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24/09/2015

Entendre le bruit d'Oyster qui tombe, c'est la lecture qui souffre

LionUnderLeaningTree.jpgC'est une nouvelle qui fera peu de bruit au milieu du brouhaha de Wolkswagen. Eu égard aux scandales respectifs, c'est bien normal et pourtant, il faudrait mettre en débat la fermeture effective dans quelques mois d'Oyster. Ce service, né aux Etats-Unis où le marché du livre numérique est florissant, proposait sur le principe de Spotify et Deezer, d'offrir à ses utilisateurs un accès illimité à la lecture pour un abonnement de 10 à 15 euros par mois.

Curieuse coïncidence, au même moment, Deezer rentre en bourse après une année 2014 à 54% de croissance et Spotify engrange des nouveaux millions d'utilisateurs chaque mois. Comment ne pas faire le parallèle ?

Depuis des années, je maintiens aux cassandre de la mort du livre papier à cause de "la soif de lecture numérique" qu'ils se leurrent. Pas par conservatisme, pas par refus des nouvelles technologies (je compte bien m'acheter une liseuse numérique pour les vacances, c'est bien plus pratique), juste par observation des usages. Dans les années 80, les jeunes s'échangeaient des K7 piratés, reprenant le son des vinyles. Alors, la musique était beaucoup trop chère et tout le monde rêvait de pouvoir s'échanger des discothèques, de partager, d'emmener partout de la musique. Qui, dans les cours d'école, disait "vas y balances moi tout les Karamazov, les Misérables, Harry Potter" ? Peu de monde. Même ce dernier était offert par les parents heureux que leurs enfants lisent, mais ça circulait peu. Pas de raison que passé 20 ans, on aspire à "consommer" différemment de la lecture... L'enquête du CNL sur les français et la lecture est de ce point de vue lumineuse : si l'on a pas eu de livres chez soi petit, mal barré. Pas foutu, mal barré. Vous n'irez pas chez les libraires seuls. La solution est donc de trouver des prescripteurs à l'école, encourager encore davantage la lecture dès le plus jeune âge. Sur papier ou en numérique, contrairement à ce que pensent les incultes d'Itunes du livre, c'est le même combat. Celui de la singularité de la lecture coulée, celle qui n'est pas entrecoupée, la capacité à se plonger. Internet est un danger, pour cela, avec le multitasking permanent. Ce que montre parfaitement Roberto Casiati dans "le colonialisme numérique" ; d'où le besoin d'avoir des liseuses adaptées, sans accès aux tuyaux du web...

Amusant deuxième hasard, après l'écriture de cette note, je tombe sur une brève du Monde m'apprenant que les ventes de livres numériques sont en recul de 10,1% aux USA, pour la première fois... Preuve supplémentaire, ce d'autant dans un marché naissant, que le support n'est pas en cause, mais bien la pratique. Oyster est mort, tant pis. Pas tant mieux, toute initiative autour de la lecture mérite que l'on y prête attention. Mais cette mort doit nous interroger collectivement sur notre appétit de lecture : donnons aux jeunes la fringale de lire. La seule ou l'indigestion n'a rien de dramatique.  

Commentaires

Je ne connaissais pas ce site, et donc je ne le connaîtrais jamais.
Mais aimant lire avec le support meme du livre et allant à la librairie de ma ville avec bonheur, j'ai bien peur que cette "mort" renforce un peu plus les achats de livres sur Amazon. Et qui tend à tuer véritablement les libraires de proximité de plus en plus rapidement.

Écrit par : Guillaume | 24/09/2015

Il faut , cher Guillaume , continuer à acheter des livres dans les librairies de proximité .

C'est ce que je fais , mon libraire étant de bon conseil et ne pouvant être remplacé par un robot ...

Écrit par : Johanna | 18/12/2015

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