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01/06/2016

Pourquoi Benzema nous gratte

gratte-dos-telescopique.jpgA moins d'avoir vécu en autarcie ou d'avoir été en vacances très loin en résistant à la tentation de consulter la presse en ligne, difficile d'ignorer les derniers rebondissements de l'histoire Benzema. Laquelle histoire a depuis longtemps quitté les terrains de football pour se poser sur celui des commentateurs et des responsables politiques. 

Depuis une dizaine de jours, tout ce que ce pays compte de sociologue avisés, Eric Cantona, Jamel Debouzze et le principal intéressé, Karim Benzema se sont très brillamment exprimés sur la situation française, le racisme, la stigmatisation, les quartiers et leur image...  Et la France entière, membres du gouvernement et ténors de l'opposition sommés de se prononcer sur l'excommunication de l'attaquant du Réal : s'agit-il d'un choix sportif, social, politique, raciste ?

Je note qu'à l'heure où j'écris cette note, Merkel, Renzi et Cameron ne se sont pas encore exprimés sur un soutien ou une opposition à Deschamps. Tant de laxisme a de quoi laisser pantois... J'exagère à peine (bon, d'accord, un peu) tant l'hystérie qui s'empare de la bulle de l'info est proprement dingue. Une de tous les journaux, commentaires à la volée, tribunes et contre tribunes. On parle bien d'un événement en marge d'une manifestation sportive... Un commentaire d'une notule, quoi. 

Exit la voiture brûlée, les violences policières, exit Philippe Martinez et Pierre Gattaz qui rivalisent de "plus fâché que moi pour impressionner Valls, tu meurs". Exit le scandaleux revirement sur les intermittents, les derniers arbitrages de la loi El Khomri et surtout les très courageuses de Najat Vallaud Belkacem hier qui propose, outre une classique revalorisation du salaire des profs de leur accorder une prime à l'engagement et des avantages pour ceux qui iront enseigner en zone prioritaire. Non, tout cela n'est que marginal, ne peut être prioritaire pas rapport à l'AFFAIRE. Sommes-nous devenus dingues ? 

Concrètement, l'histoire ne pisse pas loin et aurait dû être close par un journaliste en quelques minutes. Stigmatisation de la banlieue ? Racisme ? On peut quand même en doute, 8 blancs pour une liste de 23 joueurs, il est délicat d'avancer que Deschamps partagerait avec les enfants la peur du noir... La banlieue ? Là encore, il suffit de lire les fiches de postes, ça ne se bouscule pas parmi les châtelains et autres rejetons des hôtels particuliers... Aussi stupide qu'il soit, Benzema le sait très bien. Pourquoi fait-il ça, alors ? Parce que la France en général a un problème de discrimination massif, relayé d'études en études et sans cesse éludé par les responsables politiques successifs. Tous les signaux sont là : les jeunes diplômés issus de l'immigration qui quittent la France, le découragement, les services de l'emploi défaillants... La France a aussi, évidemment, un problème avec les banlieues et autres quartiers populaires. Alors il en profite, Karim. Il souffle sur les braises, le petit con. Et les responsables politiques qui depuis 20 ans ne manquent jamais une occasion de souligner tout ce qui se passe du côté des sportifs sont sommés de répondre, de "prendre position". Comme souvent, on regarde ailleurs. A force, ça devient fatiguant... 

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