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09/02/2018

L'étrange syllogisme des violences faites aux femmes

L'écrasante majorité des plaintes pour violences sexuelles sont fondées. Or, tous les hommes accusés sont de vrais agresseurs qui trop souvent s'en sortent pour cause de dysfonctionnement juridiques ou de prétexte fallacieux (prescription notamment). Donc toutes les femmes portant plainte sont des victimes. Quel bel exemple de syllogisme foireux...

Avec cet air du temps abrasif, tous les porte-voix doivent redoubler de vigilance. Média ou individu aux réseaux énergiques (ce qui parfois revient au même, en termes de résonance) doivent apprendre à respecter la présomption d'innocence des deux côtés. Il peut y avoir des dénonciations calomnieuses. C'est évidemment l'infime minorité, mais ça n'en est pas moins grave. En l'espèce dans le cas de Darmanin et de Hulot, on se dit qu'on a sans doute confondu vitesse et précipitation avant de planter le décor du tribunal.  

A l'heure actuelle il n'y a rien, hormis une histoire plus que trouble et emmêlée pour Darmanin. Certes, il concède qu'il va aux Chandelles (c'est bien son droit, j'y vois la revanche sociale débile du fils de femme de ménage tout heureux de côtoyer DSK dans un club sélect...) mais en ce qui concerne les rapports forcés, on n'en sait rien. La plaignante a changé d'avis sur la posture du ministre et fut condamnée pour chantage auparavant. Ca ne fait pas d'elle une coupable, on peut ne pas être après avoir été, mais ça doit appeler à la prudence... Pour Hulot c'est encore pire, ce torchon d'Ebdo qui se proclame chevalier blanc du journalisme car garanti sans pub et ressort des rumeurs antédiluviennes d'une plainte annulée par une plaignante reconnaissant que "l'affaire n'en est pas une" d'une part et une histoire tout aussi emberlificotée de 1991 avec forts relents de coups tordus politiques (la plaignante serait la fille de Gilbert Mitterrand). Je n'ai aucune sympathie particulière pour Hulot et une assez forte inimitié politique pour Darmanin, m'enfin le fait qu'ils soient publiquement exposés comme des coupables de viols sans fondement n'est pas acceptable. Et c'est dangereux. Car si les faits sont classés sans suite comme c'est plus que probable, le mouvement #Metoo refluerait, perdrait. Ceci comme avec la probable défaite de la fille Besson accusant Pierre Joxe... Pour que Joxe porte plainte en diffamation, quand même...

Qu'on le veuille ou non, il est quasi impossible de ne pas porter un jugement sur ce genre de dénonciation. La salissure est immédiate car les actes évoqués ne sont pas répugnants, ils sont immondes. Mais nous ne sommes pas les Etats-Unis et contrairement à ce que dit Toubon (plus inspiré sur les migrants) ça n'est pas au harceleur de prouver qu'il n'a pas harcelé. Car chez nous la présomption d'innocence est un principe supérieur. En l'occurence, il devrait en l'espèce protéger Hulot et Darmanin et Joxe qui n'ont pas à être poursuivis tant que les accusatrices n'ont pas d'éléments concrets à charge.

Bien sûr, en matière de consentement sexuel, la "zone grise" embrouille beaucoup les choses. Bien sûr, après des siècles d'oppression hallucinante il faut que la peur change de camp et cela ne peut pas se faire en pureté parfaite. Mais d'un mouvement parfaitement spontané, salutaire et vital comme #Metoo et #Balancetonporc, la plupart du temps anonyme, destiné uniquement à faire bouger les mentalités et prendre conscience de l'ampleur du scandale, on passe à un tribunal médiatique ad hominem avec risque d'erreur très lourd. Dont le prix à payer serait un ressentiment des mâles blessés dans leur orgueil, une suspicion généralisée et personne n'y a intérêt. Pas sûr que ça soit le plus court chemin vers l'égalité entre les sexes.