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12/04/2015

Un livre inutile. Dans un monde parfait...

9782340003989.jpgJ'étais sans doute une des pires personne à qui donner ce livre. Ayant quitté par choix le monde merveilleux du salariat et ayant la chance de ne pas être contraint d'y retourner, je sais qu'à part une improbable coordination de circonstances exceptionnelles (poste passionnant, travailler avec un(e) personne supérieurement intelligente, qui vous aspire dans son sillage, des conditions horaires et pécuniaires sympathique, bref, pas la majorité des postes) je n'y reviendrai jamais. Alors, un livre sur les tracas des managers pressés...

Depuis que je travaille, mes rencontres, discussions ou interviews avec des centaines de managers m'ont confirmé dans l'idée que cette qualité professionnelle était aussi essentielle que mal prise en compte. Je ne dis pas enseigner, mais prise en compte. A force de répéter comme un mantra que "le management, c'est du bon sens" ce qui n'est sans doute pas faux, on euphémise l'importance de bien s'occuper de ses équipes au motif spécieux que cela s'apprendrait sur le tas. Il y a sans doute des prédispositions, mais il y a aussi, beaucoup, à écouter et à se remettre en question. Au fond, le mauvais manager est celui qui est incapable de se remettre en question. Bonne nouvelle, le livre est d'accord avec cette vue.

Autre bon point, les remerciements. Ceux là même qu'on ne lit jamais. Qu'apprend-t-on ? Que l'auteur remercie ses clients et ses étudiants qui ont bousculé ses propres vues sur le management. Mise en abime de l'auteur manager d'interviewés. Au-delà de la méthode, c'est la prudence de l'auteur qui est appréciable. Conscient de la difficulté qu'il y aurait à donner des leçons, il distille des vade mecum plein d'empathie : prenez ceci, pensez à cela, n'oubliez pas de regardez ça. S'il n'était écrit dans un style propre aux consultants, je l'aurais lu d'une traite... J'imagine que la déformation professionnelle était trop forte pour que ce consultant chez Deloitte écrive autrement que dans cette saloprie de novlangue managériale policée et exempte d'ironie. Tant pis, le fond vaut tout de même le détour.

Il vaut le détour parce qu'avec presque 1/5 salariés en mal être au travail, le rôle des encadrants est plus que jamais primordial. Parce qu'avec 72 mails professionnels par jour en moyenne, quand on songe à ce qu'est une moyenne, la mission du manager ressemble parfois à celle d'un Saint Bernard numérique. Parce qu'avec des frontières de plus en plus ténues entre vie professionnelle et personnelle ou, pour le dire plus crûment, avec l'invasion du privé dans l'intime, le bon manager sait mettre des barrières. Il sait repérer les faiblesses, encourager les progrès, éviter d'humilier, faciliter la cohésion en évitant de tirer la couverture à lui. Il sait recruter aussi, quand les besoins sont évidents. Or, nombre de manager à courtes vues pensent que cela "dégraderaient" leur performance et ne le font pas. Pour rappeler tous ces préceptes essentiels, ce livre est utile. Plus encore que pour vous, offrez-le à votre manager, en le délestant d'un dossier, par exemple pour lui laisser le temps de tout lire. Vous récupérerez bien du temps libre, bien précieux, par la suite. Merci à toi, Marc Jumbert, pacificateur de nos quotidiens déambulants. 

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