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02/04/2020

L'infiniment près et l'infiniment loin

J'ai reçu un mail pro à 7h. Me proposant une animation de conférence le 16 septembre prochain en me demandant "si j'étais libre à cette date", remarque qui eut le mérite de me faire marrer au réveil d'une journée s'annonçant professionnellement vide. Comme hier, comme demain et après demain. Par conscience, j'ai jeté un oeil à mon agenda qui prévoit une conférence au Luxembourg (pas sur la fiscalité...) les 14 et 15 septembre. J'ai rajouté le 16, donc. Mon agenda de rentrée commence à scintiller comme un sapin de noël. 

Le différentiel d'occupation entre l'infiniment près et l'infiniment loin m'a donné le vertige plus que fait sourire. Car évidemment le temps court, je suis bien certain qu'il ne changera pas, mais comment accorder une once de crédit au temps lointain quand tout change, tout le temps, tous les jours ? Le 6 mars, notre Président nous demandait de soutenir les théâtres et salles de spectacles, il les fermait une semaine après. On devait absolument aller voter le 15 mars avant de réaliser qu'on ne pouvait pas y aller le 22. Le second tour reporté au 21 juin est désormais menacé et pourrait être reporté à octobre. Les dates du bac, des concours d'école de commerce et d'ingénieur, tout bouge, tout le temps.

Les reports sont plus stressants que les annulations. Wimbeldon a le mérite de la clarté : pas d'édition cette année. Les JO sont reportés d'une année pleine, OK. En revanche, quand Roland Garros dit qu'il se déplace en septembre, d'abord il fout le boxon dans ce qu'il reste de calendrier, ensuite, il renforce un sentiment d'impréparation générale, d'amateurisme au sommet.

Si chacun peut s'accorder avec le premier ministre que la situation est "remarquablement complexe", le changement permanent de dates, de scénario, a quelque chose de foncièrement anxiogène. Le confinement prolongé 15 jours par 15 jours a quelque chose de la minute demandé au bourreau. Comme pour le sparadrap, arracher d'un coup sec a des vertus. Comme nous aimerions, enfin, savoir de quoi demain sera fait.