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20/06/2016

Une gauche des Valeurs ? Autant se déclarer en faillite

nos-valeurs.jpgSamedi soir, dans une ambiance moite et teintée de champagne, j'ai connu une prise de bec politique comme rarement. Les noms d'oiseaux ont fusé avec une célérité impressionnante. "Fasciste", "nazi", "islamo-complaisant". On m'a expliqué que j'étais complice d'un embrigadement, d'une lobotomie généralisée face à l'islam : car l'islam c'est Tariq Ramadan, l'islam c'est interdire l'homosexualité et serait composé à 99% d'antisémites.

Je ne dis pas que le prédicateur n'a pas trop de soutiens, que cette religion accueille à bras ouverts les différences d'orientation sexuelle et qu'ils ont une passion pour Nethanyaou, mais tout de même, ce discours lepéniste m'a profondément choqué. Choqué parce que ceux qui tenaient ces propos de haine, de guerre civile, étaient de gauche. Encartés, engagés, avec un long passé de militants et de responsables et une actualité floue sur le bon poulain à soutenir. Le tout, avec l'air de ne pas y penser, mais en faisant un name droping longue comme le bras en guise de justification. La complicité en bandoulière, comme seul argument d'autorité. "Mais si Vincent, je suis de gauche, de la vraie gauche, regardes qui sont mes amis". Tu parles d'un programme... C'est justement sur les questions programmatiques que nous nous prîmes vraiment le bec et que la conversation s'est achevée. Alors que je tentais désespérément de ramener les échanges sur des questions programmatiques, pour expliquer que les désillusions (je pensais "trahisons", mais je voulais qu'on avance) sur l'éducation, la santé, l'économie, expliquaient les divergences entre les deux camps et qu'il fallait se poser il m'a répondu ceci. "Je pense l'inverse : on arriverait jamais à se mettre d'accord sur le programme. Alors, il faut qu'on retrouve un idéal commun de valeurs. La République. Jaurès. La gauche et la laïcité, quoi. Une gauche des valeurs". 

A ce moment là, comme rarement, je me suis dit que le Front National a vraiment gagné. Ca n'est pas irréversible, je garde espoir, mais pour aujourd'hui, ils ont gagné la bataille des idées. Des intellectuels de gauche qui tournent le dos au débat d'idées pour se réfugier derrière les "valeurs". Une plaisanterie pleine de fond circulait dans les cercles désabusés de ceux qui ont essayé de changer les entreprises de l'intérieur "moins une entreprise a de valeurs, plus elle les affiche aux murs". Il en va de même en politique : avoir comme seul sauf-conduit, comme seul "actif" des valeurs à afficher, autant dire que l'OPA n'est pas loin. Et le principe de ce genre de douloureuse opération, c'est que l'on en ignore toujours la date, mais qu'elle est toujours plus précoce que prévue...