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21/01/2016

Le populisme du Siècle

populisme.jpgLe populisme représente un discours flattant le peuple contre l'élite. Nul besoin, évidemment d'être plébéien, pour tenir ce langage. Regardons Donald Trump, milliardaire américain, disserter avec succès sondagiers sur les ravages du système. Mais la veine de Trump reste très basique, très grégaire. Dans un autre registre de démagogie confite, Macron explose les compteurs avec son style de populisme entendu aux dîners du Siècle qui ravage tout (positivement) dans l'opinion.

Hier, donc, sur une grand chaîne il a affirmé que "la vie d'un entrepreneur est beaucoup plus dure que celle d'un salarié". Prononcé par un imbécile, cette phrase ne mériterait pas qu'on s'y attarde mais prêtons au loup de Bercy plus qu'un soupçon de jugeotte et demandons nous pourquoi proférer une telle ânerie ? Réponse : il sait à qui il parle. Comme lorsqu'il dit "je veux que les jeunes de banlieues deviennent milliardaires". Non encarté au PS, Macron ne reçoit pas les oukases de Cambadélis et autres membres du bureau qui lui font remonter le désarroi des militants. Chouchou des sondages, on peut douter qu'il se fasse corriger par Valls et Hollande pour toutes ces petites provocations vénielles qui n'impliquent pas de projets de lois. Ho, bien sûr, il s'était fait taper sur les doigts quand il avait expliqué que "le statut de fonctionnaire n'était pas adapté au XXIème siècle" : là, il mettait un coup de ses incisives dans le coeur électorale de la gauche, on l'avait réprimandé. Mais pour cette nouvelle économie à laquelle personne n'entend goutte et en manque de câlins, prête à se vendre au plus offrant fiscal, il faut des preuves d'amour politique.  Alors il se lâche, Manu, à la limite de l'obscénité. 

Il fonce sur son autoroute des bons mots à destination de la "vieille gauche" et ça le fait jubiler. Car il ne leur parle jamais aux représentants de ladite vieille, pas plus qu'aux salariés dont il s'est moqué hier. Il vit en vase clos avec ses journalistes thuriféraires et ses visites soigneusement choisies pour prendre cette France qui en veut, cette France qui innove, cette France de startuppers qui n'a que la "prise de risque" à la bouche, sans se rendre compte ce que cela a de prophétie auto-réalisatrice. Moi qui les côtoie pas mal, je vois que les mauvais n'ont à la bouche que des formules creuses comme celles de Macron "moi je prends des risques, si je m'arrête j'ai rien, je vis à 100 à l'heure. Mais bon, j'adore cela". Généralement, ils disent "laisse" au sujet des consommations ou du repas à régler, qu'il prend avec sa carte bleue professionnelle. En partant, il va dans un lieu confiné où il est invité, trouvera en rentrant en Uber un journal dans sa boîte aux lettres que sa boîte règle (le canarad et la course). Et jamais ne pense à tous ces menus avantages dont les salariés ne voient jamais le jour. Dans la novlangue de l'entrepreneur, on appellerait ça "des privilèges", pense le salarié qui ramène sa gamelle (ou tupperwear) sans jamais s'offrir la formule du déjeuner pour pas faire d'excès et qui toujours rentre en transports, même quand la nuit fut courte et la journée longue. Mais ce ne sont pas à ces salariés que Macron fait référence. Perdu dans son bocal de dominants, il pense à tous les cadres sups qui ne deviennent pas consultants ou start-uppers. Paye confortable, risques minimums, comme il est aisé de les opposer aux entrepreneurs... Comme c'est démagogique.

Pour autant, Macron n'est pas près de perdre la bataille des idées. Qui préfère le RSA aux milliardaires ? Qui n'est pas d'accord pour dire qu'un entrepreneur du BTP trimant 60 heures par semaines avec des charges importantes n'est pas plus méritant qu'un standardiste ? Cher Emmanuel, vous avez pour vous l'imaginaire dominant, le chuchotis immonde que j'ai trop souvent entendu chez les éditorialistes de Challenges, de l'Opinion et du Figaro (et Leparmentier au Monde...) sur les chômeurs qui préfèrent faire le tour du monde que d'accepter un boulot, ces profs invirables qui débitent des sornettes communistes, raison pour laquelle leurs mômes sont dans le privé.... Tous propos confinant à une déplorable simplification du réel pour le tordre dans la libido patronale, ce que jamais aucun politique ne s'était abaissé à reprendre, à part peut être Jean-François Copé. Au fond, c'est ça Macron, un Jean-François Copé distingué et habile.

 

 

Commentaires

---A première vue 4 fautes ( ou coquilles) de peu d'importance qui n'affectent pas la qualité du texte (vigueur ,avec quelques formules heureuses ...) .

Écrit par : Père Castor | 21/01/2016

D'accord avec Castor ; il est trop facile et surtout très dangereux d'opposer systématiquement une catégorie à une autre : le salarié au petit entrepreneur , l'actif au retraité , le fonctionnaire au privé , le vieux au jeune...

Une conclusion bien envoyée :" Au fond, c'est ça Macron, un Jean-François Copé distingué et habile" .Mais " distingué " est sans doute trop gentil : il y a une"distinction" qui dissimule une réelle vulgarité : "de la merde dans un bas de soie " a-t-on dit de Talleyrand ...

Écrit par : Léo | 21/01/2016

"Chouchou des sondages, on peut douter qu'il se fasse corriger par Valls et Hollande ..."

Selon la Pravda d'hier soir ( datée de ce jour) Macron est sans cesse visé par des piques de Valls qu'il supporte de moins en moins bien .

D'autre part , parfait " fils de pub" et champion de com' , il peut être assez vite victime d'un changement de mode ; l'article de la Pravda ( journal qui flaire bien les caprices de la mode) semble l'annoncer ...

Écrit par : Jean | 21/01/2016

Critiquer de l'intérieur un gouvernement , petit jeu facile et qui peut flatter le populisme ambiant ; Taubira le fait aussi , mais au nom de ses valeurs , ce qui est respectable , alors que Macron le fait seulement pour être vu .

L'opinion peut finir par ne pas apprécier que ce petit marquis poignarde dans le dos un exécutif aux prises avec de graves problèmes , et ceci , même si l'on n'approuve pas la politique du gouvernement .

Écrit par : Père Synthèse | 21/01/2016

"Il vit en vase clos avec ses journalistes thuriféraires"

Sa cour le lâchera au premier pépin , pour brûler ce qu'elle a adoré .

Il commence à être ridicule , ce que la presse la plus servile n'aime guère .

Le Père synthèse a raison de bien distinguer son cas de celui de C Taubira : ce n'est pas du tout la même pointure !

Écrit par : Bernard Kouchtard | 21/01/2016

"il sait à qui il parle" : il parle POUR le grand patronat ( en faisant semblant de s'adresser aux petits entrepreneurs) , mais en fait , il parle AUX Français dans leur ensemble qui sont très majoritairement des non patrons ( salariés , chômeurs ...) .

Il n'est même pas certain que son propos plaise à la majorité des chefs d'entreprises , petits ou grands , car le fil est un peu gros ...

Et il a tort de brocarder la " vieille " gauche , à laquelle sont attachés , certes les socialistes historique ,mais aussi, au-delà, bien des gens non engagés , et qui ne votent pas toujours à gauche .

Rocard , Chevènement ont, certes , bousculé cette "vieille " gauche , mais sans jamais mettre en cause ses valeurs , aussi critiques fussent-ils à son égard .

Écrit par : J.C. Jaurras | 21/01/2016

"son style de populisme entendu aux dîners du Siècle"

Il est possible qu'on l'invite exprès pour entendre ses astuces vaseuses , comme on le fait aux " dîners de cons " .

" Venez dîner avec nous , cher ami, au menu il y aura du Macron ..."

Écrit par : Mentor | 21/01/2016

J'ai , moi aussi , été la vedette de " dîners de cons" ; quand j'ai compris quel rôle on me faisait jouer , j'ai décliné toute invitation.

C'est un jeu cruel auquel excellait Voltaire : il m'a un soir convié à un souper où on ne servit pour tout plat que des légumes verts en l'honneur , disait-il , de mon Discours sur l' Origine de l'inégalité où je célébrais la nature...

Quand j'ai compris dans quel piège j'étais tombé , j'ai décidé de pisser sur la table , mais , pour une fois , je n'en avais pas envie , moi réputé incontinent ; j'avais perdu mes moyens ...Mais, à ma droite une petites marquise , riant aux larmes, n'a pu se retenir ...

Écrit par : Jean-Jacques | 21/01/2016

-- Cher Jean-Jacques : j'ai souvenir d'une lettre de Voltaire , à vous adressée , dans laquelle il dit que votre plaidoyer pour la nature lui donne envie de boire du lait et de marcher à quatre pattes en broutant de l'herbe ...

On croirait lire un article anti éciolos brocardant Eva Joly .

J'espère que votre petits marquise qui de rieuse devint pisseuse ne s'est pas exclamée " c'est la faute à Rousseau " ou pire " c'est pas moi, c'est Rousseau " .

Écrit par : Johanna | 21/01/2016

" Veni, vidi , vessie " : Au temps de la Régence qui succéda au long règne de Louis XIV , on s'adonnait à des plaisirs qui n'étaient pas toujours très délicats .

A certains soupers qui n'avaient de" fins " que le nom , le Régent Philippe d'Orléans , expert en chimie (1) faisait servir des vins légèrement trafiqués censés agir sur la vessie des invités , ceux -ci en étant prévenus .

Le " jeu" consistait à faire honneur aux boissons (2)tout en se retenant le plus longtemps possible : le vainqueur était proclamé " chevalier de la vessie" et recevait pour prix un pot de chambre d'or sur lequel était gravée la devise citée plus haut .

Peut-être Voltaire avait-il en mémoire ces concours urinaires , lui qui dans sa prime jeunesse avait fréquenté les mauvaises compagnies de ce temps .

(1) chimiste amateur , Philippe d''Orléans avait été soupçonné à tort d'avoir tenté d'empoisonner son pupille le petit LouIS XV

( 2) tous devaient boire la même quantité de vin

Écrit par : Mentor | 21/01/2016

Ces histoires de pipi nous ont fait bien rire ici , à la Douceur Angevine , au point que deux d'entre nous ...ce qui a donné du travail à notre femme de service .

Un vieux camarade nous en raconté une autre du même genre : c'est Montherlant qui , émotionné par Munich , peu avant le dernière guerre , fit le serment de rester chaste jusqu'au dénouement de la crise ; un journal de l'époque le surnomma " Le Nouveau Continent " ; une autre occasion de trop rire , au grand dam de notre dame de service ...

Écrit par : Octogénie | 21/01/2016

Dame-Pipi , une profession méconnue et en voie de disparition.
Celle de la Brasserie Lipp à St-Germain connaissait tous les secrets politiques de Paris , les ministres et parlementaires échangeant volontiers des confidences quand ils se rendaient aux " lieux " , pour des stations souvent longues et laborieuses .

Écrit par : Séraphita | 21/01/2016

Il faut bien rire de temps en temps ,et surtout quand l'actualité est tragique , mais l'article à la fois alerte et vigoureux de Castor pose un vrai problème qui appelle de notre part des réponses sérieuses .

Le populisme n'est pas la maladie des seuls extrémistes; il peut sévir jusqu'aux étages les plus élevés d'un pouvoir démocratique ...

Écrit par : Mentor | 22/01/2016

Une forme hypocrite de populisme : parler " peuple" ; quelques termes de pseudo argot , un accent censé être " parigot" ...

Un vêtement populiste ; le ( blue) jean qui , on l'a oublié , imite le bleu de travail ... Jean pour le bas , veste chic pour le haut ..

Un récent "sujet " de France-Culture rappelait que le jean est un vêtement aussi peu écologique que possible , très gros consommateur d'énergie : le tissu lui-même , sa coloration , de multiples opérations de fabrication ...Du faux naturel !

Écrit par : Père Synthèse | 23/01/2016

Le jean " populiste" et anti écolo ; un acte de résistance citoyenne : se déculotter quand on en porte un ....

Écrit par : Johanna | 23/01/2016

Un aristocrate "populiste" : Jules César ( mais je ne sais s'il parlait l'argot romain .

Le vieux mot " démagogue" ( traduit du grec) est selon moi plus parlant que " populiste" .

Écrit par : J.C. Jaurras | 23/01/2016

Le concept maurrassien de " pays réel" est, par excellence populiste : on le trouve aujourd'hui sous la plume et dans la bouche de gens qui ignorent son origine .

Une version soft du concept : la " France d'en bas " de Raffarin au temps où il était premier Ministre ...

Écrit par : Jean | 23/01/2016

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