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22/07/2013

Carte postale de Santa Cruz

Je sais bien que Paris, Roubaix, la Baule et Marseille ont de sensibles différences. Mais il n'est pas sérieux d'envisager la France comme une terre de contrastes lorsque l'on s'est rendu une seule fois aux Etats-Unis. C'est juridiquement le même pays qui abrite un Etat comme la Floride, où l'on peut tirer les noirs comme des lapins, les abattre et ne pas passer par la case prison au nom de la soi-disant "légitime défense" et aller à la rencontre d'une ville universitaire comme Santa Cruz, où les électeurs de Mélenchon seraient mal vus, car ici, on aime pas les gens de droite... 

Je ne sais pas si je me serai arrêté à Santa Cruz si nous n'avions pas reçu une charmante invitation pour notre remontée de la côte californienne, de L.A. à San Francisco. Peut être m'aurait-on conseillé Monterrey, même s'il n'y a rien à faire dans cette ville à part goûter de délicieux suhis et se faire couper lescheveux pour constater que vraiment, partout dans le monde, les coiffeurs aiment parler météo... Bref, nous sommes arrivés à Santa Cruz pour quelques jours et je suis vraiment heureux d'avoir fait cette escale. Sans doute la réussite de l'étape tient dans la qualité de nos hôtes; nous sommes hébergés par un prof de la fac et sa femme. Un couple de puits de science établis dans la région depuis longtemps. Et ils aiment assurer le narratif de la ville.

Le point de départ ne manque pas d'intérêt: dans les années 60, Santa Cruz est une petite ville côtière, connue surtout pour son parc d'attraction et qui vote majoritairement Républicain. Lorsque la décision est prise d'installer un campus expérimental, d'intenses discussions sont entamées pour savoir si les étudiants auront le droit de voter là, ou s'ils devront voter dans leur lieu de résidence principale. Panique dans les rangs des conservateurs à l'idée de laisser le droit de vote à ces hippies... Qui traînent l'affaire devant la justice et obtiennent gain de cause... Depuis lors, la ville vit très à gauche, très très à gauche et les derniers républicains sont morts ou en partance.

Concrètement, cela se traduit par l'installation d'une grande ferme bio sur le campus, avec de nombreux apprentis. Mais pour aller au-delà de l'étape bobo, une partie des fonds de la ferme va à des programmes d'éducation et d'accès à une nouttiture saine pour les populations les plus populaires de la région, majoritairement latinos. La fac n'est évidemment pas exempte d'égalitrisme en gardant des frais d'inscription en dessous de la moyenne des bonnes facs (compter 13 000$ par an quand même) mais surtout en augementant sensiblement le nombre de bourses et systèmes dérogatoires pour obtenir la gratuité des études. Enfin, les habitants du quartier pratiquent une démocratie particiipative plus active que dans la plupart des comtés du coin. Dans notre cas, nous avons poussé le vice écolo jusqu'à vivre chez des gens dont les panneaux solaires sur le toit les fournissent en énérgie et alimentent une bonne partie du voisinage... Dernier point notable, la ville est pensée de sorte que le vélo ait sa place et que la voiture ne soit pas une nécessité absolue au quotidien. Ca laisse vraiment songeur de se dire que ce havre de paix se trouve dans le même pays que la mecque du mauvais goût qu'est Miami...

Enfin, pour achever la carte postale idyllique, je me suis rendu à l'aube, quand la brume envahit encore toute la baie, sur la piste d'athlétisme de la fac. Un régal pour les genoux et les athlètes en général. Et pour les yeux, j'avais sur la pelouse au milieu, le choix entre le ridicule des chorégraphies des cheerleaders du coin et le ravissement des nombreux faons venus paître tranquille.

Peu indiqué sur les guides, la ville vaut à mon sens vraiment le détour ; d'autant qu'elle abrite une impressionnante libriairie où l'on trouve du Marie n'Diaiye. Et juste à côté, une boutique avec du bon café : franchement, que demande le peuple ?

 

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