29/07/2020
La justice, le bon combat
En hommage à Gisèle Halimi, hier, France Culture rediffusait une partie de sa plaidoirie du procès de Bobigny lors de laquelle, par un renversement rhétorique parfait, elle demandait ce qui se passerait si 4 hommes devaient détailler leur intimité physique face à quatre femmes, en espérant qu'elles les laissent faire ce qu'ils veulent de leur corps. Nous hurlerions, à raison. L'argument valait un Ippon, un KO technique et une avancée majeure bientôt consacrée par la loi en faveur de l'avortement 3 ans plus tard.
Dans la série The good fight, où l'on suit les vicissitudes d'un cabinet d'avocats américain, un échange entre trois associés las et harassés par des procès ineptes que leur intentent des soutiens de Trump tourne autour du droit. Adrian Boseman, explique à Diane Lockhart et Liz Roddick qu'ils sont dans un pays de lois et qu'il faut sans cesse se référer à la loi, pour l'emporter. Les deux femmes de dire que cela ne suffit plus, quand les lois sont ineptes et d'invoquer ce qu'il y a au dessus de la loi : la justice.
C'est une antienne classique en philosophie morale, que de désobéir pour le bien commun. De Thoreau aux voleurs de chaises qui luttent contre l'évasion fiscale ou aux zadistes, l'histoire des désobéissants du bien est longue et ponctuée heureusement de nombreuses victoires. Entre les deux, Luther King trouvait un mantra pour éclairer celles et ceux qui hésitent à braver la loi et se demandent comment savoir si la cause est juste : « sur certaines prises de positions, la couardise pose la question : est-ce sans danger ? L’opportunisme pose la question « est-ce politique ? », et la vanité les rejoint et pose la question « est-ce populaire ? ». Mais la conscience pose la question « est-ce juste ? ». Et il arrive alors un moment où quelqu’un doit prendre position pour quelque chose qui n’est ni sans danger, ni politique, ni populaire, mais doit le faire parce que sa conscience lui dit que c’est juste ».
Ces lignes de Luther King n'ont pas pris une ride. L'évasion fiscale optimisée est légale, dans sa version du "sandwich hollandais" où l'intégralité des profits d'une multinationale sont placés dans un paradis fiscal légal, spoliant les autres nations... Le mécanisme de succession de Bernard Arnault est légal. Si rien ne change, légalement après avoir pillé le pays, il ne lèguera rien à la France et tout son empire ira à ses enfants, spoliant les hôpitaux, les écoles, les tribunaux et le reste du Commun de quelques dizaines de milliards d'euros... Est-ce juste ? Je laisse à la conscience de chacun.
Gérald Darmanin n'a pas été condamné pour viol. Pour autant, il a reconnu des rapports sexuels avec deux femmes qu'il ne connaissait pas la veille et ne revit jamais mais pour lesquels il écrivit une lettre au Garde des Sceaux pour l'une et plaida la cause d'un logement pour l'autre. Est-ce juste ? Chacun jugera en conscience.
Dans une bataille de feu, contre-feu, on nous enfume avec les mots de la colère mal choisis. Quand le maire de Colombes compare la police française de 2020 à celle de Vichy, il a évidemment raté une occasion de se taire. C'est évident. Lallement n'est pas Papon, les mineurs isolés ne sont pas raflés par milliers grâce au courageux zèle anonyme des voisins... Pour autant, pour autant, pour autant. 65 enquêtes ouvertes pour violences policières, 3 seulement ont abouti. Des preuves qui disparaissent. Des expulsions peu conforme au droit européen. Un lanceur d'alerte sur le racisme dans la police à la carrière finie et à la vie ainsi que celle de ses enfants menacés... Est-ce juste ? Est-ce la conception d'une police Républicaine ? Quand j'entends dire que la police fait un usage proportionné et légitime de la violence, je m'étouffe...
10:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
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