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06/07/2014

Amour, gloire et valium

dorian-gray1.jpgCette semaine, une vidéo circule sur Facebook pour montrer l'inanité de Facebook. Le court-métrage, visible ici, montre donc un homme à la vie misérable qui ment à son "réseau" pour dit que tout va bien, qu'il fait du sport à fond quand il est incapable de se remuer, qu'il est épanoui dans sa sexualité pour dire qu'il va aux putes et qu'il a quitté son job à la con pour ne pas dire qu'il s'est fait virer.

Que le film soit efficace, certes, mais ce qui me surprend ce sont les réactions. "Incroyable, tu as vu ce qu'il fait ? Il faut vraiment se méfier, tout le monde ne dit pas la vérité sur Facebook". Des propos d'une incommensurable naïveté, pour ne pas dire d'une franche connerie et pourtant relativement répandus... Qui peut vraiment penser qu'un réseau social a vocation à refléter exactement la vie des individus qui s'y connectent ? Qui serait assez pervers pour regarder une soirée plateau-télé et discussion météorologiques, résultats scolaires et impôts ? Les faux et vies héroïques existent depuis l'Antiquité, la seule chose qui change, c'est la massification puisque chacun a désormais la possibilité d'enjoliver sa vie pour la raconter aux autres. De son propre chef, ça c'est plus amusant. Car dans la télé dite réalité, le travestissement vient de scénaristes qui visent à éliminer l'ordinaire, l'anodin, pour dévoiler du spectaculaire. Sur les réseaux sociaux, on devient donc son propre scénariste. Mais là encore, rien de neuf. C'est propre à Internet.

Les hommes ne mesurent pas 1,79m ou les femmes 1,64m sur les sites de rencontres. On se grandit, s'amincit, montre son meilleur profil. On polit le joyau de sa vie pour rendre plus trépidantes ses vacances, son boulot et mythifie ses soirées entre amis. Franchement, où est le drame ? Et surtout, libre à tout à chacun de le croire. C'est une vaste comédie et par définition, il y a ceux qui regardent et ceux qui peuvent prendre part à l'élaboration du scénario.

Plus que le mensonge mis en scène, le court métrage montre surtout un homme en interaction avec de nombreuses personnes alors qu'il est seul à crever. Un homme qui souffre de la tyrannie de plus en plus forte au bonheur, à la vie réussie. Il suffit de se promener en librairie et de voir l'inexorable extension des rayons dévolus au développement personnel pour voir la perverse injonction à être heureux... Sauf que contrairement à ce que disent ces livres à la con, il n'y a pas de recettes si ce n'est d'essayer de ne pas trop se mentir, d'être ouvert aux rencontres et de ne pas tricher avec soi. Si l'homme du court métrage était plus entouré, il ne lui arriverait pas ça. Enfin, je crois hein.

Parce que vos vrais amis ne sont pas vos "contacts" (heureusement, car je crois que je suis à 800 et des brouettes, si je les avais tous invité à mon mariage, mon PEL n'aurait pas survécu) et qu'eux ne se feraient pas avoir par des subterfuges aussi grossiers. La solitude était grande cause nationale il y a quelques temps et c'est vrai que c'est une plaie terrible. Et je suis vraiment soulagé de n'en être pas frappé. Sur ce je repars en quête du bonheur qui est simple à trouver, aujourd'hui : go Rodger, do, le serbe doit trépasser, Wimb' is your house !!!

  

Commentaires

PAROLE DE SOCRATE

Socrate un jour faisant bâtir,
Chacun censurait son ouvrage.
L'un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir,
Indignes d'un tel personnage
L'autre blâmait la face (1), et tous étaient d'avis
Que les appartements (2) en étaient trop petits.
Quelle maison pour lui ! L'on y tournait à peine (3).
Plût au Ciel que de vrais amis,
Telle qu'elle est, dit-il, elle pût être pleine ! (4)
Le bon Socrate avait raison
De trouver pour ceux-là trop grande sa maison.
Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose.
Rien n'est plus commun que ce nom Rien n'est plus rare que la chose.

Jean de la Fontaine

Vaste demeure que FaceBook !

Écrit par : Béatrice | 07/07/2014

Merci Béatrice pour avoir exhumé ce beau texte qui m'était inconnu !

Écrit par : Castor | 07/07/2014

Les commentaires sont fermés.