08/09/2013
Le FN, nouveau miroir aux ambitions ?
Longtemps le parti a été qualifié d'infréquentable et ne risquait donc pas d'attirer grand monde dans ses rêts troués par l'idéologie. Pas de surprise au casting : que des fachos, anciens fachos, néos fachos...
L'idéologie n'a évidemment pas changé, mais Marine le Pen a habilement reprisé le tout avec des mots clés valises : "Patriote", "République", "Nation", "Grandeur de la France". Certes, dès qu'on la taquine, le débat sur l'immigration focalise l'alpha et l'oméga de son discours comme de sa réflexion, mais de prime abord, les nouveaux oripeaux sont plus présentables. Les nouveaux résultats et les nouveaux sondages aussi. Et cela change foncièrement le casting. Robert Ménard à Béziers, l'ex plume de Barnier, prof à sciences-po candidat à Istres, (voir là) nous n'en sommes probablement qu'aux prolégomènes des transferts. Dans le nouveau visage du FN, il y a les mêmes idées rides en moins comme Marion Maréchal le Pen, mais il y a surtout des tas de nouveaux arrivistes qui pensent leurs carrières bouchées par ailleurs. En cela, les cas de Philippot ou Collard sont intéressants.
Collard est un hétéro beauf. Bourrin, amateur de sorties grasses et de gracieusetés fréquentes sur les arabes et les roms. Un gros lourd, donc, mais qui n'a rien à envier à un Mariani, un Lionel Luca, un Ciotti ou même un Estrosi. Seulement voilà, comme montré à l'instant, le casting était trop plein à l'UMP. Collard s'est tenu en marge pendant des années car il ne pouvait intégrer l'UMP et ne risquait pas le FN car il n'aurait pas été élu, dès qu'il a vu la brèche électorale, il s'est engouffré avec succès.
Idem pour Philippot qui a fait ses premières armes chez Chevènement. Là, le potentiel électoral était limité. Le transfert naturel l'aurait poussé vers le PS. Mais son profil d'HEC/ENA déborde de tous les cabinets ministériels. Pourquoi passer 15 ans à pondre des notes quand on peut en quelques mois arriver jusqu'aux plateaux télés ?
Ces deux exemples réussis vont immanquablement amener des tas de nouveaux candidats. Ménard à Béziers, donc, sera sans doute suivi d'autres nouveaux visages d'un FN attrape tout. Des intellos, voir des technos en quête d'encanaille, de carrière courte. Beaucoup de routiers de la politique, des quinquas qui n'ont plus de temps à perdre et veulent se lâcher. Des avocats, des journalistes (Zemmour est trop malin pour franchir le pas, mais il discute déjà avec Marion Maréchal) ou éditorialistes. Les égéries de la manif pour tous qui voulaient poursuivre le débat dans les urnes et qui ne trouveront pas de places à l'UMP car il faut recaser les battus des législatives, voilà une armée hétéroclite qui pourra trouver des places éligibles aux municipales ou surtout, aux européennes. Ces élections n'intéressent personne et le mode de scrutin hors sol risque de réserver des désagréables surprises l'an prochain. Le niveau record d'europhobie ouvre un boulevard aux impétrants qui arboreront l'étiquette FN. Ces derniers pourront se prévaloir de la primeur en matière de haine bruxelloise. Les anglais ont ouvert la voie avec l'UKIP dont la seule raison d'être est de sièger au parlement européen pour en critiquer l'existence. Je verrais bien Alain Delon dans ce dernier rôle. Ces propos sur l'homosexualité contre nature le place en excellent posture... Il pourra faire un beau duo avec une autre ancienne gloire, Brigitte Bardot, qui pense que les chiots et les taureaux ont plus de droits que les roms ou les arabes...
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