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13/12/2016

Et si 2017 ressemblait à 1969 ?

ob_170252_hqdefault-1.jpgPosons le en préambule : comparaison n'est pas raison. A l'évidence, le monde de 2017 n'a pas grand chose à voir avec celui de 1969 et chercher un décalque de campagne présidentielle à 50 ans d'écart ne peut marcher. Nous étions en pleine guerre froide, dans un monde bi-polaire, où la France connaissait le plein emploi et une société où les strates de classes sociales étaient bien moins poreuses et la peur du déclassement, absente. Alors, l'extrême droite n'existait pas. Tous éléments qui dessinent une France fort différente d'aujourd'hui. Et pour autant, au petit jeu des comparaisons historiques, je trouve que l'élection à venir ressemble beaucoup plus à 1969 qu'à 2002 comme on veut nous le dire par paresse, parce qu'il y aura des candidatures nombreuses à gauche et un FN au second tour (ce que personne ne voyait venir, fin 2001...), mais à y regarder de plus près, l'élection fait plutôt furieusement penser à celle de 1969. 

Dans le casting, on peut effectuer un certain nombre de parallèle, 4 au moins.

Hollande, c'est de Gaulle. Oui, je sais, écrit comme ça ça fait étrange. Mais justement, c'est de Gaulle avec le bénéfice de l'expérience : il sait que le référendum est perdu d'avance et a la lucidité de se retirer du jeu avant de subir l'opprobre publique. Du coup, il est le grand absent, le grand impensé de l'élection ce qui oblige tous les autres à boxer face à un ring vide : même ceux qui s'inscrivent dans la continuité d'Hollande ne le défendent pas et pour les adversaires, le responsable peut facilement esquiver les coups avec la célèbre feinte "pas mon bilan, j'étais pas pleinement aux manettes".

Valls, c'est Deferre, le socialiste qui espère faire bonne figure dans une gauche déchirée, divisée et en pleine décomposition, qui ne voit pas l'attente de radicalité dans le pays et qui y va quand même. Deferre à fini à 5%, Valls peut faire ce score, comme un membre du Pasok en Grèce, débordé sur sa gauche par Syriza, représenté en France par la France Insoumise de Mélenchon. Et la SFIO agonisante a crevé 2 ans après pour renaître dans un PS plus volontaire et socialement ambitieux. Si un autre l'emporte dans la primaire, le PS peut espérer arriver à 2 chiffres, et encore. Hamon arriverait à grapiller des voix sur Mélenchon, Montebourg un peu moins, et Peillon quasi pas. Pour les socialistes, 2017 sent vraiment le chant du cygne comme 1969 a sonné la mort de la SFIO.

Mélenchon, c'est Duclos. Rassemblant toutes les voix issus des mouvements sociaux (Mai 68 et #NuitDebout + les ZAD et l'opposition aux lois Macron et El Khomri) qui voient bien que l'alternative à gauche ne viendra pas d'une SFIO agonisante et le boulevard qu'il a face à une gauche qui se déporte vers Macron. Duclos avait fini à 2 points du deuxième tour. Mélenchon est sur une dynamique de même sorte ; pour l'heure très loin de Fillon/Le Pen, mais il nage en ce sens. Surtout, il laisse le PS a des années lumières : quand la recomposition se fera à gauche, le programme commun ne prendra pas ses ordres à Solférino. 

Blanc bonnet / Bonnet blanc, c'est Fillon/Macron. Mêmes lignes, mêmes programmes, mêmes postures, l'un plus légitimiste que l'autre, m'enfin rien d'emballant. Je ne pousse pas d'avantage le mimétisme sur ce point car Fillon se réclame de Pompidou et ça serait faire insulte à celui qui a mué de le comparer au chevrotant Poher... Non, là où le parallèle vaut, c'est quel les sondages, déjà, donnaient Poher gagnant. Pompidou l'emportant avec 58% des voix, ça doit inspirer beaucoup d'humilité à l'ensemble des candidats. Depuis que Fillon a déjoué les pronostics des sondeurs, tout le monde se voit un effet Fillon. Macron, Hamon pour la primaire de gauche, Nicolas Dupont Aignan pour la catégorie l'espoir fait vivre, le côté chamboule tout pourrait jouer. 

Comme pour 1969 où la campagne sans favori avait vu des yo yo d'opinion, 2017 se jouera sur quelques coups d'éclats. Déjà le granit Fillon se fendille sur ses flous programmatiques (sécu, fonctionnaires, Syrie...) et l'idée qu'il accède au second tour face à Marine le Pen n'a plus rien de certain. Laquelle, doté de la base la plus solide voit elle aussi le début des emmerdes avec les querelles internes qui ne sont pas sans rappeler Le Pen père face à Mégret. Peu de chances que ça implose avant l'élection, mais avec l'accélération, qui sait. Et avec une scission des traditionnalistes du sud est, le FN s'exclurait tout seul du second tour (c'est bon de rêver, je sais). 

Au 2ème tour de la présidentielle, l'abstention avait explosé tous les records. Le dégoût de la classe politique actuelle pourrait nous mener vers le même genre de scénar. L'héritier de Pompidou serait alors un moindre mal...