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25/05/2020

Griveaux / Dussopt, le monde à l'envers

Une semaine déjà que Médiapart a sorti un article sur Olivier Dusspot, exempt de tout conditionnel, avec aveux du forfait par le ministre en exercice. Aucune reprise média, aucune réaction politique même, cela ressemble à un enterrement en temps de Covid, à l'abri des regards. 

Il y a trois mois seulement, Benjamin Griveaux se retirait de la course à la mairie de Paris moins de 24h après des révélations sur une vidéo sans doute dispensable, mais en rien illégale. 

Nous ferions bien de méditer ce monde à l'envers, cette morale mal placée. Eu égard au sujet de la vidéo de M. Griveaux, je n'ose dire que nous sommes dans le deux poids, deux mesures, ce d'autant que je ne dispose d'aucune information à ce sujet concernant M. Dusspopt...

Plus sérieusement, les faits sont accablants : deux lithographies de Garrouste, un des artistes français les plus prisés, offert par le dirigeant de la SAUR, après que celui-ci a gagné le marché de l'eau locale. La SAUR reconnaît, Dussopt concède "une maladresse" pour des faits qui remontent à il y a 10 ans... Ce garçon a la reconnaissance tardive... Suite au marché, le prix de l'eau avait explosé pour les administrés, +77%. Socialiser les dépenses, privatiser les toiles. Pour se défendre, les accusés avancent que ces lithographies valent "2 500 euros" et personne n'y trouve rien à redire. C'est acceptable, 2 500 euros, un peu mesquin ! Et personne ne songe à vérifier en interrogeant quelques experts, quelques commissaires priseurs sérieux, on parle d'un ministre en exercice, cela en vaut la peine !

Nous sommes sur une affaire Guéant inversé : pour maquiller un virement de 500 000 euros son compte, l'ex ministre de l'intérieur avait dit que cela provenait de la vente de deux toiles de maître hollandais, en réalité évaluées à 20 000 euros maximum... Un rapport de 1 à 25. Ca vaudrait la peine de vérifier pour Dussopt, parce que 1 200 euros pour une lithographie de Garrouste, artiste ultra prisé, mécéné et lui même mécène, reconnu en France et à l'étranger, je tousse un peu. Ca prendrait quelques heures d'avoir une vérification sérieuse : si les toiles valent 50 000 euros, nous sommes tout de même en présence d'une corruption très importante. 

Lors de ces trois années aux affaires, Griveaux aurait dû être emmerdé sur son rôle dans l'opposition au moratoire contre l'extension des centres commerciaux, décision entachée par un gigantesque conflit d'intérêts avec ses dernières fonctions exercées avant 2017, directeur du lobbying d'Unibail Rodamco. Ça n'intéressait personne et ce genre d'infraction aurait pu continuer des années. Il est tombé d'un coup, et sans doute pour toujours, pour avoir eu une attitude puérile en diable et être tombé sur des aigrefins numériques qui aiment à se faire passer pour Robin des Bois. Je comprends qu'on se moque de lui, qu'on le vanne, qu'une telle séquence puisse entamer sa crédibilité publique, mais cela mérite 1000 fois moins la fin de sa carrière publique que ses hors jeu répétés en fonction des bétoneurs.

Selon toute vraisemblance, après les municipales, un remaniement aura lieu. Si Olivier Dusspot figure toujours au gouvernement, nous pourrons nous dire que nous avons atteint le pire selon Charles Péguy. Que nous nous serons habitués à la corruption endémique. Je laisse le mot de la fin à l'auteur : "le pire, c'est d'avoir une âme endurcie par l'habitudeSur une âme habituée, la grâce ne peut rienElle glisse sur elle comme l'eau sur un tissu huileux... Les honnêtes gens ne mouillent pas à la grâce" .