Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/02/2014

Il a écrit "Free !", il a pas tout compris

1507-1.jpgJ'imagine qu'il doit être pesant d'être précédé par une aura de légende. Je veux dire par là que toute une génération vous considère comme une espèce de Demi-Dieu, mi gourou, mi visionnaire ultime. Il a écrit La longue traîne, Makers et dirige la revue Wired. On écoute ses prophéties comme on consulte un haruspice avec la même volonté de placer aveuglément toutes ses forces et deniers là où l'indique l'ami Chris Anderson. Aussi, j'abordais la lecture de Free ! Comment marche l'économie du gratuit avec un enthousiasme mâtiné de doute sur le concept de la gratuité. Mais enthousiasme. Vite retombé...

Anderson est sans doute un excellent observateur des oscillations et mutations du marketing, mais la réflexion de fond sur les rapports entre l'humain et l'économie ne l'intéresse pas du tout. Dommage. Vous sortez d'un livre de 350 pages sur l'économie du gratuit sans un début de commencement de queue de réflexion sur ce que l'on fait des produits financier de cette gratuité. Car sur les 400 plus grandes fortunes américaines, 11 se sont bâties ces dernières années, sur du gratuit. Bon. Mais 1/ Certains gagnent énormément d'argent sur de la gratuité, mais avec la force d'autres hommes et ce ne serait pas nécessaire de partager ? 2/ L'économie de la gratuité détruit plus d'emplois qu'elle n'en crée et il ne faudrait jamais s'interroger la dessus ? Etranges impasses dans les raisonnements d'Anderson.

Le problème de ce livre est qu'il s'attaque à une nouvelle économie et la pense comme l'ancienne. Il part de la célèbre maxime d'Oscar Wilde, "on connaît le prix de tout et la valeur de rien" et la détourne en se disant que lorsque le prix est rien on peut atteindre une valeur de fou. Et il ne quitte pas cet axiome erroné pendant tout son ouvrage. Ainsi sur les livres, il cite un crétin d'éditeur qui prétend que le drame des livres n'est pas leur piratage, mais le fait de rester dans l'ombre. Aussi, Anderson propose d'exposer, d'innonder, de saturer les cerveaux de gratuité pour une poignée de yuppies et fuck les autres. Si c'est ça la nouvelle économie, rendez-moi l'ancienne... J'attends le grand livre sur l'autre économie qui se crée grâce au web, l'économie collaborative. Et ça, ça vaut le coup de transpirer pour la faire progresser.

Les commentaires sont fermés.