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02/03/2014

Confiteor

7765051372_confiteor-jaume-cabre.jpgVoi che entrate, lasciate ogni momento libero. Qu'on ne se méprenne pas sur le détournement dantesque, car Confiteor de Jaume Cabre n'a rien de l'enfer. Au contraire, sa lecture est quasi paradisiaque, excepté à l'issue des 800 pages, lorsque vient le moment de refermer le livre. Moi qui vitupère souvent contre les éditeurs qui ne savent pas couper leurs auteurs, je n'aurais jamais tenu rigueur à celui de Cabre s'il avait enjoint son auteur à rajouter quelques centaines de pages à l'hénaurme livre.

D'où l'invitation initiale à vous dégager du temps libre : on ne s'attaque pas à Cabre avec quelques trajets de métro, on prévoit de grosses plages de temps libre pour plonger dedans avec avidité et on se laisse balader entre les époques par un narrateur érudit et courtois. C'est un de ces livres colossaux dont on ressort éprouvé (en bien) assez admiratif en pensant à l'auteur, à son travail de longue haleine (8 ans) et interrogatif sur ce qu'il pourra écrire d'autre après cet opus magnum. En même temps c'est son problème... 

Confiteor, roman glouton, démesuré. D'une érudition folle, mais sans pédanterie. D'un souffle historique puissant, mais sans vous donner ce tournis nauséeux des auteurs qui veulent asseoir leur supériorité sur leurs lectures. Impossible de résumer l'histoire sans trop en dire ou sans rabougrir l'ambition de l'auteur. A tout le moins, on peut camper le décor. L'histoire se passe en grande partie au XXème siècle pour finir aujourd'hui. On suit le narrateur de la petite enfance au crépuscule de sa vie, avec des allers/retours. Les parents du petit sont des barcelonais fortunés, avec des biens mal acquis qui leur ont profité tout de suite. Ils se déchirent sur un sujet, l'avenir de leur fils. La mère voudrait qu'il soit violoniste virtuose, le père rêve d'en faire le plus grand érudit de l'époque, un philologue façon Renaissance parlant dix langues, dont l'araméen... Ces tiraillements permanents sont d'une richesse narrative infinie. En traversant le roman de Cabre, on interroge l'histoire, les grands et les petits mensonges, les amours évidentes et les plus compliquées. C'est surtout un livre qui interroge la grande question actuelle "qu'est-ce qu'une vie réussie ?" avec plus d'élégance, de finesse et de brio que tous les bouquins pompeusement baptisés essais qui encombrent les tables des librairies ou les rayons "développement personnel". De la dentelle brodée sur une infinité, ou presque, de phrases, Confiteor relève quasiment de la faute de goût par excès de raffinerie. Un peu comme une cuite au Château Chasse Spleen 1995. Une faute de goût trop raffinée pour être condamnée. Santé !  

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