23/09/2017
L'école fait son travail, que le MEDEF remplisse ses devoirs
Il y a eu pire que l'immonde campagne du MEDEF de cette semaine : ceux qui voulurent la défendre. L'histoire est symptomatique des réseaux sociaux : une campagne dégueulasse passée inaperçue quelques mois, quand soudain une personnalité plus suivie que la moyenne la relaie et c'est l'explosion. Accélération et transparence, les vertus d'internet grâce à qui les saloperies ne restent plus cachées bien longtemps. Quel malheur que cela ne soit pas aussi simple avec l'évasion fiscale que l'on révèle de plus en plus vite, mais qui reste toujours autant impunie. Le solutionnisme n'est pas un humanisme. Passons.
Cette campagne dégueulasse est un concentré des stéréotypes que le MEDEF fait peser sur "l'école". Selon eux, l'école publique est un repaire de profs syndiqués, communistes, qui refusent de former les élèves pour qu'ils deviennent du bétail compatissant et ânonnant bravement "merci patron" quand ceux-ci, grâce aux ordonnances récentes casseront sans discussion leurs emplois du temps, le salaire minimum et autres acquis élémentaires... Mais, n'en déplaise au MEDEF, le problème du chômage endémique en France n'est certainement pas du fait de l'école. En rien.
On manque de monde dans les métiers techniques, l'artisanat, l'hôtellerie ? Mais ça n'est pas "l'école" qui est responsable des stéréotypes liés aux métiers manuels et difficiles, ça n'est pas elle qui incite les parents à porter plainte contre elle quand une décision d'orientation en ce sens est prise pour les maintenir à tout prix en filière générale... Ca n'est pas l'école qui est responsable de la frilosité des entreprises face aux bacheliers littéraires, aux diplômés en lettres, en sociologie, en histoire, en psychologie, tous jeunes pour lesquels les pays du monde entier verraient "des talents" quand les entreprises françaises bien trop souvent voient des incapables... Ca n'est pas l'école qui bloque, qui gèle, qui immobilise les cursus. Tout cela, tout ce marasme est une responsabilité collective bien répartie entre des parents qui pratiquent la consumérisme scolaire (abus de cartes scolaires, contournement, recours massif au privé, actions en justice contre les école) et acteurs économiques d'un conservatisme navrant. Pour un think tank spécialisé sur l'emploi, j'avais rédigé une étude sur le recrutement où nous avions sondé 500 recruteurs. Je resterai pudique pour qualifier leurs réponses, mais en termes d'ouvertures sur la formation, il y a des baffes qui se perdent...
Je ne dis pas que l'école française est parfaite, c'est loin d'être le cas et la situation s'aggrave de façon dramatique sur le front des inégalités. Sans doute l'école française ne fait pas la part suffisamment belle à la confiance et à la créativité, n'encourage-t-elle pas suffisamment les travaux de groupes et ne met elle pas le paquet, donc, pour corriger les inégalités de naissance, les inégalités sociales. Mais pour le reste, quel procès inepte et vomitif. Et les avocats qui sont venus à la rescousse du MEDEF devraient se cacher de honte. Même Gattaz, tancé par Blanquer (qui n'était pas choqué il y a un mois alors qu'il assistait à leur université d'été, mais Jean Mimi est l'incarnation la plus absolue et décomplexée du "et en même temps), mais il s'en est quand même trouvé pour dire qu'on pouvait discuter... On ne peut pas discuter sur une base aussi spécieuse, aussi biaisée. Tous les débats sont ouverts, mais la façon dont on oriente le débat est acceptable ou non, celle-ci ne l'était pas. L'école est là pour former des citoyens, pour éduquer, libérer, émanciper. Pas pour former une armée de moutons bêlants. Cette note t'es dédiée, Nicolas Froissard, directeur de la communication du plus gros groupe de l'économie sociale et solidaire. Les fondateurs de ce mouvement fondé sur l'ouverture, le partage et la cohésion doivent se dire qu'ils ont un bien drôle de porte-parole...
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