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24/07/2013

La lutte des classes n'aura pas lieu, aux US

Je me suis senti obligé de rajouter une virgule, pour l'espérance. Et puis parce qu'elle est si vivace en Amérique du Sud qu'on ne peut pas dire qu'elle ne fonctionnera pas. En France elle patine depuis un bout de temps mais on ne peut pas dire qu'elle ne hante pas l'histoire et que notre droit social, nos congés payés, notre scolarisation et système de santé gratuit n'en soient pas les marques les plus saillantes. Aux US, en revanche, ce concept semble plus feutré. Les inégalités y sont plus fortes que chez nous, mais une certaine résignation peuple les rues, un fatalisme mâtiné de servitude. Avec des tensions fortes de façon épisodique, mais globalement ça tient.

Dans les années 60, lorsque la jeunesse occidentale gueulait, les Etats-Unis n'ont pas été épargné. Mais ils ont acheté leur paix civile avec le Civil Rights Acts et l'Affirmative Action. C'est à dire une politique de quotas permettant, historiquement, de réserver certaines entrées à la fac ou certains postes à des minorités visibles. Avec le temps, le processus s'est étendu aux latinos et autres et un certain nombre de dispositifs similaires ont essaimé dans les nominations hommes/femmes dans la sphère professionnelle. Résultat : chacun se considère comme un individu. La conscience de Genre est bien plus forte que chez nous. De couleur aussi, de religion, sans doute. Tout se compose dans un vaste puzzle et il faut que votre pièce soit demandé pour espérer avoir une chance de trouver votre place. Si l'on peut comprendre les fondements immédiats de cette politique réparatrice, il n'en demeure pas moins que la discrimination positive est la politique de ceux qui ont renoncé à réduire les inégalités. Ca donne des résultats spectaculaires pour un tout petit nombre et permet d'avoir Obama, Winfrey ou Condoleeza Rice, mais globalement, les inégalités de revenus, d'accès aux soins à l'éducation ou à l'emploi n'ont jamais diminué, fort au contraire...

Pour ceux qui appartiennent aux catégories de pièces les plus fréquemement employées, cela lasse. Ainsi,un homme blanc parfaitement intelligent nous a dit sans plaisanter "qu'il était compliqué de faire carrière en étant banc" sous entendu que sa nomination passerait toujours après celles obligées de femmes ou de minorités. Passons. Dans le contexte, ça peut s'entendre. En France, ce serait plus discutable. J'en profite pour signaler le texte le plus hilarant de bêtise, une tribune de l'ineffable Laurent Bouvet avec deux autres collègues testostéronnées intiulées : "nous les trentenaires sacrifiés su l'autel de la diversité" où ils expliquent en gros qu'ils ne seront pas députés puis ministres parce que l'impératif de l'air du temps impose des femmes et des arabes. Il n'y a d'ailleurs que voir l'Assemblée pour s'en persuader... L'idée que leur nullité politique alliée à une intelligence discrète les ai éconduit des processus de nomination ne semble pas avoir effleuré nos hétéros beaufs. Revenons aux US

De passage par la Nappa Valley pour aller voir si leurs vins sont si bons qu'on le dit (ils le sont mais ils ne se mouchent pas du coude sur les prix), nous voyons bien dans ce havre de prospérité que toutes les tables sont peuplées de blancs. Des hommes et femmes de couleur on en voit : chez les serveurs, ceux qui vident les poubelles, travaillent dans les vignes ou tondent les pelouses par 40°. Pour être allé chercher mes journaux à 6H30 dans le même café que les éboueurs du 14ème, je puis attester que l'uniformité de couleur n'y existait pas. On peut se flageler jusqu'à après demain, mais nous ne sommes pas aussi brutaux que les américains.

L'explosion de violence à Trappes montre les résultats d'une politique de ségrégation territoriale mais aussi paradoxalement les limites d'un Etat Providence suffisament généreux pour permettre aux classes opprimées de s'en rendre compte : aux US, sans aucune protection (ou presque) de l'Etat, les humbles souquent plus que de raison sans avoir le temps de penser à se révolter. Pour le grand basculement, ne comptez pas sur les States. La lutte des classes arrêterait le business qu'ici rien n'arrête, pas même Chuck Norris.

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