08/12/2013
Ce refus continu de changer la vie
Quoi de commun entre la loi sur la prostitution et la possible réforme du statut des professeurs de classes prépa ? En apparence, aucune similitude, mais en réalité, un même refus de changer le réel. Dans les deux cas, beaucoup de gesticulation et le recours à des mots clés : République, égalité, mérite et bien sûr Droits de l'Homme. Mieux, on botte en touche avec une solution de facilité en parlant de courage quand dans les deux cas il s'agit de lois d'une infinie lâcheté...
Sur les profs, c'est l'évidence, donc inutile d'insister. Les profs de prépa sont donc bien payés, pas outrageusement, mais bien payés. J'étais hier avec un ami qui occupe ces fonctions. Il gagne un peu plus de 3500 euros nets par mois. A 25 ans en bossant 20h par semaine comme le veut la propagande, ce serait sans doute abusif. Mais le prof en question a 50 ans, bosse 60 heures par semaine, puisqu'il prépare aux concours doit refaire chaque année intégralement ses cours et ne peut donc jamais lever le pied. A cette aune là, 3500 euros c'est décent. C'est bien mais pas fou. On oppose apparemment dans le débat actuel que c'est trop par rapport aux autres. Sans voir que le problème est inverse et que les autres sont trop mal payés... Peillon veut s'assurer le soutien de l'ensemble des profs et croit l'obtenir en se montrant solidaire et en stigmatisant les quelques milliers de supposés "privilégiés". Il refuse de dire qu'il faut changer le lot inacceptable pour la majorité et tirent dans le dos de ceux qui s'en sortent un peu mieux. Lourde erreur... Et une déception de plus pour moi qui attendait tant de ce philosophe Républicain en diable égaré en politique...
Sur les prostituées, François Morel a tout dit mieux que moi ici. Comme il est dit dans sa chronique, si on abolit la prostitution parce que c'est un métier trop dur et que les gens ne peuvent le choisir, pourquoi ne met-on pas fin au métier d'éboueur, aux types qui vont dans les centrales nucléaires, à ceux qui aident des personnes en fin de vie, ceux qui travaillent dans les abattoirs... Le monde est ainsi fait que, poussés par le désespoir économique ou la peur des mafias dans le cas de la prostitution, certains se livrent à des pratiques qu'ils n'auraient pas choisi spontanément. Et les socialistes nous disent : punissons les clients et tout s'effacera. C'est encore plus stupide que le nuage de Tchernobyl s'arrêtant à la frontière. Non cette loi ne résoudra rien, elle exposera encore plus ces cohortes de malheureuses sous la coupe de mafieux, elle les obligera à se cacher encore plus et donc à être moins protégées. Un gouvernement qui voudrait encore changer la vie aurait mis le paquet sur le démantèlement des filières mafieuses et renforcé les moyens aux associations aidant les prostituées. Lorsque la volonté de changement est là, on se donne les moyens : si on veut qu'elles cessent de se prostituer, il faut leur donner un cadre pour s'intégrer, formation et tutti quanti. Là, on les transforme en chair à charter...
En 1995, Jospin entrait en meeting sur un tube de Goldamn, "Il changeait la vie". 18 ans après, l'ambition des amis d'Hollande s'est rétrécie, ils sont restés chez le même artiste mais on choisi "Entre gris clair et gris foncé".
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