la potentielle dévaluation de l'Euro, nos camarades du cercle de la doxa éclairée se mirent à parler de l'économie sociale et solidaire (ESS) sujet qui me tient à coeur. Dire qu'ils en parlèrent mal relève vraiment du doux euphémisme. Ils déversèrent en un temps restreint, un impressionnant monceau de conneries.
Les tenants de l'ESS se sont récemment alerté de cette méconnaissance. Philippe Frémeaux, le directeur d'Alternatives Economiques a mené une vaste enquête, que l'on peut retrouver là. Il montre la très large méconnaissance de l'ESS par tous les économistes ou presque. Certains comme Daniel Cohen manifestent de vrais signes d'intérêt, Philippe Askenazy aussi, mais globalement, au-delà de la méconnaissance, il y a de fausses connaissances. Des clichés, en français courant. Là où la chose devient ennuyeuse, c'est lorsque leur propos de bistrot sont colportés sur des ondes écoutées en général pour leur qualité et leur sérieux. Entendre des approximations aux grosses têtes d'RTL ou aux Grandes Gueules de RMC est monnaie courante, mais si on ne peut pas faire confiance à France Culture, ou va t'on ? Les économistes réunit ce samedi listèrent doctement des pratiques liées à l'ESS des années... 80. Baverez était tout heureux de connaître Finansol ou les Cigales, anciens dispositifs de financement solidaire mais ne dit rien de tous les nouveaux fonds éthiques ou du Comptoir de l'Innovation, piloté par Nicolas Hazard et qui a levé 10 millions d'euros en seulement quelques mois. Pire, le même Baverez avance doctement qu'on nous ment sur les chiffres car les seules entreprises productives dans le champ de l'ESS seraient les SCOP et leurs 42 000 salariés. Monstrueux non-sens ! Déjà, la plupart des entreprises d'insertion sont productives. Ensuite, cette seule référence au statut prouve une paresse intellectuelle forte : il existe des associations productives, innovantes et audacieuses et des entreprises vivant sous subsides publiques et sclérosée... Cette nouvelle démonstration de cette propension des éditocrates à parler de tout et n'importe quoi est relativement déprimante sur la possibilité de changer de modèle. On voit bien qu'ils sont bien plus disserts sur Bale 3 et autres réformes bancaires que sur une autre économie. Mais ce sont eux malgré tout qui conseillent nos amis du politiques. Pas étonnant, dès lors, que le pouvoir fasse peu de cas de ce sujet pourtant majeur. L'espoir étant ce qui nous reste, on en vient donc à miser beaucoup sur Benoît Hamon et sa grande loi à venir sur l'ESS. Puisse ce texte éclairer d'un jour nouveau nos amis omniscients...
07:41 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
ben oui!!!moi aussi je commence à désespérer grandement de France culture : ils tournent vraiment en vase clos et cela finit par amoindrir la pensée...en économie, toujours les mêmes soit disant experts, que l'on retrouve sur France info, inter etc..ces messieurs sont tellement partout que je comprends qu'ils n'aient pas le temps de travailler leur sujet!!!et le pire c'est que c'est pareil côté art et littérature : toujours les mêmes comédiens, marre d'entende ad vitam aeternam le Denis podalydès...et France culture n'a pas honte...ils sont allés jusqu'à rapeller Chistine Ockrent, c'est vrai que cela s'harmonise avec les bons vieux Philippe Meyer et Hubert Védrine!!!oui Castor nous avons du souci à nous faire sur l'état de la pensée en politique quand on voit où va notre soit disant radio culturelle!!!!!!
Écrit par : Marcelline Roux | 11/02/2013
Ca, Marcelline, j'admets que le come back d'Orckrent m'a laissé pantois... Vais finir par écouter Rire&Chansons...
Écrit par : Castor Junior | 11/02/2013
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