10/06/2014
Le Pen sera toujours le Pen
C'est vraiment dommage d'avoir réélu JM Le Pen député européen. Rendu à sa liberté et à la fameuse liberté civile, il aurait sans doute triomphé sur les planches pour une tournée de one man show. Quel humour... Quelle idiotie aussi, de tendre les micros à ce vieil homme amer, exaspéré de voir que les caméras se sont éloignées au profit de sa fille. La chair de sa chair qui ne goute pas ces fines plaisanteries. Elevé par un pur macho à l'ancienne, aussi facho qu'elle soit, elle n'en demeure pas moins une bonne femme. Pas de gégène en Algérie pour former la jeunesse, pas de coup de poing et de ratonade dans ces jeunes années... Tsss. Marine délègue, elle ne dédaigne pas, d'ailleurs sa garde rapprochée figure au GUD. Mais les sorties de route trop faciles, elle évite. Fille indigne... Alors Le Pen en rajoute, Ebola hier, Patrick Bruel aujourd'hui, qui demain ? Personne ne le sait. La colère le rend imprévisible. Hier, il jubilait, la presse a défilé toute la journée chez lui pour lui demander de se livrer à un commentaire de texte. Et les experts de chercher à jauger doctement le taux de contestation des propos du vieux leader pour estimer le taux de respectabilité de la jeune génération... Cela donne envie de prendre l'ancien au mauvais mot en affirmant que les dérapages de Le Pen sont un point de détail de l'histoire du FN. Laquelle se construit bien au-delà de ces quelques écarts de langage...
Ainsi, ce qui est plus intéressant dans ce nouveau contre feux, c'est la ligne de défense du Front National. Plus malin que le PS et l'UMP lorsque ceux-ci voient leurs camarades inquiétés, le FN est monté au créneau le jour même. Vanneste reste à l'UMP après moults propos homophobes, Guerini met des années à être contesté par ses copains quand tout l'accable ; le FN punch tous ceux qui ne cadrent pas avec la jolie photo le jour même. Dans le cas d'espèce du week-end, certains (Collard) évoquent la démission du grand chef. Courageux, même si pas suivi des faits aujourd'hui. Peu probable qu'elle advienne demain. L'éducation très catholique de la jeune Marine ne l'autorise sans doute pas à commettre un sacrilège d'euthanasie politique.
Interrogé sur les propos de l'ancien, l'héritier Philippot commence avec son laïus "quand on parle de ça, on ne parle pas des vrais problèmes des français... Comme l'immigration"... Certains préfèrent les boutades malvenues, d'autres ont un ton plus sobre, mais les le Pen père comme fille n'ont jamais dépassé leur paradigme du "3 millions de chômeurs, 3 millions d'immigrés, faites le calcul !". Ils ignorent le fait que la France est dans les derniers pays en termes d'immigration, que nous accueillons infiniment moins d'étrangers chaque année que les anglais, les allemands, les espagnols et les italiens et que ces débats sont billevesées... Ils contestent la pléthore d'études montrant que l'immigration est un bienfait économique et, pour des pays vieillissants, la seule planche de salut. Ce n'est tout de même pas la faute des immigrés si nous ne créeons par les centaines de milliers d'emplois dans les énergies renouvelables, dans le recyclage des déchets, dans l'agriculture de proximité. Idem, les hiérarques frontistes restent le nez rivé sur la fraude sociale, dont les montants -certes inacceptable moralement- sont dérisoires au regard des enjeux et de la fraude ou de l'optimisation fiscale. Yann Galut avait fort bien compris cela en s'opposant à Marine le Pen sur le fond d'un programme passoire plutôt que de commenter les notes de bas de page. Puissent les commentateurs s'en inspirer...
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