18/11/2013
Si les Ricains n'étaient pas là, nous serions tous en Germanie (edit 2013)
Edit 2013, donc. Pas 1970, avec cette vision guerrière, où il s'agissait de choisir les Yankees contre les Popovs... Sortir une connerie pareille m'aura valu une recherche iconographique de toute beauté. Ha, qu'il a la mèche frondeuse, la moue boudeuse et l'oeil enfiévré, Michel. 43 ans plus tard, ce réac absolu et pro peine de mort déclare quand même que s'il faut payer ses 75%, il le fait puisque "tout le monde est dans la mouise, autant filer un coup de main". Ca ne change pas sa conception des inégalités, le fait qu'il soit pour la peine de mort ou qu'il ait écrit des atrocités colonialistes. Mais il y a une admiration pour l'envie, la vie et la volonté de créer des Yankees qui pourrait être plus partagée. Je veux dire au-delà du cas de Sardou, parce qu'avec un étendard pareil, il est délicat d'obtenir un rassemblement des plus progressistes...
Toute la journée, on nous explique sondages à l'appui que la France est moins douée pour le bonheur que les autres (Claudia Sénik) que nous avons moins confiance en l'avenir que les irakiens ou les afghans (Algan et Cahuc). Ces penseurs on ne peut plus sérieux, montrent dans leurs travaux qu'un retour à plus de confiance en nous et d'envie suffiraient à capter un nombre incommensurable de contrats (Algan cite 2 à 3% de PIB, ne nous attardons pas sur ce chiffrage, mais disons que ça ne peut pas faire de mal). Pour l'heure, ce discours reste muselé où du moins pas suffisamment répandu. J'ai la chance de diriger les programmes de forums économiques et sociaux fondés sur l'empowerment à la française. Je m'interroge parfois sur l'utilité de ce que je fais, mais en sortant la réponse me revient aux oreilles par des dizaines de participants qui pourtant ne se connaissent pas entre eux : "Merci pour ce que vous faites, ça fait tellement bien de sentir cette énergie créatrice". S'ils le disent, je ne vais pas les démentir... Et d'ailleurs, une anecdote personnelle m'a fait abonder dans le sens des participants ; quand on fait le con sur l'estrade, on se rend moins compte.
Samedi soir, nous étions réunis à égalité entre coqs français et aigles ricains. Le match vraiment amical était équilibré à 10 contre 10 et si nous nous sommes séparés à égalité d'estime, impensable pour autant de parler d'un match nul. Nous bûmes tout autant, mangeâmes en quantité respectables, mais si l'est un point sur lequel la comparaison tourna franchement en notre défaveur, ce fut au décibelomètre. La vache, nous prîmes cher. We took very expensive comme diraient les élèves de mon Titcheure. Pourtant, ceux qui me connaissent dans la vraie vie savent que je n'ai pas des cordes vocales effacées, mais rien à faire. Ils ne hurlaient pas pour le principe, mais par naturel. Et ils riaient à faire trembler les murs. Je me suis entretenu avec certain d'eux, mais de choses futiles au possible (les beautés de Paris et New York, la splendeur de la gastronomie ou des vins). Loin de moi, donc, l'idée de savoir de quoi leur quotidien se compose. Impossible, pour autant, d'imaginer que ces dix personnes connaissent une trajectoire parfaite, personnelle et professionnelle, qui les pousse à rire à gorge déployée. Mais ils préfèrent ne pas s'appesantir, rire, mordre la vie et repartir de l'avant. D'un point de vue amical, leur enthousiasme de façade s'avère souvent décevant : on vous tape dans le dos, on promet de se revoir, on se kiffe à mort et la réalité du temps long est mise à mal. Mais parfois ça prend. Dans tous les cas, le fait de maintenir l'étincelle ne peut pas avoir que des défauts. En tout cas, ça fait plus rêver que le modèle allemand...
08:17 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Comme tu dis vrai mon Castor! Si nous pouvions laisser de côté notre sinistrose bien franchouillarde et prendre (un peu) (pas trop quand même paece que c'est un peu énervant tôt de même) de l'enthousiasme américain ça nous ferait pas de mal.
To goude listeneur hello!
Écrit par : Titcheur | 18/11/2013
You said it bouffi ! (And big thinking of you after your last post... That hurts)
Écrit par : Castor | 18/11/2013
Le modèle allemand je sais pas, mais en tout cas question parler fort, rire bruyamment, boire joyeusement, mordre la vie et la choucroute à pleines dents, ils savent faire.
Écrit par : Alexander | 18/11/2013
@ Alex : je fais confiance, mais n'étant pas un fanatique de choucroute, je suis plus allé aux US qu'en Allemagne !
Écrit par : Castor | 19/11/2013
Oh je suis loin d'être un spécialiste de l'Allemagne, mais l'expérience de l'unique mois passé là-bas cumulé aux différentes rencontres que j'ai pu faire avec des Allemands en France et à l'étranger me pousse à vous assurer que chez les allemands aussi, il y a une frénétique joie de vivre que l'on pourrait désirer. C'est sans doute moins le cas pour la frange de la population payée à 4 euros de l'heure, mais à ce niveau-là les américains n'ont pas non-plus trop à faire les malins. J'aime à croire qu'il y aurait en France une espèce de cynisme et de pessimisme culturel assez largement répandu, c'est sans doute irrationnel mais l'idée me plaît pas mal. Une humeur nationale à défaut d'une identité :D
Écrit par : Alexander | 20/11/2013
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