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14/07/2016

L'impossible conciliation écologique des projets progressistes

MP900390426.jpgCes derniers temps, le fossé se creuse entre ceux qui se campent en "modernes" contre ceux qu'ils traitent parfois "d'archaïques", de "tenants du monde d'avant". L'important étant évidemment que les premiers bénéficient de l'avantage du récit, ce qui leur permet cette outrance de s'arroger l'avantageuse image de la modernité. 

Manuel Valls avait ouvert le bal de la séparation dans une grande interview à l'Obs où il voulait ainsi ringardiser les postures de Jean-Luc Mélenchon qu'il renvoyait dos à dos avec Marine le Pen. La ficelle, énorme, a été saisie par un nombre incroyables de ténors des principaux partis, depuis. De Macron à Juppé en passant par Hervé Morin et NKM, nombre de voix modérées réactivent l'idée d'une "grande coalition du progrès faisant fi des étiquettes partisanes". 

La France n'est pas isolée en la matière ; on l'a bien vu lors de la primaire américaine où Hillary Clinton, progressiste en diable, n'a que faire des questions écologiques, étant notamment une des grandes défenseurs du gaz de schiste. Face à elle, Bernie Sanders a au contraire fait de l'écologie une absolue priorité de son mandat. Ca n'est pas une règle intangible, non plus. D'autres pays sont fracturés par la démarcation entre souverainistes et fédéralistes. 

Revenons en France, donc. La ligne du progrès est celle de Milton Friedman : moins d'Etat, plus de souplesse au travail, de flexibilité des contrats, plus d'autonomie pour nombre d'agences et autres collectivités. Plus d'autonomie pour les facs, les hôpitaux, les lycées. Bref, un globi boulga qui correspond tout à fait aux attentes des Républicains et à toute l'aile du PS convertie au libéralisme tant que cela lui assure une réélection. Bon. 

Avec un peu de mauvaise foi et beaucoup de contorsions, nombre de responsables arrivent à faire concilier "progrès" et "social" (hors de l'expression "progrès social" stricto sensu, d'ailleurs) : ainsi d'Uber, qui casse un certain nombre d'acquis sociaux, certes, mais permet également de ramener dans le champ de l'emploi des personnes qui en étaient très éloignés pour des questions de formations, d'opportunités dans leur bassin d'emploi, mais aussi de discriminations. 

En revanche, là où aucun d'entre eux (n'insultons pas l'avenir, ça pourrait changer) n'arrive à marier les deux termes, c'est au sujet de l'écologie. Car l'écologie du "progrès", l'écologie "de droite" de NKM à Boorlo hier, de Valls à Macron aujourd'hui, ne fonctionne pas. D'abord elle est reléguée loin dans les priorités alors même que les besoins se font plus pressants. Ensuite, parce que les avancées écologiques se font rares pour la bonne et simple raison que faire progresser la cause écologique nécessite de s'asseoir sur les dogmes progressistes qui rechignent à rajouter des contraintes et ne connaissent comme seule boussole, la croissance. Or, la croissance telle qu'on la pense ajourd'hui détruit toute la planète, par une urbanisation galopante, une non protection des ressources et espèces : si on est libéral, on refuse de protéger le thon rouge, on trouvera autre chose, on refuse de limiter l'utilisation d'énergies polluantes, on trouvera autre chose... Le libéralisme repose sur un hubris de départ: l'idée que l'homme s'en sort et trouve toujours. Hélas, cette fois, l'homme est vraiment menacée et les progressistes n'en ont cure.

C'est cette faille béante dans le progressisme qui doit guider la recomposition à gauche : l'écologie politique, au sens d'EELV montre actuellement ses limites. Pour reprendre le leadership à gauche, on ne peut rester muet sur ces questions (Macron) ou promettre le retour du gaz de schiste (Montebourg) : il faut des engagements d'airain. Définitifs et contraignants. En 2012, le programme du Front de Gauche proposait l'instauration d'une "règle verte" à savoir que toute décision politique majeure devait composer avec la durabilité écologique. Le collectif Roosevelt et Nouvelle Donne avait également formulé des mesures allant dans le même sens. Je ne comprends tout bonnement pas que davantage de grandes voix de gauche se fassent entendre sur ce sujet alors même que ces thématiques sont aujourd'hui mures pour être portées : en Italie, le succès des 5 étoiles doit autant à son engagement écologique qu'à son opposition à la corruption, en Autriche le président temporaire appartient au camp écologique, aux Etats-Unis, ce thème a permis à Sanders de combler une grosse partie de son retard et d'achever sa campagne à quelques voix d'Hillary Clinton. Amis impétrants à l'Elysée, la panoplie progressiste est incomplète pour les besoins de la gauche du XXIème : il manque la partie verte. 

 

 

 

Commentaires

Utiliser un camion pour faire un attentat , ce n'est pas très écolo

Se rendre à Nuit Debout en limousine ne l'est pas davantage.

Politique , que de crimes contre l'écologie on commet en ton nom !

Écrit par : Père Vert | 15/07/2016

Un défilé du 14 juillet pas très écolo : chars , avions , hélicos ...

Un peu de cohérence , svp !

J'aimerais mieux un défilé à la campagne avec chars fleuris , rosières et chant des oiseaux .

Écrit par : Jean-Jacques Jean | 15/07/2016

"ceux qui se campent en "modernes" contre ceux qu'ils traitent parfois "d'archaïques"

Une polémique qui n'est pas nouvelle ; voir la " Querelle des Anciens et des Modernes " à la fin du 18 è siècle "

Et la chanson enfantine " y a deux testaments , l'ancien et le nouveau "

Écrit par : Mentor Jean | 15/07/2016

" Mentor Jean " ! encore un abus de calva ?

Il me semble que Jean est l'élève de Mentor et Mentor le prof de Jean ; ne pas confondre : Mentor est plus mûr et sage .

Écrit par : Père Castor Jean | 15/07/2016

Et la querelle des anciens et des modernes est de la fin 17è et non 18éme !

Écrit par : Père Castor Jean | 15/07/2016

Les commentaires sont fermés.