25/02/2013
Le retour des gladiateurs ?
Ave modernita, morituri te salutant. Un dimanche un peu gris, j'apercevais sur les réseaux dits sociaux une vidéo de Stade 2 sur l'extension du domaine de la lutte sans règles. Je cliquais et m'informais ainsi de l'engouement très fort pour les MMA. Pas les Mutuelles du Mans Assurances, mais les Mixed Martial Arts, si vous voulez partagez ma sidération, on peut voir un reportage édifiant là.
Qu'apprend-t-on ? Que de jeunes cadres survitaminés, sur stressés et toujours sur la crête se défoulent joyeusement dans des cages où tous les coups, y compris au sol, sont permis. Bon. Le sujet en soi n'a rien de nouveau. Fascination de l'époque pour la violence, culte de la performance extrême, quoi de neuf sous le soleil ? Après tout, aujourd'hui les étoiles du capitalisme financier expurgent leur haine de leur vie dans des challenges sportifs toujours plus improbables : exit le marathon, cette promenade de santé pour comptables, et vive le triathlon Iron Man, le marathon des sables ou la montée de l'Everest et le passage du Cap Horn en kayak. Pauvre petits soldats qui n'ont plus goût à rien et qui se répandent en larmes dans les bras d'une pute au milieu d'une partouze pour exprimer leur désarroi devant le vide.
Si ce n'était que cela, donc, cela ne vaudrait pas que l'on approfondisse. Mais cette fois, le fabuleux du sujet est que les tenants de cette lutte veulent l'approbation de la doxa : le beurre, l'argent du beurre et l'approbation des dominants. Ils apportent pour preuve de leur bonne foi des règles : "catégories de poids, contrôles anti-dopages, suivi des athlètes". Voilà pour l'habillage. Et évidemment, l'antique argument de la modernité : aux Etats Unis, ils sont reconnus comme des athlètes, ils sont consacrés et en France, vus comme des voyous. Nous serions dans l'erreur.
Dans Fight Club de Fincher ou d'autres films sur ces nouvelles réunions de violence, le fait qu'elle soit le manteau, dans des caves ou autres est justement la base de l'adrénaline. Ils cherchent le défoulement, non la respectabilité. Un sport de voyou pratiqué par des voyous ne peut obtenir l'approbation des honnêtes gens... Valérie Fourneyron, qui s'est rappelé à mon souvenir par le truchement de ce reportage, rappelle à juste titre qu'il ne saurait y avoir d'éducation par le sport avec ces gladiateurs des temps modernes. C'est peut être passéiste, mais j'aime ce côté gaulois contre l'empire Romain qui a juste traversé l'Atlantique...
08:27 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
"L'antique argument de la modernité", je valide
Écrit par : secondflore | 25/02/2013
Hé hé !
Écrit par : Castor Junior | 25/02/2013
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