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15/07/2020

Le macronisme est une langue de boeuf aux hormones

D'Orwell à Cécile Alduy en passant par Klemperer et Eric Hazan (et son délectable LQR), nombre d'essayistes ont pointé avec justesse, avec minutie, avec finesse, drame, ironie et distance comment la langue peut tout truander en politique, y compris faire passer les vessies pour des lanternes, le Beaujolais Nouveau pour de la Côte-Rôtie et le programme de Ronald Reagan pour Le Nouveau Monde progressiste. 

Le changement de cap, l'acte II, III, IV - on ne sait plus tant il n'y a jamais d'entracte au théâtre macroniste- a évidemment été accompagné d'un changement de vocabulaire pour que le spectateur-élécteur s'y retrouve. Exit la croissance aveugle, vive la croissance verte, mais pour se démarquer des vilains Khmers Verts d'EELV qui les ont humilié aux municipales, vive "l'écologie du mieux, pas celle du moins", sous-titrée par Castex "la croissance écologique, pas la décroissance verte". En 2016 une loi votée disait précisément "à chaque grand projet d'infrastructure nouveau, il faut respecter le principe ERC : éviter, réduire, compenser. Ne pas faire si ça n'est pas nécéssaire et si ça l'est, veiller d'abord à diminuer et à compenser les impacts sur la biodiversité". Les moratoires sur les centres commerciaux, le non abandon de la Montagne d'Or, l'encouragement au Lyon Turin et moult autres exemples prouvent que ce sain triptyque n'est, hélas, pas respecté. La croissance écologique ne dit rien à l'impérieuse priorité de sobriété. Comme on ne veut pas voir cette réalité au dessus de tous les autres, on renvoie les tenants de la sobriété à un caractère pusillanime et on affole les braves gens avec le mythe du "retour à la bougie". Sarkozy disait déjà la même chose, Madelin, Mathieu Laine aussi.... On peut le tourner dans tous les sens, rien de neuf dans le discours, trop de produits neufs dans les faits.  

Pour l'emploi. Exit les seules baisses de charges pour les jeunes, on vante une relance forte via l'insertion et le service civique pour "faire face à la crise" avec 300 000 contrats. Sur le papier, c'est joli, mais les contrats aidés sont passés de 450 000 à 133 000 en 3 ans. Manque à gagner ? 317 000. Le plan Marshall de crise ne nous ramène même pas au niveau de 2017. Pourrait-on plus nous prendre pour des jambons ? 

Pour la relance, Beria ne maquillerait pas les chiffres avec autant de talent. 100 milliards de relance, 20 milliards d'écologie.... Des chiffres qui incluent les prêts à Air France, à Renault, à Airbus, aux assurances (légitimes, hein) aux secteurs massacrés par la crise. Ça n'est pas une relance, c'est un barrage, une digue. Comme pour la recette du pâté d'alouette, on met un cheval de prêt et une alouette de relance, on appelle ça un plan de relance...

Un référendum pipé (juridiquement, ça ne tient pas) sur l'écocide dans la constitution et on se veut "plus dans la dialogue" quand on continue à mépriser et contourner les syndicats (le Ségur de la Santé ne faisant pas exception) ressortir un commissariat au Plan et on se veut futuriste et souverainiste en laissant Sanofi fermer des usines vitales, en France...  

La langue macroniste n'est même plus une insipide langue de bois, c'est une langue de boeuf, débordante d'OGM, immangeable et mortelle. Plutôt sauter un repas que de continuer à manger ça. 

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