23/02/2013
Bonheur privé, malheur public : the other french paradox
Nos canons de rouge du midi qui abaissent le risque d'infarctus, nos siestes améliorant notre productivité, nos 35 heures à la productivité survitaminée sont autant de paradoxe de la nation française. Autant d'éléments qui nous valent de par le monde autant d'admiration que d'exaspération. A cette liste de french paradox à rallonge on peut rajouter joyeusement cette tendance marquée à la flagellation en public lorsque nous célébrons en privé.
Récemment encore, un sondage auprès des personnalités favorites des jeunes français de 15 à 20 ans est venu porter un éclairage cruel sur cet état de fait connu depuis des années que nous nous adonnons à la célébration idiote du top 50 du JDD. Donc, le tiercé de tête élu par notre belle jeunesse est je vous le donne Emile : Nelson Mandela, Omar Sy et Barack Obama.
3 noirs, 3 blacks, 3 idoles modernes. Le nouveau Gandhi (ou Abbé Pierre pour ne garder que des blancs), le nouveau Belmondo et le nouveau Kennedy sont tous les 3 noirs et les jeunes français sont tous noirs. Bien, Mazel Tov, Mabrouk, Hosanna ! Malheureusement, cette appétence d'ouverture de façade se lézarde dès que l'on pense plus global. Subrepticement, on nous instille l'idée que ces classements sont en toc et qu'en réalité, l'heure est au repli sur soi, à l'entre soi, et que ce trio de stars incarnent l'arbre d'espoir qui masque la forêt de malheur. Pire, ils seraient le reflet de notre mauvaise conscience raciste. Le raisonnement ne tient pas.
En effet, le classement ne reflète pas seulement la spectaculaire réussite d'une opération marketing sur le thème "black is beautiful" mais une volonté de mélange infiniment plus forte dans la société que dans ses élites. Ce sont nos élites qui sont clonées et regardent encore la diversité avec un regard effrayé consistant à dire qu'il faut un bon noir et un bon arabe, deux handicapés et quelques femmes pour faire une jolie photo de famille... A rebours de cette attitude vétilleuse, comptable, les français sont les champions du monde des mariages mixtes. Preuve qu'avant que le parlement ne légifère sur l'amendement 31 du mariage pour tous, nos concitoyens avaient de vrais élans d'union véritablement pour tous.
Depuis quelques années, la formule de Brecht fait florès "puisque le peuple vote contre le gouvernement il faut dissoudre le peuple". On en rit, en plaisante, mais au fond la formule sarcastique s'applique avec cynisme : nos élites continuent de pester devant les attitudes d'un peuple qu'elles déplorent car cela va à l'encontre de leurs aspirations. Sans verser dans le stérile qué se vayan todos, on aimerait vraiment que todos acceptent d'écouter plus longuement d'autres idées et d'accepter de descendre du piédestal de leurs certitudes acquises.
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