08/02/2014
Tu seras patron, mon enfant.
Il ne faut jamais désespérer de ce gouvernement ; ils vont nous surprendre jusqu'au bout. Empêtrés dans des rumeurs de la théorie du genre, les ministres cherchaient un couvre-feu. Il vint de Geneviève Fioraso et avec quel aplomb, quel à propos, quelle mesure et justesse ! La solution géniale de notre ministre de l'enseignement supérieur ? Inspirée par Valls parlant de la famille, elle se permet de piétiner les plates-bandes de Peillon en susurrant une idée pour les élèves de maternelle : les inciter à l'entreprenariat. Si si, elle a insisté, "développer une culture de l'entrerprenariat à partir de la maternelle".
Elle aurait pu se contenter du lycée, dire qu'en cours d'économie il n'était pas idiot d'expliquer les grands régimes de travail, que l'on pouvait être indépendant, salarié, intermittent, fonctionnaire ou entrepreneur. Monter sa boîte. Et puis s'arrêter là, parce qu'à 17 ans les mômes d'aujourd'hui comme d'hier ne sont jamais sérieux. Mais Fioraso a plus d'ambition que ça : à 4 ou 5 ans, donc, on prépare la crème des boss de demain.
J'aurais vraiment assister à la réunion du cabinet de la ministre où ses plus brillants conseillers ont fait tempêter leurs cerveaux pour aboutir à cette audacieuse proposition. Ils s'y sont forcément mis à plusieurs. Ont rivalisé de formules définitives sur l'état dans lequel les précédents gouvernants avaient laissé le pays : comptes publics en ruine, moral en berne et vice-versa. Par rapport à cela, il fallait une grande idée. Bien sûr, ils auraient pu se concentrer sur leurs attributions. Mais les facs désargentées qui n'embauchent pas les profs nécessaires et recourent de plus en plus à des vacataires, ne financent plus correctement les recherches et vont être contraintes d'augmenter très fortement les frais de scolarité, c'est peu vendeur. En revanche, dire que les maux du pays viennent d'un déficit de confiance (vrai en partie) et que cela commence dans l'éducation (toujours vrai) c'est plus simple. Sauf que partir de deux vérités empiriques, culturelles, lourdes et y apporter une solution pratique et bourrine, bizarrement, ça marche pas...
Admettons que cela passe, qu'adviendra t'il ? Faudra-t-il leur expliquer qu'ils peuvent vendre leurs dessins ou les garder pour spéculer et les confier à un intermédiaire, ou galeriste, et espérer que leur réputation croisse ? Insister sur les possibilités de trocs de billes ? Quand je me rappelle les approximations dans nos calculs au moment de troquer billes contre calot, je me dis qu'on est pas sortis de l'auberge... Pas sérieux. Chère Geneviève, l'innocence de l'enfance est bafouée dans de nombreux pays où les gosses vieillissent prématurément à cause des guerres ou des trafics. D'autres n'ont pas le droit à l'enfance car on les force à travailler où on esclavagise leur corps. Chez nous, les minots sont encore protégés de ces affres et ont le droit d'attendre vingt ans avant de se coltiner le bordel ambiant. Howard Buten, quand il écrit quand j'avais cinq ans je m'ai tué devait savoir qu'un jour tu viendrais et dirais cela...
08:15 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Je suis pour! On les met au boulot à 5 ans, et on va se la couler douce au soleil…
Écrit par : Yola | 09/02/2014
Ha ha ! Je l'avais pas vu comme ça, mais c'est un plan parfait et sans accroc
Écrit par : Castor | 09/02/2014
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