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08/04/2013

La démocratie, ce grand cadavre à la renverse

le-9-avril-2003-la-statue-de-saddam-hussein-tombe_544694_510x255.jpgIl y a quelques semaines, je discutais avec Yannick Jadot, ex directeur de campagne d'Eva Joly, ex directeur de Greenpeace, ce qui lui donne une double fine expertise sur les causes désespérées. Il me fit part du nouveau chef d'oeuvre en péril qui l'inquiétait : la démocratie. Député européen, Jadot n'a pas besoin de sillonner le continent pour aiguiser son analyse : chaque semaine à Bruxelles il voit débarquer des bataillons d'élus dépités de la tournure des événements dans leurs pays.

L'Italie a récemment affolé les compteurs et se retrouve sur la sellette. Grillo fut proche de s'emparer du pouvoir tout seul. Si Bersani ne réussit pas rapidement quelques tours de magie, il pourrait réussir son coup avec un programme promettant les 20H hebdomadaires, des expulsions musclées pour ceux qui ne correspondent pas aux canons d'italianité et autres baroqueries. En Hongrie, Orban s'assoit joyeusement sur les mises en garde de l'Union et continue patiemment à museler la presse. En Grèce comme en Suède, les extrêmes montent. Chez nous, les sondeurs se livrent à des calculs d'apothicaires pour dire qu'il ne faut pas tirer la sonnette d'alarme et que, mis bout à bout, front national et front de gauche ne représentent pas plus d'1/3 des sondés ce qui... ... ... ... (mettez ici tout le bullshit sondagier que vous voulez). Mais comment ces tanches peuvent-ils être hermétiques à ce point à une réalité confondante : plus de 50% d'abstentions pour la majorité des élections, seule la présidentielle obtient un léger sursaut, mais à quel prix ! On gave le malade pendant 6 mois, on le shoote à grands renforts d'overdose médiatique et alors, mécaniquement, le peuple se rend aux urnes. Mais il n'est que lire deux secondes le qualitatif d'Institut un peu sérieux comme le travail mené par Denis Muzet pour voir les mots associés aux politiques "dégoût, défiance, impuissance" triste troïka...

Curieux paradoxes des pays riches : nous crevons d'obésité quand il y a un milliard d'affamés, nous abritons des millions de chômeurs et quelques millions de travailleurs sursollicités et nous crevons de défiance envers nos dirigeants élus librement en nous permettant d'aller donner des leçons de morale à tous les pays vivant sous le joug d'autocrates. Problèmes pour nos dirigeants, incapables de dépasser le présentéisme et le court termisme, ils ne savent plus envoyer que des seringues hypodermiques politiques pour tenter d'apaiser le peuple quelques temps. Mais ce ne sont pas des sédatifs qu'il faut aujourd'hui, mais bien un vrai changement de modèle. Même si elle a beaucoup servi, il faut encore une fois s'appuyer sur la finesse d'analyse politique de Francis Blanche : il faut vaut mieux penser le changement que changer le pansement...

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