Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/10/2017

Sortir du discours moral sur les hyper riches et montrer leur toxicité

"Macron président des riches ?" s'interrogent nombre de journaux avec un sens consommé du suspense. La réponse n'est évidemment pas dure à trouver : 46% des baisses d'impôts concentrés sur les 10% les plus riches, mais surtout les 1%, voire 0,1%, n'en jetez plus. L'ISF qui perd 75% de ses ressources pendant qu'on ponctionne les APL des démunis, difficile de faire de Macron l'héritier putatif de Lénine. Mais au fond, le débat n'est pas là, mais la manière dont le débat est présenté. C'est dans la manière dont on nous présente les choses que l'escroquerie a lieu. Toutes les questions des intervieweurs sont tournées autour de ces interrogations : sont-ce bien les riches et les capitalistes qui créent les emplois ? La très haute taxation faisant fuir les riches, ne vaut-il mieux pas abaisser les impôts pour les faire revenir ? Au fond, avez-vous un problème avec la réussite ?

A titre personnel, je n'ai aucun problème avec la réussite. Ni l'argent. Ni le confort. En revanche, avec la fraude, la spoliation et le dumping, si. Et je mets au défi n'importe quel éditorialiste de me citer un seul milliardaire honnête. Un seul. Par honnête, j'entends qui paye ses impôts dans le pays d'origine, qui paye ses salariés dans des conditions dignes, qui n'a pas fait fortune sans des monceaux d'aides publiques. Pas un qui ne corresponde à ces catégories. Chez les anciens, Bill Gates a fracassé toutes les règles de la concurrence et fiscales, Bernard Arnault a bénéficié comme personnes des largesses de la mitterrandie, largesses qu'il a rendu en truandant l'impôt, en délocalisant tout, et en demandant des concessions folles pour installer sa Fondation à 16 euros l'entrée... Zuckerberg, Dassault, le patron de Zara qui fait bosser les enfants, ad nauseam. Toutes ces pratiques sont donc contestables moralement, mais aussi économiquement. AirbnB paye 92 000 euros d'impôts par an en France, Microsoft quelques centaines de milliers et ainsi de suite. Arnault, Pinault, Niel payent peu d'impôts, et en revanche pompent des subventions et crédit d'impôts en pagaille. Réinvestissez 100% du CICE en emplois aidés et regardez la courbe du chômage... 

Au-delà de tirer les conditions sociales et écologiques vers le bas en diminuant les ressources de l'Etat par rapport aux maigres rentrées d'argent contre de somptuaires aides publiques, les hyper riches rendent les villes invivables. Prenez une ville comme San Francisco, championne mondiale de la concentration de milliardaires qui, en même temps, ressemble de plus en plus à s'y méprendre à une ville du tiers monde comme on ne dit plus par politiquement correct. Des expulsions locatives en pagaille, un nombre de SDF délirants, des bagarres de rues pour récolter des bouteilles en verre à rapporter à la consigne. Les problèmes sanitaires et sociaux s'accumulent et les inégalités scolaires suivent selon une pente impossible à remonter, même pour Chris Froome. C'est partout pareil, la ville la plus riche d'Afrique - Lagos - n'est "vivable" que dans le quartier hyper sécurisé des travailleurs expatriés où les locaux ayant fait fortune dans les hydrocarbures sortent et font leurs courses. Partout autour, c'est le chaos et l'indigence. Spéculation, pièges à cons, mais surtout pièges mortel pour ceux qui perdent... Paris suit la même pente avec les immeubles à la découpe achetés par des fonds, voilà le résultat des hyper riches qui ne savent pas où investir, les ports à yachts sont rares alors que les rues...

Un lien entre le nombre de milliardaires dans un pays et son indice de développement humain, entre le nombre de milliardaires et le taux de pauvreté nous éclairerait autrement plus que de regarder benoîtement cet indicateur aveugle à mille paramètres faisant que la vie vaut la peine d'être vécu, le PIB. Tout le monde, même les plus libéraux, reconnaissent la débilité de cet indicateur qui ne dit rien de la santé, de l'éducation, des inégalités, des problèmes écologiques, mais qui continue à être adoré par les paresseux, les cyniques, les fainéants, j'entends par là ceux qui commentent l'actualité économique. A nous d'entonner un air différent.