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13/05/2020

Mondialisation inconséquente

Depuis le tournant néolibéral des années 80 avec une baisse spectaculaire des impôts des plus fortunés et des grosses entreprises, le mantra trouvé par les gouvernants pour justifier l'explosion des inégalités est : "les inégalités régressent dans le monde. La mondialisation lutte contre la pauvreté". Et ça n'est que très très partiellement vrai. Les travaux de Branko Milanovic qui font autorité en la matière montrent une réalité plus contrastée : les seuls gagnants unanimes de la mondialisation sont les 1% les plus fortunés et ils ont tellement plié le game que le doute n'est plus permis, ça marche pas.... Partout, pays riches comme très pauvres, ils se sont gavés comme jamais. Les classes moyennes des pays riches se sont assez largement paupérisées quand celles des pays pauvres s'en sont beaucoup mieux sorties, numériquement, ça fait plus de monde qui a accédé au confort, un point pour eux.

Mais quand on regarde les très pauvres, c'est le flou. Pas dans les pays riches : pour eux, c'est pire. Chômage endémique non prévu par les trente glorieuses (et grandement lié à la mondialisation) explosion du coût des biens essentiels (logement, énergie, transports) faisant que les pauvres d'aujourd'hui le sont au moins autant qu'il y a 30 ans, mais surtout n'ont quasiment plus de possibilité de mobilité sociale. Naître pauvre en pays riche, c'est souvent l'assurance de le rester. Dans les pays pauvres, le sort des plus fragiles est plus flou pour deux raisons. D'abord, les statistiques sur l'extrême pauvreté mettent une ligne de flottaison tellement basse (1 ou 2$ par jour) que le moindre renversement conjoncturel, la moindre oscillation des bourses des matières premières agricoles fait plonger des millions de gens d'un côté ou de l'autre. Une telle volatilité montre que, même du bon côté, ceux qui sont statistiquement sortis de la pauvreté le sont encore dans les faits... Ensuite, ces stats ne tiennent pas compte du pouvoir de vivre, du bien être. Sans idéaliser la vie dans les campagnes, évidemment, la vie dans es bidonvilles des implique de devoir gagner beaucoup plus survivre et manger à sa faim, tout en vivant dans de minuscules taudis. Une réalité toujours euphémisée par les tenants de la mondialisation.

Chaque fois que des drames surviennent dans les pays pauvres, on nous explique que la dernière chose à faire est de mettre un frein à la mondialisation "car les pauvres des pays pauvres en ont besoin". En 2013, quand l'effondrement du Rana Plaza au Bangladesh tua plus de 1100 travailleurs dans un des pires drames industriels de ces dernières années, les réponses des travailleurs locaux furent unanimes "ne boycottez pas Primark, H&M et toutes les marques responsables des commandes dans ces entrepôts, nous avons besoin de ces jobs". Le temps, c'est de l'argent et les avocats d'une mondialisation toujours plus forte l'emportent systématiquement au nom de la rapidité : en quelques mois, Uber, AirbnB, Amazon, donnait des jobs de misère à des centaines de milliers de personnes. De misère, d'accord, mais vite. Si vous les retirez par la loi, quels employeurs vertueux pourraient combler les millions de travailleur.euse.s lésées ? Personne.

Avec le Covid, nous vivons une continuation de cette tendance. Les 1% des pays les plus riches s'enrichissent fortement (24 milliards de plus pour Bezos, le fondateur de Zoom est devenu milliardaire....), les classes moyennes risquent de s'appauvrir plus ou moins fortement selon les mécanismes de protection sociale de leurs pays. Quid des ultra pauvres ? Là, pour le coup, le décrochage va être violent : dans les pays riches, le nombre de personnes en situation de grande pauvreté va connaître une hausse sans précédent. Les plans sociaux vont se multiplier dans les semaines à venir avant de voir des faillites en pagailles pour nombre d'indépendant.e.s précaires noyé.e.s sous les impayés. Dans les pays pauvres, on les laisse crever de faim. D'abord littéralement, puisque le PNUD estime que 130 millions de personnes supplémentaires risquent de mourir de faim, au point que nombre de pays pauvres comme le Pakistan ont allégé le confinement pour permettre aux déshérités de travailler pour survivre. Une sagesse plus que de la charité : on ne fait la révolution que le ventre vide... Ensuite, symboliquement : tous nos mécanismes, nos filets sociaux dans nos pays sont absents la bas ? Au Bangladesh, où on a gardé H&M sans trop les faire suer sur la sécurité au travail ou le nombre d'heures hebdomadaires, les commandes ont disparu du jour au lendemain sans donner un euro de compensation. Pourquoi s'ennuyer ? Les malheureux.euses seront toujours là quand nous auront déconfiné et ils se vendront peut-être pour moins encore. 

Les crises révèlent les systèmes plus qu'elles ne les changent : la Covid aura souligné l'inhumanité du système, mais aussi renforcé le chantage pesant sur les plus pauvres, contraints d'acceptés n'importe quoi pour ne pas mourir de faim. #Tamèrelejourdaprès

 

Commentaires

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A quelque chose malheur étant bon , le loisir forcé auquel Castor est contraint nous vaut de sa part des textes plus fréquents et denses à la fois mais ses obsessions et son vocabulaire ne changent pas : façon de se défouler qui vaut toutes les psychothérapies ..

Écrit par : Léo | 14/05/2020

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Une scandaleuse forme d'inégalité dénoncée par Jean-Luc M mais que Castor passe sous silence : les défavorisés -discriminés-stigmatisés des cités et quartiers ignorent le système métrique ( science bourgeoise) et ne peuvent donc pas respecter les consignes de distanciation telles que 1 mètre et 100 kilomètres ...

Écrit par : Mimi l' Insoumise | 14/05/2020

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Anne Hidlago demande que des doubles décimètres soient gratuitement mis à la disposition des défavorisés je l'approuve bien que je ne sois pas de ses électeurs

Utllisation facile pour ceux qui ignorent le système métrique

Écrit par : Paul Prolo | 14/05/2020

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