Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/02/2014

La journée de colère sans fin des jeunes français

arton503.jpgSi les racistes sont indubitablement des gens qui se trompent de colère, celle des jeunes français a ses raisons que la raison n'ignore plus du tout. La récente enquête "Génération quoi" ne changera pas forcément la perception des décideurs de tous ordres. A tort. Il faut lire le résumé de cette enquête pour laquelle 210 000 jeunes de 18 à 34 ont répondu. Ce n'était pas un sondage de rue ou téléphonique, affaire d'une poignée de secondes. Non, il fallait se fader 143 questions, pour 20 minutes, sans rien à gagner autre que faire avancer le schmiliblick.

Cet engagement volontaire mériterait tout de même que les médias couvrent plus l'événement qu'une vaine querelle à propos d'une des rares fois où Valls ne dit pas de conneries (évidemment que Goasguen vient de l'extrême droite). Ce qu'on lit dans Génération quoi est une défiance généralisée, trait français, mais exacerbée chez ses plus jeunes représentants. L'impression de ne pas être payé à la hauteur de leurs mérites. Là aussi, on dira qu'ils ne sont pas les seuls. Mais l'écart entre leurs désirs et la réalité est bien plus fort pour eux et les perspectives de statuts protecteurs ou de confortables retraites se sont évanouies. D'où l'augmentation très vive des désirs d'exils. Désirs d'avenir ailleurs, en somme. Désirs d'autant plus fort parmi les élites. Or, et c'est là le malaise, aucun pays ne survit sans sa jeunesse diplômée. On a bien vu les conséquences désastreuses dans les anciennes colonies de l'exode des meilleurs d'entre leurs jeunes. Cela laisse les pays exsangues, momifiés et sans créativité. Contrairement aux idées reçues arguant que nous formons trop de jeunes, nos élites sont trop chétives. Si vous êtes dans l'informatique ou ingénieur, vous êtes chassés en permanence. La France devrait plus largement se saisir de l'orientation, de la formation tout au long de la vie et autres chantiers pour mettre en adéquation besoins et aspirations plutôt que d'ériger le pacte de responsabilité, cette ligne Maginot du plein emploi. 

A l'instant, France Inter vient de couvrir l'enquête en citant quelques chiffres sans autre forme d'émotion. Une distance d'autant plus regrettable que l'un des enseignements majeurs de l'enquête tient justement dans la volonté de radicalisation de la part des jeunes qui rêvent d'un nouveau mai 68. On l'a vu avec les différents mouvements de ras le bol, cristallisé dans le Jour de Colère où le pus défilait en criant "à mort les juifs, les pédés" et autres joyeusetés. Le sujet a été éludé par tous, considérant que ce n'était qu'un épiphénomène. Sans voir que l'on ne parle que d'eux. Et si peu de tous ceux, très largement majoritaires, qui veulent s'engager. Le service civique était choisi par 10 000 jeunes par an il y a 3 ans. On atteindra les 50 000 cette année et 100 000 prochainement. Partout les jeunes montrent leur volonté de s'impliquer, de donner du sens pour peu qu'on les écoute et leur donne des responsabilités. On les dit égoïstes et indolents, mais dans les baromètres annuels, il ressort que la rémunération ne cesse de glisser parmi les priorités des jeunes diplômés qui veulent avant tout du sens à leur tâche et un bon équilibre vie personnelle/vie professionnelle. Un altruisme hérité des excès de l'histoire, ils ont vus leurs parents se perdre en essayant de gagner leur vie. Les aider à réussir la leur doit être l'absolue priorité.  

Les commentaires sont fermés.