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17/07/2020

Le bon Griveaux, la brute Dupond et le truand Darmanin

Sans la Covid, peut-être gloserions nous encore de ce court métrage de Benjamin Griveaux qui mobilisait tous les analystes politiques du pays en février dernier. Fidèle à Pierre Bayard qui parle des livres qu'il n'a pas lu, je crois que ce film que je n'ai pas vu n'aurait pu postuler à Cannes, ni au Mobile Film Festival qui se tiendra cette année avec comme thème l'empowerment féminin. C'est donc râpé.

Pour autant, ça n'a rien d'illégal. Rien de provocateur à l'encontre des violences sexuelles. Hormis pour le couple Griveaux (et pour la récipiendaire qui n'avait peut être rien demandé...), cette vidéo n'a rien de dérangeant. Rien. Pourtant, il est à peu près exclu que ce monsieur puisse un jour revenir en politique dans la lumière. Député jusqu'en 2022, voudra t'il se faire réélire ? Pourra t'il être investi ? Rien n'est moins sûr. Idéologiquement, Griveaux est tout ce que j'abhorre : entrée en ultra libéralisme par la gauche avec DSK, il a bossé pour une boîte de crapule (Unibail Rodamco) qui bétonise, enlaidit et spécule. Il a monnayé son influence et intrigué, intimidé. Ce type est répugnant. Mais si tous les types répugnants et affairistes doivent déserter la politique, ça va résonner creux dans les palais.

Dupond, c'est plus limite. Il danse sur les frontières du légal. C'est son métier, il est brillant, donc il sait comment rester dans les clous de la légalité, mais ça reste osé. De son "#Metoo est un mouvement rétrograde et pleurnichard" à son "Je n'aime pas qu'on parle de "lanceurs d'alerte" car ça les anoblit, de mon temps, on les appelait les balances", ses provocations sont des pelletées de sel sur des plaies béantes. Beaucoup plus malin que Zemmour, Rioufol et autres, il sait comment passer entre les gouttes. Que Belloubet ne fasse plus le job de Garde des Sceaux, c'est un understatement comme on dit en bon français, mais donner son poste à un provocateur né quand François Molins était disponible, c'est un choix que l'on qualifiera de brutal...

Et Darmanin, enfin, le truand aux deux affaires où il a avoué, dans les deux cas, avoir eu des relations sexuelles avec des femmes qu'il ne connaissait pas avant, qu'il n'a pas revu après, mais pour qui il a écrit une lettre pour l'une (pour effacer une condamnation) et passer un coup de fil pour l'autre (pour obtenir un logement). Encore une fois, peut être sera t'il blanchi des accusations de viol, mais c'est tout sauf une oie blanche. C'est plus qu'un margoulin, c'est une petite ordure qui choisit ses victimes, organise et orchestre leur disqualification en tant que victimes et empli d'un tel sentiment d'impunité qu'il ne voit pas pourquoi ces agissements devraient l'inciter à se mettre dans l'ombre. Au contraire. Alors même que l'enquête était réouverte le 11 juin dernier, il convoquait le JDD pour clamer son envie de Matignon, trépigner comme un beau diable au point qu'on lui offrit Beauvau en lot de consolation...   

Dans une France très passionnée, très clivée, on oppose argument et contre argument avec le même poids. Dans le Monde, les tribunes rappelant les faits sont réduites au même espace que celles qui tartinent des paragraphes creux sur le thème "présomption d'innocence" (pas le sujet) et "stop à la chasse à l'homme" (you cannot be serious). Cette mise dos à dos, égal à égal, profite évidemment à Darmanin qui est certes l'objet d'une haine de certains groupes, mais qui a reçu des témoignages de soutien du Président, du Premier Ministre et de tous ses collègues jusqu'à Schiappa qui a battu le record du monde de couleuvres avalées.

En somme, Griveaux a juste fait le con, mais rien de mal : blacklisté. Dupond a un lourd passif, intronisé. Darmanin a nui, humilié et terrorisé ses victimes, la question de sa promotion à Matignon voire plus haut se pose. Sur ce constat assez désespérant sur le genre humain, je m'en vais boire des coups... 

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