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07/06/2014

Me, myself and I at work...

9782021111491.jpgAprès avoir refermé le livre, je me suis précipité sur Google pour chercher les recensions qui ont accompagné la sortie de cet ouvrage en septembre 2013. Maigre, très maigre. Quand on voit le barouf qui a accompagné le Parlement des Invisibles de Rosenvallon qui pourtant n'agite pas grand chose, on se pince un peu sur la médiatisation des essais. Car que nous dit Rosenvallon ? Qu'il y a des tas d'oubliés en France et qu'on ne leur tend jamais le micro. C'est vrai. Mais n'en avait-on pas une petite idée avant que l'auguste professeur vienne nous éclairer ? A bit my nephew.... C'est pas sérieux. Les essais qui enfoncent des portes ouvertes "il y a du stress au travail", ou son pendant "essayons le bonheur au travail !" explose la présence sur les ondes et ce livre, pourtant très accessible et plein de propositions passe en dehors des écrans radars. Dommage.

Vu de loin, Pennel pourrait passer pour un dangereux Tatchériste car il ne prend pas de pincettes avant d'employer des mots valises "hausse de l'individualisme", "fin du CDI" ", "discontinuité des carrières", "libre choix". Sauf que sauf que sauf que... Pennel travail avec le BIT et est un proche de Jacques Généreux, l'économiste en chef du Front de Gauche. Il acte qu'à part une terrifiante dictature, la montée en puissance de l'individu ne pourra pas être remise en cause et qu'il faut en prendre notre part pour repenser les modes de travail.

10 000 métiers disparaissent, mais 10 000 métiers se créent et mutent. Pennel ne veut pas jouer les déclinistes d'où le proverbe chinois qu'il a placé en exergue de son ouvrage "quand le vent du changement souffle, certains construisent des murs, d'autres des moulins à vent". Il note que sur les créations d'entreprise de 2011, 80% d'entre elles étaient en unipersonnel (dont l'auteur de ces lignes), que les nouveaux diplômés n'ont plus les mêmes aspirations professionnelles et personnelles que leurs aînées et que refuser de voir cela, c'est se tirer une balle dans le pied. Pennel partage le constat de Zygmunt Bauman sur la modernité liquide et avance qu'aujourd'hui les plus puissants doivent aider les plus faibles pour les aider à monter sur le manège qui tourne vite plutôt que de chercher à arrêter le manège. J'adhère.

L'autre point intéressant de son livre c'est l'extrapolation de sa thèse sur la nouvelle économie fondée sur du collaboratif et de la reconnaissance. Internet accélère la possibilité pour chacun de se mettre en avant et de se faire recommander. Pennel y voit un retour vers un nouveau Moyen Age avec des guildes et des artisans d'un genre nouveau venant directement proposer leurs services. J'ai aimé. 

Dans les pistes qu'il avance, certaines sont déjà à l'oeuvre et doivent être poussées (économie du don et bénévolat, nouvelles formes de solidarités telles que le crowdfunding), d'autres sont à inventer (refonte des contrats de travail, création d'un compte d'assurance sociale tout au long de la vie...) ou à co-construire. D'ailleurs, contrairement aux discours pontifiants des rapports type "si vous n'appliquez ce que je vous dis à la lettre, alors la foudre s'abattra", Pennel arrive avec humilité sur la partie proposante. Il laisse habilement aux individus concernés la possibilité de travailler collectivement sur un nouveau contrat social. Ecrire la vie devant soi, mais tous ensemble. Ceci mérite lecture.

 

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